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Sait-on toujours ce que l'on dit ?

Publié le 23/03/2004

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Qui parle en nous, est-ce notre moi ou la société qui véhicule ses valeurs et sa vision du monde ? Et si ce n’était pas nous... mais les autres, ne serions-nous pas défaits de notre pensée, voire de notre agir ? D’où la question suivante sait-on toujours ce que l’on dit ? Le « toujours « indique ici le caractère absolu, sait-on absolument ce que l’on dit, le savoir que nous avons, nous autorise-t-il à affirmer fermement que nous savons tout ce que nous disons ?

Nous verrons dans un premier temps que nous avons de bonne raison de croire que nous savons ce que nous disons, dans un deuxième temps nous verrons qu’il y a aussi de forts arguments d’en douter et enfin faudra-t-il le reconnaître, il existe des limites inhérentes au langage même à exprimer ce que l’on prétend savoir, et penser.

 

Il s'agit d'approfondir philosophiquement une expression issue de l'usage courant du langage et surtout le double sens dans lequel elle est employée. On répliquera ainsi « je sais quand même ce que je dis « à celui qui met en doute la teneur de nos propos; mais on s'excusera parfois d'une parole trop vive en prétendant que nous « ne savions pas ce que nous disions «. On pourra enfin demander à celui qui prononce une parole irréfléchie: « sais-tu bien ce que tu dis ? «.

« 4 L'argument de la connaissance du mensonge .

On sait lorsqu'on ment .

Pensez à l'utilisation dissimulatrice de la parole du Prince chez Machiavel La parole du Prince.

Le point est de bien jouer son rôle, et de savoir à propos feindre et dissimuler.

Et les hommes sont si simples et si faibles que celui qui veut tromper trouve aisémentdes dupes.

Il n'est donc pas nécessaire à un prince d'avoir toutes les bonnes qualités ; mais il lui est indispensablede paraître les avoir, on pourrait même dire qu'il est quelquefois dangereux d'en faire usage, quoiqu'il soit toujoursutile de paraître les posséder.

Un prince doit s'efforcer de se faire une réputation de bonté, de clémence, de piété,de loyauté, et de justice il doit d'ailleurs avoir toutes ces bonnes qualités, mais rester assez maître de soi pour endéployer de contraires, lorsque cela est expédient.

En un mot, il doit savoir persévérer dans le bien, lorsqu'il n'ytrouve aucun inconvénient, et s'en détourner lorsque les circonstances l'exigent.

Il doit surtout s'étudier à ne riendire qui ne respire la bonté, la justice, la civilité, la bonne foi et la piété ; mais cette dernière qualité est celle qu'il lui importe le plus de paraître posséder, parce que les hommes en général jugent plus par leurs yeux que par leursmains.

Tout homme peut voir mais très peu d'hommes savent toucher.

Chacun voit aisément ce qu'on paraît être,mais presque personne n'identifie ce qu'on est ; et ce petit nombre d'esprits pénétrants n'ose pas contredire la multitude, qui a pour bouclier la majesté de l'Etat. 2 les raisons d'en douter -1 Le caractère de convention du langage fait que lorsque nous parlons, ce n'est pas nous qui parlons maisla société qui parle en nou s, pensez à l'opinion commune le « on » de Heidegger , les préjugès , l'héritage social qui parlent en nous.

Toutes ces formes de déterminismes sont des obstacles à la véritable prise de conscience, de savoir de ce que nous disons.

Mais pensez à l'hypocrisie des relation sociales, notamment à ladescription du théatre de Molière qui est une critique de la société bourgeoisie et ridicule, pense aussi au Fable de la Fontaine, critique acerbe de la mystification des grands par rapport au petit, et surtout la description de Pascal des passions sociales, de l'hypocrisie de la relation amoureuse .

D'ailleurs , les habitudes sont un frein à une véritable prise de conscience de nos paroles,la plupart des mots sont prononcés habituellement, sans véritable portéeconsciente, ou réflexive, ils sont plus du coté du réflexe que de la penséeconsciente. Russel dans sa théorie des descriptions montre que la dénomination d'un nom propre est l'objet qu'il nomme.

Pourtant la plupart dutemps nous employons des descriptions sans les avoir préalablement pensé,elles sont données par notre culture, notre société, bref elles sont devenuesdes opinions.Notre langue est remplies de ces expressions descriptives, ellesne sont certes que des symboles incomplets mais montre bien que la plupartdu temps, nous connaissance beaucoup d'objets, non par connaissancedirecte, par savoir, mais par description comme par exemple le centre degravité du soleil.

-2 Une part non négligeable d'insconscience fait que la plupart des mots que nous prononçons sont le résultat de structure inconsciente, qui nous échappede sorte que l'on ne sait pas toujours ce que l'on dit.

Pensez au lapsus : Analyse du lapsus chez Freud. -3 Nous ne désignons pas la même réalité. On ne sait pas toujours ce que l'on dit, le savoir est certes du coté de la pensée , le dire du coté du langage,le problème c'est que l'on ne sait pas toujours ce que l'on désigne , et si ce que l'on désigne est la même réalité que celle de notre ami.

Le problème est plus fondamental car c'est un problème de sens. On peut toujours se mettre d'accord sur l'utilisation de la grammaire, mais la réalité , notre interprétation de la réalité peut différer entre deuxpersonnes.

C'est de ce constat que part Wittgenstein pour montrer dans ses Investigations philosophiques que l'analyse est insatisfaisante à décrire toute la réalité , de sorte que par exemple, pour un échiquier, une personnepeut considérer que l'échiquier est divisé en 32 blanches et autant de noires, et l'autre peut très bien considérerque l'échiquier est divisé en blanc et noir plus une grille.

Si le « on » désigne toute la collectivité, il est évident qu'ilexiste de nombreuses interprétations différentes de cette réalité, que le « on » est indéterminé.

Wittgenstein enconclut que l'idéal d'exactitude entre la pensée et le langage , entre le signifiant et le signifié doit être relativisé.Lorsque je dis à quelqu'un : « attendez-moi à peu près ici », cette explication peut ne pas fonctionnerparfaitement.

Ce genre d'explication peurt manquer son but. 4- Si le lien entre les mots et les choses est arbitraire, sait-on toujours ce que l'on dit ? Selon Emile Benveniste, dans Problèmes de linguistique générale (1966) La pluralité des langues indique le caractère arbitraire de toute désignation: rien n'oblige à désigner un cheval plutôt par le mot « cheval» que par le mot « horse».

Comme le montrait déjà Platon dans le Cratyle , il n'a pas de ressemblance naturelle entre les mots et les choses.

Le caractère arbitraire réside, selon Benveniste , précisément dans la désignation, dans le « lien » qui unit un mot à l'objet désigné Par cette affirmation, il s'oppose à E de Saussure pour qui l'arbitraire, l'un des caractèresdu signe porte sur le lien qui unit, à l'intérieur du signe, signifiant et signfié.

Le problème métaphysique de l'accord entre l'esprit et le monde , problème que le linguiste sera peut-être un jour en mesure d'aborder avec fruit, mais qu'il fera mieux pour l'instant de délaisser.

Certes, pour le sujet parlant, il y a entre la langue et la réalitéadéquation complète: le signe recouvre et commande la réalité; mieux, il est cette réalité (nomen omen, tabous de parole, pouvoir magique du verbe,.

Mais il n'en demeure pas moins qu'à vrai dire, le point de vue du sujet et celui dulinguiste sont si différents à cet égard que l'affirmation du linguiste quant à l'arbitraire des désignations ne réfutepas le sentiment contraire du sujet parlant.

Nous retrouvons donc la définition et les caractères valables pour tout. »

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