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Saladin

Publié le 27/02/2008

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Salàh Ad-Dïn, le Saladin  de l'historiographie européenne, fut l'un des souverains les plus illustres de l'Orient musulman médiéval. Au moment où il se formait à la vie, la situation, dans le Proche-Orient, était la suivante. Les Croisés de la Première Croisade avaient fondé, sur la côte syro-palestinienne, avec un arrière-pays plus ou moins profond, le Royaume de Jérusalem, le Comté de Tripoli, la Principauté d'Antioche, enfin le Comté d'Édesse, ensemble d'États que nous appelons usuellement l'Orient Latin, mais dont les Orientaux désignaient communément les occupants sous le nom global de Francs. Le Califat de Bagdad, de la dynastie abbasside, n'avait de pouvoir que local ; il avait reconnu au XIe siècle la réalité du pouvoir au Sultanat turc de la dynastie seldjouqide, qui avait occupé presque toute l'Asie musulmane, mais, au XIIe siècle, s'était à son tour morcelé et affaibli. L'Égypte, cependant, appartenait depuis la fin du Xe siècle au Califat rival des Fatimides, considéré par les musulmans d'obédience abbasside (les sunnites ) comme hérétique, non seulement en raison du schisme politique, mais parce qu'il reposait officiellement sur une doctrine spéciale, l'ismaïlisme. Le morcellement politique et les conflits religieux communs à tout le Proche-Orient expliquent pour une bonne part la relative facilité de l'établissement " franc ", réalisé par quelques milliers d'hommes seulement. Habitué aux attaques des Byzantins de Constantinople, habitué aussi à la cohabitation d'une mosaïque de peuples et de sectes, le Proche-Orient musulman n'avait pas attaché d'abord de gravité particulière à cette occupation. Cependant, lorsqu'il s'avéra que les Francs étaient moins faciles à assimiler que leurs prédécesseurs et que leur attitude reposait sur une intransigeance religieuse périodiquement renforcée par les apports occidentaux, une part croissante de l'opinion musulmane réclama une action énergique pour combattre l'adversaire chrétien. La dynastie fondée, à Mossoul et Alep à la fois, par Zenghi s'était déjà distinguée dans ce combat en détruisant le comté d'Édesse. Le fils de Zenghi, Noûr ad-dîn, maître d'Alep et pratiquement suzerain de ses parents de Mossoul, avait insisté sur la nécessité, pour la " Guerre Sainte ", de l'union des musulmans par la résorption du morcellement politique et la lutte contre l'hérésie. Il avait réalisé à son profit l'unité de toute la Syrie-Palestine musulmane, étendu son influence sur une partie de la Haute-Mésopotamie et de l'Asie Mineure centrale, et finalement, par suite des luttes intestines où sombrait la dynastie fatimide d'Égypte, envoyé là des troupes qui, victorieuses des Francs appelés par un parti, entamaient le rattachement de ce pays, par derrière l'Orient Latin, à l'ensemble politico-religieux du Proche Orient musulman sunnite. Noûr ad-dîn mourait en 1174.  

« Salàh Ad-Dïn, le Saladin de l'historiographie européenne, fut l'un des souverains les plus illustres de l'Orient musulman médiéval.

Au moment où il se formait à la vie, la situation, dans le Proche-Orient, était la suivante.

Les Croisés de la Première Croisade avaient fondé, sur la côte syro- palestinienne, avec un arrière-pays plus ou moins profond, le Royaume de Jérusalem, le Comté de Tripoli, la Principauté d'Antioche, enfin le Comtéd'Édesse, ensemble d'États que nous appelons usuellement l'Orient Latin, mais dont les Orientaux désignaient communément les occupants sousle nom global de Francs.

Le Califat de Bagdad, de la dynastie abbasside, n'avait de pouvoir que local ; il avait reconnu au XIe siècle la réalité dupouvoir au Sultanat turc de la dynastie seldjouqide, qui avait occupé presque toute l'Asie musulmane, mais, au XIIe siècle, s'était à son tourmorcelé et affaibli.

L'Égypte, cependant, appartenait depuis la fin du Xe siècle au Califat rival des Fatimides, considéré par les musulmansd'obédience abbasside (les sunnites ) comme hérétique, non seulement en raison du schisme politique, mais parce qu'il reposait officiellement sur une doctrine spéciale, l'ismaïlisme.

Le morcellement politique et les conflits religieux communs à tout le Proche-Orient expliquent pour une bonne part la relative facilité de l'établissement “ franc ”, réalisé par quelques milliers d'hommes seulement.

Habitué aux attaques des Byzantins deConstantinople, habitué aussi à la cohabitation d'une mosaïque de peuples et de sectes, le Proche-Orient musulman n'avait pas attaché d'abord degravité particulière à cette occupation.

Cependant, lorsqu'il s'avéra que les Francs étaient moins faciles à assimiler que leurs prédécesseurs et queleur attitude reposait sur une intransigeance religieuse périodiquement renforcée par les apports occidentaux, une part croissante de l'opinionmusulmane réclama une action énergique pour combattre l'adversaire chrétien.

La dynastie fondée, à Mossoul et Alep à la fois, par Zenghi s'était déjà distinguée dans ce combat en détruisant le comté d'Édesse.

Le fils de Zenghi , Noûr ad-dîn, maître d'Alep et pratiquement suzerain de ses parents de Mossoul, avait insisté sur la nécessité, pour la “ Guerre Sainte ”, de l'union des musulmans par la résorption du morcellement politiqueet la lutte contre l'hérésie.

Il avait réalisé à son profit l'unité de toute la Syrie-Palestine musulmane, étendu son influence sur une partie de la Haute-Mésopotamie et de l'Asie Mineure centrale, et finalement, par suite des luttes intestines où sombrait la dynastie fatimide d'Égypte, envoyé là destroupes qui, victorieuses des Francs appelés par un parti, entamaient le rattachement de ce pays, par derrière l'Orient Latin, à l'ensemble politico-religieux du Proche Orient musulman sunnite.

Noûr ad-dîn mourait en 1174.

Comme presque toutes les dynasties de l'Asie musulmane en cette période, celle des Zenghides était turque et recrutait largement ses soldats,sinon ses cadres administratifs ou religieux, parmi les Turcs, immigrés depuis quelques générations ou recrutés comme esclaves en Asie Centraleet dans la steppe “ russe ”.

Cependant les Zenghides, maîtres de nombreuses provinces à population de Kurdes traditionnellement guerriers,avaient aussi recruté parmi ceux-ci une bonne partie de leurs officiers et effectifs militaires.

Du nombre se trouvaient un ancien gouverneur deTakrît (en Iraq), Ayyoûb P1156 , et son frère Shîrkoûh, finalement attachés à Noûr ad-dîn.

Shîrkoûh était le général de l'armée envoyée en Égypte et était devenu maître du pays définitivement en 1169.

Il avait emmené avec lui un neveu, fils d' Ayyoûb P1156 , Salâh ad-dîn, de qui la dynastie plus tard issue de lui devait garder le nom d'Ayyoubide.

La mort inopinée de Shîrkoûh au lendemain même de sa victoire le révéla à l'attention.

Avecune décision remarquable, il sut galvaniser autour de lui l'armée de son oncle, et, prenant le pouvoir, du même coup sauver l'œuvre encore frêle deShîrkoûh.

Si la Guerre Sainte musulmane avait toujours eu pour but la soumission, non la persécution, des non-musulmans, elleavait été primitivement offensive, en un temps où l'Église envisageait mal de se compromettre dans aucune guerrede ce monde.

Cependant la situation était, depuis le XIe siècle, presque renversée en fait.

Alors que la Chrétientés'engageait de plus en plus dans des guerres conduites au nom de la foi, l'Islam Turcs d'Asie Mineure mis à part nefaisait plus que défendre sa foi là où elle était menacée.

La Croisade, aboutissant à la conquête d'un pays que lesmusulmans possédaient depuis quatre siècles et demi et qui n'avait jamais appartenu à l'Europe, ne pouvait, quelqu'ait été l'état d'esprit des Croisés, apparaître aux musulmans que comme une offensive non provoquée.

Rejeterl'envahisseur à la mer, reprendre la ville de Jérusalem était le but qu'avait proclamé Noûr ad-dîn.

Le zèle de Saladin,l'importance des succès remportés, l'affrontement avec les Croisés de la Troisième Croisade, un style personnel devie particulièrement élevé ont fait de ce souverain, aux yeux de la postérité et jusqu'à nos jours, le héros parexcellence de l'idéal libérateur.

La première tâche de Saladin devait être d'assurer en Égypte le régime issu de la conquête.

En Égypte, leséléments, en particulier l'armée noire, dont la fortune avait été liée à celle des Fatimides, se révoltaient ; au dehors,Francs de Palestine ou de Sicile et Byzantins, qu'inquiétait la main-mise de l'ennemi syrien sur l'Égypte, engageaientintrigues et hostilités.

Saladin parvint cependant assez vite à éliminer tous ces adversaires.

Dès 1171, il s'était sentiassez fort pour supprimer officiellement le Califat fatimide, conservé d'abord comme garant de légitimité, etrattacher Le Caire à l'obédience abbasside, après deux siècles de schisme.

Il avait évité tout heurt avec Noûr ad-dîn, mais quand, à la mort de celui-ci, le pouvoir en Syrie fut échu à un jeune garçon sans autorité et entouréd'intrigues égoïstes, Saladin se proclama lui-même le seul héritier de Noûr ad-dîn capable de poursuivre l'œuvre desalut entreprise.

Il lui fallut onze ans pour triompher en Mésopotamie et en Syrie des rivaux inquiétés par cetteambition, et qu'encourageaient les réticences du Califat lui-même.

En 1185, l'unité politique des pays musulmansétait enfin réalisée du Nil au Tigre supérieur.

Par précaution contre les Ismaïliens en même temps que par intérêtcommercial et ambition des frères de Saladin, le Yémen avait entre-temps aussi été occupé.

Déjà Noûr ad-dîn avait rétréci le territoire côtier des Francs, et Saladin lui-même n'avait pas attendu si longtemps pour démontrer, en les affrontant,la sincérité de ses proclamations, en même temps que pour combattre des alliés naturels de ses adversaires.

En 1177, il avait subi à Montgisard unéchec qui n'avait fait que renforcer sa décision d'une revanche, qu'il prit deux ans plus tard à Mardj Oyoûn, et en détruisant la nouvelle forteressefranque du Gué de Jacob.

Ses succès contre ses rivaux musulmans lui permettaient désormais de leur demander des renforts en tous cas debesoin, et donc de gonfler ses effectifs.

Néanmoins, tant que l'unité ne fut pas totale, il fut heureux de profiter aussi des désaccords entre Francspour conclure des trêves locales avec certains d'entre eux.

Il avait un seul ennemi irréconciliable en la personne de Renaud P2430 de Châtillon, seigneur de Kérak, au sud-est de la mer Morte, un gentilhomme-brigand qui, indifférent à tout intérêt ou ordre de son roi, saisissait les caravaneset allait jusqu'à organiser un raid maritime sur la mer Rouge en direction des Villes Saintes de l'Islam.

Par ailleurs, Saladin sut profiter des conflitsqui, à Byzance après 1180, opposaient le gouvernement impérial aux Latins, pour conclure avec les Empereurs de la famille des Anges une alliancecontre ceux-ci.. »

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