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Sans rapport à autrui, y aurait-il des passions ?

Publié le 02/02/2004

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Analyse du sujet : Rapport : Terme vague qui pose le problème de la relation.  Le rapport où la relation est ce qui lie deux choses entre elles. L'égalité par exemple est un rapport mathématique qui s'établit entre deux choses équivalentes. Autrui : Autrui ne se réduit pas à l'autre. Autrui c'est l'autre dans le contexte particulier des relations interhumaines : autrui c'est l'autre envisagé sous le rapport de la morale dans le cadre des relations sociales et inévitables de l'homme. Passions : Du point de vue du sujet, la passion peut-être représentée comme l'attachement à une chose ou aux biens faits qu'une personne peut procurer. La passion est donc pour une part excès, au moins en ce qu'elle excède les limites de la volonté de celui qui l'éprouve. Dans cette optique la passion est l'assouvissement et la recherche d'un plaisir solitaire, parce que soit il est procuré par un objet, soit il est procurée par une personne uniquement réduite à sa capacité à le procurer, utilisée comme moyen. Les passions sont traditionnellement distinguées des actions : si dans l'action j'exprime ma liberté - j'agis -, la passion s'exprime en moi - je suis passif par rapport à elle qui « m'agit », agit en moi. Les passions sont donc ce qui s'exprime en moi malgré moi, c'est-à-dire ce qui s'oppose comme irréductiblement humain à l'exercice de la liberté de ma raison.

Nous nous interrogeons sur les passions et les implications du rapport à autrui en ce qui les concerne. Sans rapport à autrui, y aurait-il des passions ? Si les passions sont en première analyse ce qui en nous tend vers l'autre, ne faudrait-il reconnaître que les passions semblent bien être liées à l'autre en général c'est-à-dire à l'autre particulier qu'est autrui ? En effet certaine passion semblent bien réunir les hommes entre eux, donner une forme à leurs relations. Mais pour autant « l'ouverture « de la conscience vers l'autre sur le mode passionnel pourrait-elle s'identifier à un rapport à autrui authentique, c'est-à-dire un rapport moral ? Il semble que ce soit difficile tant la passion est-elle même excessive et son assouvissement bien souvent solitaire : autrui n'est bien souvent pour le passionné que le moyen où l'obstacle, de l'assouvissement de sa passion. Dès lors ne serait-ce que la considération d'autrui n'a aucun rôle à jouer dans la constitution des passions sinon en tant qu'objet. Comment résoudre cette apparente opposition entre la dimension sociale et relationnelle des passions et leur dimension antisociale et immorale ? C'est ce que nous tenterons de comprendre en dernier lieu.

« c'est donc l'intrusion du corps pris au milieu du monde dans la pensée. c) Ce corps passionné est donc pour la pensée le signe indubitable que le monde existe et qu'il résiste en moi.

De lamême façon donc ce corps passionné et sensible donc, est le signe pour la pensée qu'à l'extérieur de moi existentdes semblables que je suis porté à aimer ou à haïr. Problème : Si certaines passions enveloppent bien autrui, il semble qu'elle l'objectivent bien souvent, voyant en luiun moyen ou un obstacle de leur satisfaction.

Or faire d'autrui un moyen ou un ennemi c'est en faire un objetcomme les autres une altérité sans conscience, sans raison, sans fins propres. Transition : Le rapport passionnel à autrui ne se réduit-il pas au rapport à l'objet ? 2 .

Les passions en tant qu'elles sont excessives, nient la particularité du rapport à autrui. a) Pour l'homme passionné, autrui n'est bien souvent que le moyen de l'assouvissement de sa passion.

C'est évidentdans le cas du désir sexuel par exemple.

Mais il en va également ainsi pour les autres passions dont la satisfactiondépend d'autrui ici compris comme l'autre. b) De la même façon la passion peut envelopper autrui sous le mode du concurrent ou de l'ennemi.

Autrui n'est plusseulement ramené à un moyen, il est ramené à un étranger qui veut lui aussi s'approprier l'objet convoité par lepassionné.

IL est ramené à un obstacle. c) Ces deux modalités du rapport passionnel à autrui, nient la particularité d'autrui au milieu des autres objets, dansle premier cas il est ramené à un moyen, dans le second cas à un obstacle.

Elles objectivent autrui, si bien que nouspouvons affirmer que le rapport à autrui qui est un rapport humain particulier, n'a aucune influence sur les passions,il en est parfois l'objet mais rien qu'un objet.

Les passions seraient donc parfaitement étrangères au domaine moralqui défini le mieux les rapports entre les hommes qui constituent la particularité de l'humanité. Problème : Mais des êtres purement rationnels, des êtres dont les rapports ne seraient régis que par la raison sansune once de passion, ne seraient pas des êtres moraux non plus.

En effet, la moralité implique la responsabilité desa liberté.

Un être purement rationnel serait dépourvu de corps, ses actions dépourvues de conséquences.

Il seraitdonc irresponsable puisqu'il n'aurait pas le choix de faire le bien, il le ferait en suivant sa nature, et ce bien serait dene rien faire du tout. Transition : Comment dès lors comprendre le rapport à autrui et sa relation avec les passions ? 3 .

Les passions sont à la fois la plus grande faiblesse et la plus grande force de l'humanité. a) Les passions attestent de la sensibilité de l'homme.

De l'existence de son corps et de sa réalité pour laconscience et la raison.

Les passions sont la preuve de l'existence d'un monde qui s'impose dans la paisibleintériorité de la conscience.

Elles témoignent de l'implication mondaine de l'homme et de ses actions. b) Rousseau distinguait entre les passions naturelles, les besoins et les désirs qui signalent à l'homme ce qu'il doitrechercher pour conserver l'estime de soi (ce qui est nécessaire à sa conservation biologique et surtout le Bien) etles passions sociales, désirs qui se cristallisent presque en faux besoins, issus de la sophistications des rapportsentre les hommes.

Il y aurait donc selon cette distinction des bonnes passions, qui renvoient à l'accomplissementdans le monde de sa nature, et des mauvaises, les passions sociales, qui renvoient l'homme à la réalisation illusoirede l'image que lui renvoient les autres hommes de lui-même et qui le détournent de sa nature, de son devoird'homme donc. c) Même si l'on est pas, dans le détail de la classification des passions, d'accord avec Rousseau qui témoigne quitémoigne pour sa part, d'une nostalgie probablement intenable pour l'état de nature par rapport à la société, nouspourrions reprendre l'idée de cette distinction en l'enrichissant d'une seconde distinction, celle spinoziste, entre lespassions tristes et les passions joyeuses.

Les passions tristes sont celles qui n'augmentent pas notre puissanced'agir, qui ne nous apprennent rien sur nous même où sur le monde, mais au contraire nous coupe de notre naturepolitique, de notre goût pour la vérité (la colère, la haine, l'envie, la pitié mais aussi l'espoir selon Spinoza).

Lespassions joyeuses sont celle qui au contraire nous permettent d'exprimer notre nature, de devenir nous-même,d'augmenter notre puissance d'agir parce qu'elles sont créatrices, qu'elles nous apprennent à mieux reconnaître dansl'autre notre semblable (l'amitié, l'amour, la recherche de la vérité...). d) Aussi nous pourrions dire que si sans les passions le rapport à autrui est réduit à néant, où plutôt au simplerapport à l'objet, sans le rapport à autrui les passions se réduisent à des passions tristes, destructrices et solitaires,quand notre nature nous prescrit la joie avec nos semblables.. »

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