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SAND: La Mare au Diable (Fiche de lecture)

Publié le 22/02/2012

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La Mare au Diable fut initialement publié sous forme de feuilleton, dans le très conservateur Courrier français; Sand s'adressait directement à la bourgeoisie qu'il fallait convaincre. Après 1848, elle tâchera d'élargir encore son audience ; la préface des éditions Hetzel (1851-1856) de son oeuvre souligne la volonté de « populariser des ouvrages faits en grande partie pour le peuple... ». Le message est donc de sentiment, d'affectivité plus que d'idées. La correspondance avec Flaubert est, sur ce point, assez révélatrice : « Notre vie est faite d'amour, et ne plus aimer, c'est ne plus vivre » (p. 158).
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« thématique de l'arrachement en l'incarnant dans la personne de Petit-Pierre.

Il est à la fois l'annonciateur desépreuves du « voyage » et le messager amoureux : à travers lui Germain et la petite Marie se reconnaissent,découvrent leur communauté de sentiments : « Germain avait un coeur [...] aussi faible que celui d'une femme » (p.43) ; « Vous avez le cœur trop dur, lui dit enfin la petite Marie et, pour ma part, je ne pourrais jamais résister...

»(p.

42). L'initiation affective et psychique commence avec ce chapitre, et Petit-Pierre va désormais jouer le rôle révélateurde messager entre Marie et Germain. Le point de vue du narrateur omniscient se manifeste essentiellement dans l'interprétation des attitudes. d/ Chapitres VII à XI : la double errance, physique et psychique Ces chapitres sont le coeur du roman, le lieu où s'opère la métamorphose des héros, ou du moins leur initiation(aussi bien pour la petite Marie que pour Germain). Il faut remarquer que l'épreuve est en quelque sorte répétée, mise en scène deux fois ; le chapitre vil est repris parle chapitre X, les chapitres et ix par le chapitre xi ; il y a une très nette volonté de dramatiser l'événement, demettre en valeur l'écho qu'il suscite dans la conscience des deux personnages ; cette nuit « d'écart » est rupturedéfinitive, prise de conscience. Le chapitre vii est l'archétype de l'épreuve.

La nuit, le brouillard, les bois sont autant de métaphores du désarroi intérieur.

Les repères, les références qui construisent une image habituelle du moi sont effacés : « Je ne sais plusque faire.

Je ne vois ni ciel ni terre » (p.

49), murmure Germain.

Mais les chapitres et ix apportent l'esquisse d'uneréponse.

Le foyer est réconfort du corps, métaphore d'une plénitude intérieure à laquelle Germain se met soudain àcroire : « je crois que je rêve...

» (p.

54).

Il est symptomatique que ce soit l'enfant qui exprime, de manière quasiinvolontaire, le désir encore secret de Germain : « Si tu veux me donner une autre mère, je veux que ce soit lapetite Marie.

» A la loi du père Maurice, à la construction d'un conscient trop prudent, s'oppose le jaillissement d'une exigencenouvelle, d'un élan vital retrouvé... Le chapitre X réitère l'errance du chapitre mais l'errance n'est pas la même : c'est la crainte de son désir (« Il crutqu'il en deviendrait fou...

», p.

68) qui pousse Germain à fuir et à se fuir (« ...

nous ne pourrons plus y tenir [...].

Aprésent, on voit à se conduire », p.

69), qui le porte à vouloir échapper à une inévitable confrontation avec lui-même. Le chapitre XI reprend l'image du foyer, feu intérieur ; Germain accède à la parole, à l'expression de sa réalité propre: « Sa langue se délia comme par miracle [...].

Marie [...] tu me plais...

» (p.

72).

Cet aveu conditionne toute la suite du roman. e/ Les chapitres XII et XIII ont une construction symétrique : tous deux théâtralisent une double déception, voire une humiliation : celle de Germain et celle de la petite Marie.

Aux parades de séduction de la veuve Catherine, pourlaquelle les prétendants « servent d'enseigne » (p.

84), correspond la sensualité brutale du fermier des Ormeaux, «gaillard endiablé pour courir après les filles » (p.

89).

Le départ précipité de Germain est autant poursuite salvatriceque refus bouleversé d'un pays aux « laides coutumes » (p.

88).

Ces deux chapitres où l'auteur dénonce laperversion du « luxe des villes [...], infraction à la dignité des mœurs de la cam pagne » (p.

86) achève l'éducation sentimentale des deux héros. f/ Chapitres XIV à XVII : résolution et conclusion de l'histoire : « Ici finit l'histoire de Germain » (p.

113). Le père Maurice ouvrait le roman, c'est la mère Maurice qui le clôt ; au langage de l'ordre, de la loi, de la raison, afait place celui du sentiment.

« Nous sommes fatigués de vous voir tristes, et nous ne pouvons vivre tranquillementsi vous ne l'êtes point...

» (p.

104). A la figure du père s'est substituée celle de la mère, compréhensive, au sens étymologique ; c'est elle l'initiatricedes effusions, des abandons et des émois de la petite Marie : « La jeune fille l'arrêta en l'entourant de ses deux bras» (p.

109) ; c'est elle qui rend enfin possible la réunification du cercle familial : « Tu as fait plus d'un heureux enm'aimant ! » (p.

109). g/ Les quatre chapitres de l'appendice (pp.

113 à 148) sont comme l'écho des chapitres d'ouverture.

Sand dépasse l'anecdote pour évoquer les coutumes ancestrales du mariage en Berry, les rites immémoriaux dont les origines ontpartie liée avec l'Antiquité païenne.

Les livrées, la conquête de la fiancée sous l'égide du chanvreur et du fossoyeursont dépeintes avec la même attention que l'auteur accorde aux expressions de la langue paysanne, aux pratiquesdu chant incantatoire : « Cela est sauvage mais le charme en est indicible » (p.

17).

A la suite des romantiquesallemands, de Nerval, l'auteur est sensible aux légendes, aux pratiques et images immémoriales ; elle est consciented'être en présence d'archétypes. Les personnages. »

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