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Le sadisme est-il une doctrine morale ?

Publié le 23/02/2004

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morale
  a.       Le sadisme se veut une pensée non doctrinaire   En revanche, répondrons-nous également par la négative si nous étudions le sadisme philosophique ? Ce sera effectivement le cas dans un premier temps, puisqu'il parait entièrement paradoxal, contradictoire, de faire du sadisme philosophique une doctrine aussi bien qu'une doctrine morale. En effet, la pensée de Sade se veut absolument non doctrinaire, c'est-à-dire qu'elle se présente comme une pensée qui assume d'être emplie de contradictions, de propositions divergentes, incompatibles entre elles. C'est notamment la forme romanesque qui est responsable d'un tel ondoiement de la pensée de Sade : dans Aline et Valcour, nous pouvons lire cette note de bas de page absolument fondamentale pour  comprendre la spécificité du sadisme philosophique :   « Quelques lecteurs vont dire : « Voilà une bonne contradiction ; on a écrit quelque part avant ceci qu'il ne fallait pas changer souvent les ministres de place : ici l'on dit tout le contraire ». Mais ces vétilleux lecteurs veulent-ils bien nous permettre de leur faire observer que ce recueil épistolaire n'est point un traité de morale dont toutes les parties doivent se correspondre et se lier ; formé par différentes personnes, ce recueil offre, dans chaque lettre, le façon de penser de celui qui écrit ; ou des personnes que voit cet écrivain, et dont il rend les idées : ainsi, au lieu de s'attacher à démêler des contradictions ou des redites, choses inévitables dans une pareille collection, il faut que le lecteur, plus sage, s'amuse ou s'occupe des différents systèmes présentés pour ou contre, et qu'il adopte ceux  qui favorisent le mieux, ou ses idées, ou ses penchants »[1].   Le sadisme philosophique est contraire à l'idée même de doctrine, c'est-à-dire de pensée systémique, cohérente, dont les propositions sont déductibles les unes des autres, compatibles entre elles. Le sadisme est non doctrinaire, car il préfigure la critique Nietzschéenne de l'idée de vérité et sa place fondamentale dans la pensée philosophique (qu'on se reporte à la partie I de Par delà bien et mal : Des préjugés des philosophes) et la remplace par la notion de penchant.   b.      Le sadisme est un bréviaire de l'immoralisme   Il parait également tout à fait contradictoire de faire du sadisme une pensée morale, dans la mesure où aucune oeuvre plus que la sienne n'a été taxée d'immoralisme.
morale

« II.

Le sadisme philosophique, une machine de guerre contre toute forme de doctrine morale ? a.

Le sadisme se veut une pensée non doctrinaire En revanche, répondrons-nous également par la négative si nous étudions le sadisme philosophique ? Ce seraeffectivement le cas dans un premier temps, puisqu'il parait entièrement paradoxal, contradictoire, de faire dusadisme philosophique une doctrine aussi bien qu'une doctrine morale.

En effet, la pensée de Sade se veutabsolument non doctrinaire, c'est-à-dire qu'elle se présente comme une pensée qui assume d'être emplie decontradictions, de propositions divergentes, incompatibles entre elles.

C'est notamment la forme romanesque qui estresponsable d'un tel ondoiement de la pensée de Sade : dans Aline et Valcour, nous pouvons lire cette note de basde page absolument fondamentale pour comprendre la spécificité du sadisme philosophique : « Quelques lecteurs vont dire : « Voilà une bonne contradiction ; on a écrit quelque part avant ceci qu'il nefallait pas changer souvent les ministres de place : ici l'on dit tout le contraire ».

Mais ces vétilleux lecteursveulent-ils bien nous permettre de leur faire observer que ce recueil épistolaire n'est point un traité de moraledont toutes les parties doivent se correspondre et se lier ; formé par différentes personnes, ce recueil offre,dans chaque lettre, le façon de penser de celui qui écrit ; ou des personnes que voit cet écrivain, et dont ilrend les idées : ainsi, au lieu de s'attacher à démêler des contradictions ou des redites, choses inévitablesdans une pareille collection, il faut que le lecteur, plus sage, s'amuse ou s'occupe des différents systèmesprésentés pour ou contre, et qu'il adopte ceux qui favorisent le mieux, ou ses idées, ou ses penchants » [1]. Le sadisme philosophique est contraire à l'idée même de doctrine, c'est-à-dire de pensée systémique, cohérente,dont les propositions sont déductibles les unes des autres, compatibles entre elles.

Le sadisme est non doctrinaire,car il préfigure la critique Nietzschéenne de l'idée de vérité et sa place fondamentale dans la pensée philosophique(qu'on se reporte à la partie I de Par delà bien et mal : Des préjugés des philosophes ) et la remplace par la notion de penchant.

b.

Le sadisme est un bréviaire de l'immoralisme Il parait également tout à fait contradictoire de faire du sadisme une pensée morale, dans la mesure où aucuneœuvre plus que la sienne n'a été taxée d'immoralisme.

Moral, le sadisme est absolument l'inverse : il présente desindividus dont les actions ne sont réglées par aucune considération de la dignité de la personne humaine.

Si Kantdéfinira après Sade des impératifs catégoriques et des impératifs hypothétiques, proposant une définition de l'actionmorale comme action qui prend autrui comme fin et non pas seulement comme moyen, Sade détruit dans son œuvrela possibilité de telles thèses.

Pour lui, la morale étant absolument locale, relative à des lieux et à des époques, il n'ya pas lieu de régler son agir sur une autre règle que celle de l'intérêt privé.

Ceci apparait notamment dans l'extraitsuivant : « On appelle crime, toute contravention formelle, soit fortuite, soit préméditée, à ce que les hommesappellent les lois ; d'où, tu vois que voilà encore un mot arbitraire et insignifiant ; car, les lois sont relativesaux mœurs, aux climats, elles varient de deux cent lieues, en deux cent lieues, de manière, qu'avec unvaisseau, ou des chevaux de poste, je peux me trouver, pour la même action, coupable de mort le dimanchematin à Paris, et digne de louanges, le samedi de la même semaine, sur les frontières d'Asie, ou sur les côtesd'Afrique.

Cette complète absurdité a ramené le philosophe aux principes suivants : 1.

Que toutes nos actions sont indifférentes en elles mêmes ; qu'elles ne sont ni bonnes, ni mauvaises, et que si l'homme les qualifie quelquefois ainsi, c'est uniquement en raison des lois qu'il adopte, ou dugouvernement sous lequel il vit, mais, qu'à ne considérer que la nature, toutes nos actions sont parfaitementégales entre eux. 2.

Que si nous ressentons au-dedans de nous-mêmes un murmure involontaire qui lutte contre les mauvaisesactions projetées par nous, cette voix n'est absolument l'effet, que de nos préjugés, ou de notre éducation,et qu'elle se trouverait bien différente, si nous étions nés dans un autre climat. 3.

Que, si en changeant de pays, nous ne parvenions pas à perdre cette inspiration, cela ne prouverait rien pour sa bonté, mais seulement, que les premières impressions reçues ne s'effacent que difficilement.. »

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