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LE RÔLE ET LA PERSONNALITÉ DE KHROUCHTCHEV

Publié le 27/02/2008

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Texte : article d'A. Fontaine à l'occasion de la mort de Khrouchtchev (Le Monde) «Le destin de Nikita Khrouchtchev pourrait inspirer une belle méditation sur la vanité des gloires de ce monde. Destructeur acharné de la statue d'un autre, il a vu de son vivant détruire en un jour la statue qu'il avait ébauchée de lui-même. S'il était mort il y a dix ans, il aurait eu droit à des obsèques grandioses. De Gaulle, Kennedy, Mao Tsé-toung peut-être, auraient suivi son cercueil, la Pravda et ses soeurs de la diaspora auraient paru encadrées de noir, et la fête de L'Humanité si elle n'avait pas été décommandée, en aurait été tout à coup assombrie. Aujourd'hui, celui qui fut « M. K » est enterré à la sauvette. » « ... Le personnage était hors du commun. D'une merveilleuse exubérance d'abord, dont on n'a toujours pas expliqué comment, dans le glacial empyrée que gouvernait Staline, elle ne lui avait pas coûté la vie. Ses compatriotes lui reprochaient, par ait-il, d'être « mal élevé ». Et il est bien vrai que c'était un rustre qui ne savait pas tenir sa fourchette, faisait preuve lorsqu'il était en colère — et il l'était souvent — d'une prodigieuse grossièreté — personne n'a oublié le soulier sur la table de l'O.N.U. — et connaissait mieux le vieux fonds des proverbes russes et le catéchisme, dont il faisait de fréquentes citations, que les classiques du marxisme-léninisme. (...) La présence d'un vrai prolétaire, pour la première fois de son histoire, à la tête du premier État prolétarien, démontrait, contre le scepticisme ou le pessimisme de beaucoup, la fidélité de cet État à ses origines. » « Si l'on cherche cependant à définir ce qui fut le trait principal de Nikita Khrouchtchev, c'est sans doute l'optimisme qu'il faut retenir. N'est-ce pas cette caractéristique, vertu pour les uns, défaut pour les autres, qui lui conféra l'audace nécessaire pour se lancer dans des entreprises dont les risques eussent découragé d'autres ? Venant après Staline, qui était la méfiance et le scepticisme même, et qui professait envers les hommes, y compris ses proches lieutenants, le mépris le plus cynique, M. « K » renouait avec le parti pris de confiance en l'homme qui animait les premiers communistes. Ne connaissant du capitalisme que les usines et les mines, conformes aux descriptions de Marx et de Dickens, où il avait travaillé dans la Russie d'avant la première guerre mondiale, il ne doutait pas du caractère non seulement inéluctable mais prochain de sa destruction. » Questions : 1 ° Quel fut le « destin » politique de Nikita Khrouchtchev ? 2° Expliquez ce qui, dans la politique intérieure de l'U.R.S.S., peut justifier le terme « optimiste » employé par lfauteur. 3° En quoi l'action de Khrouchtchev sur le plan international a-t-elle modifié l'équilibre mondial ?

« 2e question : Trois thèmes doivent être évoqués : • La décentralisation vise à améliorer le fonctionnement de la vie économique et politique dans un cadre territorial.Elle se traduit par : — La création des sovnarkhozes chargés de contrôler l'exécution du plan à l'échelon régional (thèmes de la mobilitédu travail, de la gestion équilibrée, des investissements productifs). — La réforme des statuts du Parti en 1961 (rotation des cadres, diminution du rôle du Comité Central, remise encause de la stabilité de la Nomenklatura). • La modernisation économique autour de : — L'essor des régions orientales. — L'essor des industries nouvelles (chimie, pétrole, électrométallurgie). — La transformation technique de l'agriculture et la conquête de nouvelles terres (1954, opération Terres Vierges). • La réforme de l'enseignement, comme fondement d'une démocratisation sociale. En quoi ces objectifs sont-ils « optimistes » ? — Khrouchtchev a mésestimé la capacité de blocage des hommes d'appareil, inquiets de voir leurs avantagesmenacés. — Il ne tient pas compte des difficultés inhérentes au système économique soviétique (lourdeur du processus dedécision, hostilité des politiques à l'égard des techniciens, incohérence du système de gestion décentralisé). — Il surestime les capacités de rattrapage économique, notamment celles de l'agriculture.

Son ambition de rivaliseravec la capacité de production américaine se heurte aux goulets d'étranglement traditionnels de l'agriculture russe(climat, transport, stockage, monoculture). 3e question : • Il importe ici de souligner les césures chronologiques de la politique extérieure de Khrouchtchev et de montrer àquelles préoccupations elles correspondent.

Ce n'est qu'à la fin de la réponse que l'on pourra évaluer l'ampleur desmodifications intervenues dans l'équilibre mondial. — 1954-1958 : Début du dégel et renforcement des zones d'influence.

On privilégiera quelques faits : le temps desconférences (1954) et de la réconciliation avec Tito, les premières rencontres avec les dirigeants occidentaux(Londres, 1956).

Tout ceci témoigne d'une normalisation des rapports diplomatiques mais non d'un rapprochement deconceptions (ainsi l'affaire hongroise et la constitution du pacte de Varsovie) : achèvement du glacis. — 1958-1962 : Raidissement diplomatique et résurgence de la guerre froide.

On ne racontera pas les faits mais onsoulignera l'importance de la question allemande dans la stratégie de Khrouchtchev (1958-61), le développementd'une stratégie planétaire (spoutnik et menace de bombardement nucléaire sur les Européens lors de l'affaire deSuez, soutien à Cuba vis-à-vis des U.S.A.

et du Tiers Monde) et la remise en cause de cette stratégie avec l'échecdes Fusées. — 1962-1964 : Le retour à la coexistence pacifique par des gestes symboliques (télétype rouge), mais les vraisprogrès vont échapper à Khrouchtchev. • Quel bilan dresser ? On ne peut parler de modification de l'équilibre intra-européen, mais d'une consolidation desblocs qui permet l'ouverture de relations locales (Évoquer les initiatives françaises et allemandes).

Au niveaumondial, l'U.R.S.S.

a brisé son isolement, développé son influence dans le Tiers Monde par rapport à celle des États-Unis (Amérique Latine, Asie), mais la rupture sino-soviétique conduit à la remise en cause du modèle soviétique àl'intérieur même de son camp.

D'où le paradoxe d'un pays renforcé sur la scène internationale et qui voit les facteursinternes d'affaiblissement s'accroître.. »

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