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Qu'est-ce qu'un savoir technique ?

Publié le 08/02/2004

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technique
Sujet 3874Qu'est-ce qu'un savoir technique ?  Termes du sujet: SAVOIR / SAVANT:* Savoir: a) Comme nom, ensemble de connaissances acquises par l'apprentissage ou l'expérience. b) Comme verbe,  avoir appris quelque chose, et pouvoir le dire, le connaître, le répéter.* Savoir-faire: ensemble de procédés de gestes habituels permettant la réalisation régulière de certains buts.* Savant: a) Celui qui possède un maximum de connaissances. b) Celui qui exerce une activité scientifique (un physicien, un biologiste). TECHNIQUETout ensemble de procédés pour produire un résultat utile. La technique moderne s'appuie sur la science; mais elle s'en distingue puisque la science est un effort pour expliquer ce qui existe tandis que la technique cherche à produire ce qu'on souhaite qui soit - qui n'est pas. La technique peut se définir comme un vouloir, incarné en un pouvoir par l'intermédiaire d'un savoir.Comme adjectif: par opposition à esthétique, qui concerne des procédés susceptibles d'être développés et transmis, et non des dons ou capacités innées.
technique

« a.

La technique s'emploie le plus souvent à transformer la nature.

Et il y a là forcément de la part de l'homme un affront vis-à-vis des dispositions naturelles.

Ainsi les anciens Grecs étaient attentifs à ne pas violenter la naturepour ne pas s'attirer la colère des dieux.

Et Prométhée dut supporter le châtiment divin pour avoir dérobé le feu auxdieux et l'avoir transmis aux hommes.

Aujourd'hui persiste cette crainte de voir la technique détruire notreenvironnement, corrompre nos âmes et même menacer nos vies.

La science-fiction caractérise bien ce désir infini depuissance et la peur de s'y perdre.

Selon Rousseau , le progrès technique n'engendre pas un progrès dans les relations humaines ( Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes ).

L'homme moderne vit au milieu des techniques, avec des objets qui structurent son environnement.

Le contact direct avec la nature seperd, ainsi qu'avec la société.

Le contact est donc toujours indirect, médiatisé par la présence obsédante desobjets. b. La présence physique d'autrui disparaît au profit de la voix impersonnelle du téléphone, de même que c'est moins notre œil que notre caméra qui nous renseigne sur les évènements du monde.

Ainsi de plus en plus l'hommecommunicatif s'efface devant les techniques de communication.

Et la technique, censée rapprocher les hommes,pourrait bien au contraire les isoler.

De plus, considérant l'évolution croissante du progrès technique, l'homme estcondamné à s'adapter.

Heidegger dira alors que l'essence même de la technique est une véritable « provocation », et qu'elle est une menace pour l'être de l'homme.

L'essence de la technique est la rationalisation par l'homme de lanature, et constitue un danger suprême pour l'homme qui, à vouloir tout calculer, s'oublie fondamentalement (cf.Heidegger, « L'essence de la technique », Essais et conférence ). III.

Un rapport critique à la technique, et un sauvetage par individuation a. Le XXe siècle ouvre une réflexion critique quant au rapport de méconnaissance qu'entretient le monde avec une culture technique toujours de plus en plus spécialisée, et donc de plus en plus distante de la compréhension duvulgaire.

Gilbert Simondon , d'abord connu par l'intermédiaire de son ouvrage consacré à la technique, Du mode d'existence des objets techniques , ouvre sa réflexion sur la crise, le conflit qui caractérise les rapports entre culture et technique.

Ainsi la technique apparaît-elle comme une « réalité étrangère » aux yeux du commun, et Simondonveut se faire le penseur de la résolution d'une crise de l'humanité dans son rapport au monde technique.

Cetterévélation d'une scission fondamentale n'est pas sans rappeler Husserl qui, dans la Crise des sciences européennes , s'indigne du constat que l'homme entre dans un rapport absolument réifiant (objectivant) au monde. L'oubli de l'homme est au centre du débat quand la science oublie d'interroger un côté du savoir, nécessaire à saprogression vers le vrai, à savoir le sujet lui-même. b.

Simondon voudra montrer que le sens imprègne l'objet technique, qu'il est savoir : « Cette étude est animée par l'intention de susciter une prise de conscience du sens des objets techniques » (p.

9, éd.

Aubier).

Et ce sens serévèle moins au regard de cette notion abstraite qu'est la technique quand on la considère esseulée de sesmanifestations, que sous l'angle des objets techniques, c'est-à-dire d'une multitudes d'êtres qui résultentd'opérations techniques.

Simondon entend bien provoquer une « prise de conscience des modes d'existence desobjets techniques », provoquer un savoir génétique à leur égard, et non simplement un savoir relatif à la fonctionqu'ils revêtent.

Définir alors le savoir technique revient à sonder les sources d'apparition des objets techniques.

Ets'attaquer à un tel projet, c'est favoriser un regard de l'homme sur l'évolution nécessaire des objets techniques, etainsi d'éviter toute fixation superficielle quant à leur mode d'existence.

Même si l'objet technique est inventé,produit par l'homme, il n'en conserve pas moins une autonomie, voire une possibilité d'autoproduction (cf.

un logicielde jeu d'échec aura une infinité de possibilité, de productions de stratégies d'attaques et de défenses).

Le savoirtechnique devra ainsi se pencher sur ce mode d'existence autonome, sur ces objets techniques compris commesystèmes évolutifs.

L'essence de la technique, pour Simondon, est technique.

L'invention humaine n'est quel'occasion pour un système technique de voir le jour et d'« exister » indépendamment de son auteur.

Dès lors lesavoir technique découle de l'objet lui-même, en tant que son essence est technique, et non inhérente à l'individuqui l'a produit.

L'objet se spécialise toujours et devient condition de sa propre compréhension.

Comme on le voit,l'attitude s'inverse, puisque l'homme n'a plus cette mainmise sur « le technique », sur l'outil ; c'est bien plutôt latechnique qui s'humanise et engendre son propre essor. Conclusion L'homme créé des outils et des machines, il détient le pouvoir de s'adapter à son milieu de manière rationnelle.

Maisà force de transformer la nature, il l'efface au profit de moyens techniques toujours plus élaborés.

L'évolutiontechnique est croissante et omniprésente.

L'homme se nourrit sans cesse de ce qui lui est utile, sans forcémentprendre conscience de l'émergence « existentielle » des objets techniques à tous égards de son existence propre.

Ilest de la condition du monde contemporain d'être déterminé comme étant technique.

Un complexe réseau d'êtrestechniques autogérés est là, perpétuellement sous nos yeux voilés par la fonction qu'ils revêtent.

Intervient alorsune inquiétude, quand on lève le masque de l'utilité, puisqu'on se retrouve souvent face à l'inconnu, l'étrangerpourtant là, quotidiennement sous notre regard paresseux.

Considérer ainsi sous l'angle simondien l'objet technique. »

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