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Suffit-il de savoir pour pouvoir ?

Publié le 25/02/2004

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Bien lire le sujet: la question, qui suppose qu'il est néces¬saire de savoir pour pouvoir, doit être traitée dans ses implica¬tions multiples : elle pose aussi bien le problème de l'application des lois scientifiques à la technique que celui, moral, de la volonté incapable de suivre le bien ou que celui des règles de l'art. Il ne faudra pas cependant traiter chaque cas séparément, mais traiter à chaque fois la question dans toute son extension. Un point de départ à discuter : l'expérience de la technique suggère que la connaissance suffit à la mise en oeuvre d'une technique quelconque; mais inversement, on peut aussi penser à l'expérience morale de celui qui sait ce qu'il faut faire mais qui succombe à un vice invétéré.

« de l'activité de connaître.La science antique & la philosophie chrétienne étaient désintéressées ; Descartes veut, lui, une «philosophie pratique ».

« Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices quiferaient qu'on jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'ytrouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé [...] »La nature ne se contemple plus, elle se domine.

Elle ne chante plus les louanges de Dieu, elle est offerteà l'homme pour qu'il l'exploite et s'en rende « comme maître & possesseur ».Or, non seulement la compréhension de la science se voit transformée, mais dans un même mouvement,celle de la technique.

Si la science peut devenir pratique (et non plus seulement spéculative), c'estqu'elle peut s'appliquer dans une technique.

La technique n'est plus un art, un savoir-faire, une routine,elle devient une science appliquée.D'une part, il s'agit de connaître les éléments « aussi distinctement que nous connaissons les métiers denos artisans ».

Puis « de les employer de même façon à tous les usages auxquels ils sont propres ».

Iln'est pas indifférent que l'activité artisanale devienne le modèle de la connaissance.

On connaît commeon agit ou on transforme, et dans un même but.

La nature désenchantée n'est plus qu'un matériau offertà l'action de l'homme, dans son propre intérêt.

Connaître et fabriquer vont de pair.D'autre part, il s'agit « d'inventer une infinité d'artifices » pour jouir sans aucune peine de ce que fournitla nature.

La salut de l'homme provient de sa capacité à maîtriser et même dominer techniquement,artificiellement la nature.Ce projet d'une science intéressée, qui doive nous rendre apte à dominer et exploiter techniquement unenature désenchantée est encore le nôtre.Or la formule de Descartes est aussi précise que glacée ; il faut nous rendre « comme maître etpossesseur de la nature ».

« Comme », car Dieu seul est véritablement maître & possesseur.

Cependant,l'homme est ici décrit comme un sujet qui a tous les droits sur une nature qui lui appartient («possesseur »), et qui peut en faire ce que bon lui semble dans son propre intérêt (« maître »).Pour qu'un tel projet soit possible, il faut avoir vidé la nature de toute forme de vie qui pourrait limiterl'action de l'homme , et poser des bornes à ses désirs de domination & d'exploitation.

C'est ce qu'a fait lamétaphysique cartésienne, en établissant une différence radicale de nature entre corps & esprit.

Ce quirelève du corps n'est qu'une matière inerte, régie par les lois de la mécanique.

De même en assimilant lesanimaux à des machines, Descartes vide la notion de vie de tout contenu.

Précisons enfin que l'époquede Descartes est celle où Harvey découvre la circulation sanguine, où le corps commence à êtredésacralisé, et les tabous touchant la dissection, à tomber.Car ce qu'il y a de tout à fait remarquable dans le texte, c'est que le projet de domination techniciennede la nature ne concerne pas que la nature extérieure et l'exploitation des ressources naturelles.

La «philosophie pratique » est utile « principalement aussi pour la conservation de la santé ».

Le corpshumain lui aussi, dans ce qu'il a de naturel, est objet de science, et même objet principal de la science.« S'il est possible de trouver quelque moyen qui rende les hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ontété jusqu'ici, je crois que c'est dans la médecine qu'on doit le chercher.

»La véritable libération des hommes ne viendrait pas selon Descartes de la politique, mais de la techniqueet de la médecine.

Nous deviendrons « plus sages & plus habiles », nous vivrons mieux, en nous rendant« comme maîtres & possesseurs de la nature ».

La science n'a pas d'autre but. [Il y a une infinité de choses que l'homme ne sait pas. Cela ne l'a jamais empêché d'agir.

Au contraire,en bien des cas, c'est le savoir qui entrave l'action. L'ignorance n'interdit pas l'audace.] Je sais que je ne sais rienCette phrase est attribuée à Socrate par son disciple Platon.

On en trouve la source dans l' « Apologie deSocrate » qui narre le procès intenté à Socrate par la ville d'Athènes alors que notre homme était âgé de 70ans.

Dans ce beau texte, Platon fait le récit de la vocation philosophique de son maître et des raisonsvéritables de son procès.

On y voit Socrate enquêtant auprès de ses concitoyens pour savoir pourquoi l'oraclede Delphes l'avait déclaré le plus sage des hommes.

Il s'attire ainsi des inimitiés qui amènent sa condamnationà mort.Socrate est en quelque sorte le patron des philosophes, au point que l'on appelle « présocratiques » lespenseurs antérieurs, comme si Socrate était l'origine de notre calendrier philosophique, à la façon dont Jésus-Christ l'est de notre ère.Or, Socrate, que l'on considère encore aujourd'hui comme « le plus pur penseur de l'Occident » (Heidegger),est un personnage qui n'a rien écrit, dot toute l'activité s'est concentrée sur le dialogue avec sesconcitoyens.

Les renseignements que nous avons concernant sa vie et sa pensée proviennent doncessentiellement de ses deux principaux disciples, Xénophon et surtout Platon.. »

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