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Le romantisme de Lamartine.

Publié le 23/03/2011

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lamartine

   Matière. — Victor Hugo disait de Lamartine qu'il était « le dernier des classiques «. Gomment pouvait-il l'entendre ? Mettriez-vous Lamartine en dehors du romantisme ?

lamartine

« sous l'influence de Parny.

Lamartine est un mâle, qui a beaucoup fait pleurer les femmes, et pas en leur donnant ses vers à lire seulement.

Avant de s'attendrir sur elle, en strophes immortelles, quand il l'eut perdue, il a inspiré des plaintes à Elvire, dont les lettres ne sont qu'un long cri : Est-ce vous, Alphonse, est-ce bien vous que je viens de serrer dans mes bras, et qui m'êtes échappé comme le bonheur échappe?...

Ce n'était donc pas lui le plus malheureux, s'il le fut après, pour être transformé par l'épreuve.

Tous ses peintres sont d'accord, qui nous le montrent cavalcadant, entouré de ses lévriers, grand gentilhomme campagnard d'allure soldatesque, avec son air de s'élancer, la voix sonore : plus Jort que je ne voudrais le dire, écrira même curieusement Madame de Lamartine, inquiète de cette puissance.

Un cygne, comme le voient plusieurs; mais d'autres, plus exactement, le compa­ reront à un aigle.

Sainte-Beuve lui prête la force d'un torrent et d'un ouragan dans ses jours de grande action populaire.

La foule est femme.

Elle aime les grandes voix, elle est sensible à leur prestige.

L'aventure politique de Lamartine reste un profond sujet d'étonnement pour l'historien naïf qui souffre mal que le destin des nations dépende uniquement de l'éloquence.

On peut craindre que les succès prodigieux du poète à la tribune de la Chambre, quand il prêtait son souffle irrésistible, sa chaleur, son don des images, à l'opposition sous Louis-Philippe, n'aient été dus principalement à la sonorité de ses formules plus séduisantes que solides.

Il était peut-être dans la fatalité des choses que la monarchie bourgeoise de Juillet s'écroulât, mais il n'était pas raisonnable de le souhaiter; et Lamartine aura tout fait pour rendre inévitable cette chute.

La Révolution, dont le poète avait cru pouvoir prendre la tête pour la conduire dans les jardins idéaux de la République de ses rêves, s'est soustraite à lui et l'a dépassé, pour aboutir aux sanglantes journées de Juin, où sa précaire popularité s'est perdue.

Il avait même annoncé le péril napoléonien, et cependant c'est lui qui, en demandant que le Président fût désigné direc­ tement par le suffrage universel, fit envoyer Louis-Bonaparte à l'Elysée par cinq millions de voix, quand lui, Lamartine, la veille encore élu par dix départements, n'en obtenait pas dix mille.

II prit en sage, au moment même, son échec.

La popularité, qui m'avait entouré sans cause, s'est retirée de moi sans motif.

Mais non, on distingue très bien le motif.

Lamartine avait suscité trop d'illu­ sions, et a déçu d'autant, n'ayant pas réussi, voilà tout.

Cependant, au milieu des événements, son attitude a été belle, et non sans courage, jusque devant les barricades.

Il reste symboliquement l'homme qui a fait reculer le drapeau rouge, sans violence, et par le seul pouvoir d'une belle phrase sur la grandeur du drapeau tricolore qui avait fait le tour du monde.

Dans cette collection d'images à sa gloire, Lamartine apparaît plus beau vaincu que triom­ phant.

Abandonné de ceux qui l'avaient aimé, ayant cru en lui, il mettra vingt ans à mourir, rendu malgré soi aux lettres qu'il avait méprisées pour de vaines ambitions politiques.

Il avait deux ou trois millions de dettes.

Il refusa de les faire payer par le gouvernement de Napoléon III, qui lui offrait la présidence du Sénat.

L'auteur des Méditations préféra payer de sa plume, et il la vendit aux libraires.

Ainsi Lamartine finif en d'obscures et de harcelantes besognes, comme l'inutile Histoire de la Turquie ou des Constituants.

Grand fleuve qui se perd dans les sables- mais non sans avoir fait reverdir, çà et là, à l'extrémité de sa course, quelques îles encore éclatantes.

Arrangeant dans les Corifidences l'histoire de sa vie, il y a inséré l'épisode charmant de Graziella, d'une exactitude assez discutable, après que plus de trente années eurent passé sur l'idylle qui en avait été le prétexte, dans la baie de Naples.

Le poète avait dû céder à la prose.

Elle est sublime encore, par moments, dans certaines études du Cours familier de littérature, dont la plus belle assurément, par l'ampleur de la phrase, la divination critique et l'intelligence du cœur, est l'Entretien, resté célèbre, où Lamartine du jour au lendemain amenait à la gloire la jeune Mireille de Mistral.

Une fois où la prose manquait, le poète remplit l'un des fascicules de ce cours d'un dernier poème, et c'est à n'en pas douter son chef-d'œuvre : la Vigne et la Maison, où, à l'extrémité d'une vie, sur le seuil d'une demeure vide de tous ceux qu'on y a aimés, se répondent les voix du souvenir et de la fidélité, l'éternelle interrogation adressée à un Dieu muet demeuré présent dans l'inépuisable espérance, en dépit de toute raison, d'un retour et d'une réunion consolatrice au foyer qui n'a plus d'absent.

On avait cela dans le cœur et quelqu'un l'aura dit pour vous, tristement, magnifiquement, jusqu'à rendre possible l'incroyable.

La poésie, en somme, c'est cela.

6s. »

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