Devoir de Philosophie

Rousseau et l'histoire

Publié le 08/05/2005

Extrait du document

rousseau
Pour connaître les hommes, il faut les voir agir. Dans le monde on les entend parler; ils montrent leurs discours et cachent leurs actions: mais dans l'histoire elles sont dévoilées, et on les juge sur les faits. Leurs propos mêmes aident à les apprécier; car, comparant ce qu'ils font à ce qu'ils disent, on voit à la fois ce qu'ils sont et ce qu'ils veulent paraître : plus ils se déguisent, mieux on les connaît. Malheureusement cette étude a ses dangers, ses inconvénients de plus d'une espèce. Il est difficile de se mettre dans un point de vue' d'où l'on puisse juger ses semblables avec équité. Un des grands vices de l'histoire est qu'elle peint beaucoup plus les hommes par leurs mauvais côtés que par les bons ; comme elle n'est intéressante que par les révolutions, les catastrophes, tant qu'un peuple croît et prospère dans le calme d'un paisible gouvernement, elle n'en dit rien ; elle ne commence à en parler que quand, ne pouvant plus se suffire à lui-même, il prend part aux affaires de ses voisins, ou les laisse prendre part aux siennes; elle ne l'illustre que quand il est déjà sur son déclin : toutes nos histoires commencent où elles devraient finir. ROUSSEAU

On ne s'intéresse à l'histoire des hommes que lorsqu'elle est mouvementée, convulsive: on ne connaît ainsi de l'histoire que ses moments tragiques, comme si elle se résumait aux guerres que se font les hommes. L'histoire nous donne une image faussée de la méchanceté de l'homme.

rousseau

« entre être et paraître «explique seule tous les vices des hommes et tous les maux de la société », écritRousseau dans l'une de ses Lettres. b.

«Il est difficile de se mettre dans un point de vue d'où l'on puisse juger ses semblables avec équité »Il est difficile de porter un jugement juste sur les actions de nos semblables parce que l'histoire ne met enlumière que les aspects sombres des actions humaines, principalement les violences de toutes sortes, lesoppressions, les usurpations, les guerres.

D'ailleurs, même lorsque, avec la constitution de l'État, dernièreétape de l'humanité, les violences et les brigandages sont réprimés, la guerre proprement dite, menée par lesgouvernants, continue de ravager l'humanité.

Les routes de l'histoire sont des routes «oubliées et perduesqui de l'état naturel ont dû mener l'homme à l'état civil », écrit Rousseau.

L'histoire, telle qu'on l'écrit, estdonc à la fois séduisante et trompeuse, mais elle est surtout sans réalité, sans valeur, car on ne peut pasembrasser toutes «ces routes perdues et oubliées» et, donc, on ne peut pas juger justement sessemblables. c.

« Un des grands vices de l'histoire est qu'elle peint beaucoup plus les hommes par leurs mauvais côtésque par les bons »L'histoire commence avec la temporalité, lorsque l'homme sort de l'état de nature et s'associe avec lesautres pour devenir un être social, civilisé.

C'est la raison qui a mené l'homme de cet état de nature à l'étatcivil actuel où règnent les inégalités.

L'homme de l'état de nature n'est pas un être réel : l'état de nature, s'ila existé, est à jamais inconnaissable.

On ne peut qu'imaginer cet état.

L'homme à l'état de nature n'a pasd'histoire, mais il est dans la nature de l'homme d'être en puissance sa propre histoire, sa perfectibilité.Le grand défaut de l'histoire c'est de n'éclairer que les aspects négatifs des hommes.

Elle est l'histoire dumal, du mensonge de l'apparence sociale.

L'histoire de l'origine de la société relate le conflit inévitable entrela civilisation et la nature.

S'il est vrai que l'histoire ne peut rien montrer de l'homme bon non encore civilisé,puisqu'on ne possède aucune trace de cet état antérieur à toute civilisation, il est vrai aussi que l'histoireoublie la bonté originelle de l'homme.« Nos histoires commencent où elles devraient finir », c'est-à-dire que l'historien n'éclaire et n'étudie que lespériodes tragiques, révolutionnaires, des civilisations, alors que l'histoire de l'homme est aussi celle de sonessor, de sa perfectibilité.

N'oublions pas que Rousseau est un philosophe du siècle des Lumières, et qu'auxviiie siècle on pense fermement que l'homme, grâce à l'éducation, va progresser moralement.

Ce n'est passur le côté noir de nos histoires qu'il faudrait s'attarder, mais sur cette possibilité de se perfectionner. QUESTION 3 • L'histoire nous conduit-elle à désespérer des hommes ?Si nous étudions l'histoire comme le fait Rousseau, nous constatons que l'histoire a suivi un cours violent,que l'inégalité s'est aggravée, mais nous constatons aussi que le retour à l'état de nature est impossible.L'homme que nous étudions est un être toujours civilisé, un être qui appartient à une civilisation, qui vit ensociété.

La question de savoir si l'histoire nous conduit à désespérer des hommes, nous interroge sur notrevision du monde et de la conduite des hommes : devons-nous perdre espoir, perdre confiance, nousdécourager, et envisager l'avenir pire qu'il n'est aujourd'hui ? Y a-t-il au contraire possibilité d'un progrès ?Se pose ici le problème du sens et de la valeur de l'histoire.Spontanément, si nous n'auscultons que notre siècle, nous répondrons que les massacres de la PremièreGuerre mondiale, ceux de la Deuxième Guerre mondiale, la Shoah – extermination programmée des Juifs –, laguerre d'Algérie, du Viêt-nam, les multiples guerres de la fin du xxe siècle, les essais nucléaires intempestifs,la déforestation, l'exploitation des enfants, etc., ne conduisent pas à espérer en l'homme.

L'histoire sembleplutôt s'accélérer dangereusement, au détriment de l'humanité dont on pourrait même penser qu'elle sesuicide.«Il n'y a pas de leçons de l'histoire », disait Hegel.

Négativement, cela signifie que l'homme reproduit lesmêmes erreurs ; mais positivement, ne peut-on pas espérer que, justement, le pire n'est jamais sûr ? • Dans cette question, après avoir exposé les enjeux, choisissez de défendre clairement une position :– Vous êtes plutôt rousseauiste ? L'homme entre dans l'histoire par sa raison, et la conscience réconciliesensibilité et rationalité.

Rousseau pense qu'en accordant ce qu'on dit et ce qu'on fait par le coeur, qu'enéduquant l'homme et le citoyen, on peut supprimer les inégalités.

La liberté, cet écart essentiel entrel'homme et l'animal, est la condition de possibilité de sa perfectibilité et de sa moralité.

Il est possible devivre en paix et heureux.– Par contre, vous partagez davantage la vision de Hobbes ? Si l'on adhère à la pensée de Hobbes pour quiles hommes sont par essence mauvais – «L'homme est un loup pour l'homme » –, l'histoire humaine est unehistoire «pleine de bruits et de fureur» (Shakespeare), racontée par un fou à des insensés.Vous pensez comme Marx que l'histoire est l'histoire de l'oppression qu'exerce une classe sociale sur lesautres ? La fin de l'histoire sera radieuse lorsque toutes les classes sociales seront abolies et que personnen'exploitera plus personne.Quel que soit votre choix, développez votre pensée en vous référant à des exemples concrets.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles