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Le Roman comique

Publié le 10/04/2013

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Le Roman comique de Scarron a été publié en deux parties, en 1651 et en 1657. Comme il se termine d'une façon plutôt abrupte et qu' il semble inachevé, divers écrivains ont tenté d'y ajouter une suite, mais sans succès. On a dit que le Roman comique décrit la vie de la troupe de Molière, l '« Illustre Théâtre «; mais il pourrait aussi s'agir de celle de Filandre. L'important, à ce sujet, est de savoir que Scarron connaissait particulièrement bien le monde du théâtre et l'existence pour le moins aventureuse des troupes en tournée.

« Le sieur de La Rapinière a pris la troupe sous sa protection et préside à la première représentation de Marianne, de Tristan L'Hermite EXT RAITS Après une représentation, deux comédiennes reviennent en compagnie à leur hôtellerie.

Ragotin s'impose.

Il les suit jusqu'à l'escalier de leur chambre.

L'escalier est trop étroit pour y monter de front.

« La Caverne se mit le dos contre la mu­ raille et monta la première, tirant après soi Ragotin, qui tirait après soi Angélique, qui ne tirait rien et qui riait comme une folle.

Pour nouvelle incommodité, à quatre ou cinq degrés de leur chambre, ils trouvèrent un valet de l'hôte, chargé d'un sac d'avoine d'une pe­ santeur excessive, qui leur dit à grand­ pe ine, tant il était accablé de son far­ deau, qu'ils eussent à descendre parce qu'il ne pouvait pas remonter char­ gé comme il était.

Ragotin voulut répliquer ; le valet jura tout net qu'il laisserait tomber son sac sur eux.

Ils défirent donc avec précipitation ce qu'ils avaient fait fort posément sans que Ragotin voulût encore quitter les mains des comé­ diennes.

Le valet, chargé d'avoine, les pres­ sait étrangement ; ce qui fut cause que Ragotin fit un faux pas qui ne l'eût pas pourtant fait tomber, se tenant comme il fai­ sait aux mains des comédiennes ; mais il s'attira sur le corps de La Caverne, la­ quelle le soutenait davantage que sa fille à cause de l'avantage du lieu.

Elle tomba donc sur lui et lui marcha sur l'estomac et sur le ventre, se donnant de la tête contre celle de sa fille si rudement qu'elles en tom­ bèrent et l'une et l'autre.

La troupe a été invitée à une partie de campagne par un riche bourgeois de la ville.

Ils se préparent à jouer la comédie, mais La Caverne et sa fille Angélique ne sont pas là.

On les cherche et on attend.

Enfin, on ouït une grande rumeur hors de la salle, et presque en même temps on y vit entrer la pauvre La Caverne échevelée, le visage meurtri et sanglant, et criant comme une femme furieuse que l'on avait enlevé sa fille.

A cause des sanglots qui la suffo­ quaient, elle avait tant de peine à parler qu'on en eut beaucoup à apprendre d'elle que des hommes qu'elle ne connaissait point étaient entrés dans le jardin par une porte de derrière, comme elle répétait son rôle avec sa fille ; que l'un d'eux l'avait sai­ sie, auquel elle avait pensé arracher les yeux, voyant que deux autres emmenaient sa fille, que cet homme l'avait mise en l'état où l'on la voyait et s'était remis à cheval et ses compagnons aussi, dont l'un tenait sa fille devant lui.

Elle dit encore qu'elle les avait suivis longtemps criant:« Aux voleurs!» mais que n'étant ouïe de personne, elle se mit si fort à pleurer qu'elle fit pitié à tout le monde.

Toute l'assemblée s'en émut.

Le Destin monta sur un cheval, sur le­ quel Ragotin venait d'arriver du Mans (je ne sais pas au vrai si c'était le même qui l'avait jeté par terre).

Plusieurs jeunes hommes de la compagnie montèrent sur les premiers chevaux qu'ils trouvèrent et coururent après Le Destin qui était déjà bien loin.

» Le « succès » de la pièce fut « déplorable » ; on vit même un joueur de jeu de paume, dont on avait pris les habits, donner im « démesuré coup de raquette à La Rapinière » NOTES DE L'ÉDITEUR «Scarron écrit donc un Roman comique, dont le titre à facettes combine plusieurs indications importantes.

Le comique, c'est tout d'abord ce qui appartient à la catégorie du plaisant, du récréatif, ce qui est destiné à amuser ou à divertir: voilà qui caractérise le ton et l'effet recherché.

C'est aussi ce qui, dans une certaine hiérarchie des genres, s'oppose à l'héroïque, à l'idéalisation visant à recomposer le monde, ce qui se limite à l'observation d'une réalité moyenne : cela vaut pour le genre, la catégorie et le style.

Mais toutes les fois que Scarron emploie manifestement un autre sens: qu'il parle de "personnes comiques", d'une troupe, d'un bagage, d'un habit ou de la vie" comique", il désigne ce qui appartient au monde du théâtre : ainsi est suggéré le contenu de l'ouvrage ; il y sera question des aventures d'une petite compagnie d'acteurs.» Yves Giraud, préface au Roman comique, Flammarion, 1981.

«L'entrée de la troupe dans la ville du Mans, avec sa charrette remplie de malles, de coffres et de toiles peintes, introduit le lecteur dans l'univers magique du théâtre.

On ne pouvait rêver de thème plus apparenté à l'imagination picaresque que celui de comédiens errants, passant aussi facilement d'un endroit à un autre que du rêve à la réalité.

Le théâtre est le lieu du voyage, dans l'espace comme dans l'imaginaire, car il renferme en lui tous les possibles.

Porté sur la scène romanesque, il se dédouble, devient théâtre dans le théâtre, récréation d'une illusion par une autre illusion.

L'époque raffole de ces jeux de miroirs qu'avaient déjà illustrés l'illusion comique de Corneille et le Saint Genest de Rotrou.

le mot dans son roman, il lui donne 1 Gravur e anon ym e, Pari s, 1786 2.

3, 4 .

5 ta ble aux de J.-B.

Coulom , mus ée d e Tessé, L e Man s/ cli ch és mu sées du Man s Le comédien est instable et protéiforme par vocation ; Scarron en fait un être hybride, à la fois héros de roman et acteur aux masques multiples.» Maurice Lever, Le roman français au J7e siècle, Paris, P.U.F.

SCARRON02. »

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