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LE ROMAN DOIT-IL SELON VOUS PRIVILEGIER L'IMAGINATION OU DECRIRE FIDELEMENT LA REALITE ?

Publié le 18/09/2010

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Le roman est un récit en prose, souvent imaginé, où l’auteur cherche soit à éveiller l’intérêt par la peinture des mœurs, l’analyse des caractères et la singularité des aventures, soit à produire une évasion pour le lecteur, à créer un idéal pour faire rêver. Un roman peut-il avoir été écrit dans le but de faire rêver le lecteur ou doit-il impérativement faire preuve de réalité et de vérité ? Mais un roman, après tout, ne contient-il pas toujours une part d’idéalisation bien qu’il soit réaliste ? Nous pourrons dans un premier temps dire que le roman doit être le reflet du réel, et s’opposer à l’idéal. Dans un second temps, nous pourrons faire une antithèse en disant qu’il doit entraîner l’imagination du lecteur, et provoquer le bonheur. Enfin, nous pourrons voir que même si un roman est réaliste, il suscite toujours une part d’imagination.

 

Le roman devrait toujours concerner la réalité. En effet, son contenu ne devrait pas n'être porté que sur l'inspiration du coeur et ce, sans réflexion ni emploi de l'intelligence. Les faits concrets permettent au lecteur de se situer dans le contexte historique et social de l'histoire, et d'analyser plus facilement les personnages et leurs comportements. Si un auteur ne prend pas compte de ces éléments, ils se perd dans son imagination et le roman n'est plus réaliste car, peut-être sans s'en rendre compte parfois, l'auteur embellit les choses, les maquille et les transforme. Le romantisme par exemple, va au contraire du réalisme : au lieu de ne peindre rien d'autre que le réel, les auteurs romantiques prônent leur goût pour les choses vagues, effusives, évasives. Balzac, écrivain français du milieu du XIXème siècle, choisit d'être réaliste pour le début de son roman Le Colonel Chabert. Les premières pages nous dévoilent une scène située dans une étude sombre et assez désordonnée, sale et puante : "cheminée condamnée", "divers morceaux de pains, des triangles de fromage de Brie", "L'odeur de ces comestibles s'amalgamait si bien avec la puanteur du poêle chauffé sans mesure", "cartons jaunis par l'usage", "mobilier crasseux". 

Nous remarquons bien que Balzac ne cherche pas à idéaliser l'image de cette grande pièce non entretenue, mais bien au contraire, à la décrire comme les études de l'époque, où les clercs travaillaient sans se préoccuper d'un quelconque rangement. Ceci ne trompe pas le lecteur, car il sait qu'il peut avoir confiance en ce que dit le texte, et se rendre compte du réalisme de la scène. De nombreux passages du roman sont également réalistes. Mais en revanche, il y a des passages paraissant irréels, impossibles, comme celui où le Colonel Chabert raconte le moment où il a faillit mourir : "Deux officiers russes , des vrais géants, m'attaquèrent à la fois. L'un deux m'appliqua sur la tête un coup de sabre qui (...) m'ouvrit profondément le crâne. Je tombai de cheval. Murat (...) me passa sur le corps, lui et tout son monde, quinze cent hommes (...)". Ce paragraphe décrivant une scène atrocement violente, avec le Colonel Chabert qui paraît mort sans l'être vraiment... Ceci donne l'impression d'avoir été transformé de la réalité. Bien qu'un bon nombre d'auteurs aient choisi le réalisme (Zola, Hugo, Stendhal...), beaucoup d'autres ont choisi le romantisme et l'idéalisme.

 

Le roman a plusieurs facettes : il suit l'évolution d'une conscience, fait vivre des personnages qui donnent l'impression d'avoir réellement existé et représente le monde extérieur. Il peut vouloir guider le lecteur grâce à des faits concrets, ou le faire rêver grâce à l'imagination et l'idéalisme. Ce procédé est constructif car il fait renaître des souvenirs, ou aide à créer quelque chose. L'imagination est une évasion aussi bien pour le lecteur que pour l'auteur. L'auteur imagine, dessine la fiction qu'il veut et le lecteur lit et l'illustre à sa guise. Elle permet d'échapper aux malheurs de la vie, et de s'évader. L'oeuvre de Jules Verne Le Château des Carpates est un roman fantastique. Il raconte l’histoire d’un château étant soi-disant hanté, et d’un jeune forestier (Nic Deck) et du docteur Patak qui s’y rendent en reconnaissance. Ils sont victimes de phénomènes surnaturels, et de présences étranges, comme dans ce passage : « il vit (…) des formes étranges, éclairées d’une lumière spectrale (…) On eût dit des espèces de monstres, dragons (…) Puis, tout (…) parut être en mouvement sur le plateau d’Orgall, les roches, les arbres se dressaient à sa lisière(…) Soudain, des rugissements (…) Puis une clarté jaillit du donjon central, (…) intense, (…) d’où sortent des éclats d’une pénétrante vivacité (…) le forestier et lui ont prit un aspect cadavérique, figure blafarde, yeux éteints(…) «. Ce paragraphe est fantastique donc naturel et étrange s’y mêlent au point que le lecteur hésite entre une explication rationnelle et une explication surnaturelle des événements. Ce texte est directement tiré de l’imagination de l’auteur et entraîne par conséquent le lecteur à l’illustrer comme bon lui semble.

L’utopie est la représentation d’une réalité idéale et sans défaut. L’idéalisation et l’utopie provoquent un certain bonheur chez le lecteur, une certaine satisfaction dans le sens où il est libre d’imaginer comme il le veut les actions et descriptions qu’il lit. Une utopie est le reflet d’une vie pleine de bonheur, sans problèmes, le lecteur ne peut donc que se sentir bien lorsqu’il se l’imagine. Un extrait du roman Utopie de Thomas More décrit une cité idéale, où les maisons sont toutes construites de la même façon, ouvertes à tous, et qui changent d’habitants tous les dix ans. Il y règne une ambiance amicale et joviale, tout le monde prend grand soin de son jardin, et les gens sont heureux. Cet extrait procure une certaine satisfaction pour le lecteur, et un certain contentement car une ville comme celle-ci est une sorte de paradis et l’imaginer permet d’oublier les problèmes du monde d’aujourd’hui. Quelque part, l’imagination de l’auteur est toujours suscitée lors de l’écriture d’un de ses romans, par conséquent celle du lecteur le sera aussi et nous pouvons donc dire que l’imagination est toujours utilisée lorsqu’il est question d’un roman.

 

Nous pourrions même dire qu’un roman réaliste engendre quand même l’imagination de l’auteur qui l’écrit. En effet, même un auteur se basant sur des faits concrets se sert de son imagination, peut-être sans s’en rendre compte parfois. Même pour décrire un personnage de l’histoire ayant vraiment existé, il dépend de la vision de l’auteur lui-même : si cet auteur a jugé la personne comme merveilleusement belle, il la décrira forcément de façon à ce que pour le lecteur, ce soit une évidence que cette personne soit délicieuse, alors que la véritable personne n’était peut-être pas exactement la même. D’Artagnan par exemple, a réellement existé. Mais il n’existe de lui qu’un portrait dont l’authenticité n’est pas garantie, et des mémoires où le vrai se mêle au faux, parus en 1700, c'est-à-dire 27 ans après sa mort. Or, dans le roman d’Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires, les faits historiques sont transformés, laissant place à un d’Artagnan différent de celui qui a existé durant le XVIIème siècle. Comme l’existence de ce personnage historique n’a pas toujours été évidente, Alexandre Dumas a utilisé son imagination, comme pour lui deviner une existence.

Dans un roman, l’imagination du lecteur est également engendrée voire même privilégiée car lire nous entraîne à illustrer l’action. Notre imagination nous sert à dessiner les visages des personnages décrits, à entendre les voix des dialogues, ou encore à voir les faits et gestes des personnages et tout ça, à notre façon. Le roman Le Château des Carpates de Jules Verne est fantastique mais d’après l’auteur, il n’est que romanesque. Romanesque tient du roman, et possède un contenu merveilleux, opposé au réel. En effet, ce roman dévoile une histoire invraisemblable, avec des apparitions et des événements surnaturels : ce qui permet au lecteur de rêver, de s’envoler dans l’imaginaire et ceci est appréciable. Il peut être agréable de penser à d’autres choses, et de lire des récits fantastiques voire parfois extraordinaires. Le fait de penser à des choses qui n’existent pas ou qui ne peuvent pas être prouvées par la science aide à s’évader. L’imagination est un moyen de créer le bonheur, de par le fait de posséder des plaisirs inaccessibles avec l’esprit, ou bien parce qu’elle crée un idéal. Un roman fantastique, ou bien romantique tient de l’imaginaire et l’imaginaire détient ses nombreux avantages.

 

Finalement, nous pouvons conclure de ces considérations qu’un roman peut être réaliste, car il est libre à tout le monde de préférer être fixé par des faits réels, le contexte historique etc, ou qu’il peut être basé sur l’imagination, l’idéal et l’utopie, afin de faire rêver les lecteurs et de les laisser illustrer leur lecture comme ils l’entendent. Mais après réflexion, nous pouvons dire qu’un roman ayant une part de réalisme suscite toujours l’imagination car même si l’auteur se base sur un fait réel, dans un récit il est fréquent d’idéaliser les choses. Nous pouvons donc répondre à la question « Le roman doit-il selon vous privilégier l’imagination ou décrire fidèlement la réalité ? « par : étant donné que l’imagination est de toute façon suscitée dans un roman, il fait dans la plupart des cas les deux en même temps.

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