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Le scepticisme. Définissez, expliquez et appréciez cette disposition d'esprit ?

Publié le 26/03/2004

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En niant ce principe, il nie corrélativement sa propre négation ; il rend identiques non pas seulement les opposés, mais toutes choses, et les sons qu'il émet, n'ayant plus de sens définis, ne sont que des bruits. « Un tel homme, en tant que tel, est dès lors semblable à un végétal." Si la négation du principe de contradiction ruine la possibilité de toute communication par le langage, elle détruit aussi corrélativement la stabilité des choses, des êtres singuliers. Si le blanc est aussi non-blanc, l'homme non-homme, alors il n'existe plus aucune différence entre les êtres ; toutes choses sot confondues et « par suite rien n'existe réellement ». Aucune chose n'est ce qu'elle est, puisque rien ne possède une nature définie, et « de toute façon, le mot être est à éliminer » (Platon). La réfutation des philosophes qui, comme Protagoras, nient le principe de contradiction a donc permis la mise en évidence du substrat requis par l'idée de vérité. Celle-ci suppose qu'il existe des êtres possédant une nature définie ; et c'est cette stabilité ontologique qui fonde en définitive le principe de contradiction dans la sphère de la pensée. C'est donc l'être qui est mesure et condition du vrai, et non l'opinion singulière. « Ce n'est pas parce que nous pensons d'une manière vraie que tu es blanc que tu es blanc, mais c'est parce que tu es blanc qu'en disant que tu l'es nous disons la vérité » (Aristote). Puisque, s'il est vrai que tout est vrai, le contraire de cette affirmation ne saurait être faux, le relativisme trouve sa vérité dans le scepticisme.
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« « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. » (b) La régression à l'infini. Une vérité ne peut pas être acceptée sans preuves comme telle car il n'existe pas un signe du vrai « comparable à la marque imprimée sur le corps des esclaves et qui permet de les reconnaître quand ils sont en fuite. » Mais si je propose une preuve pour une affirmation, le sceptique me dira « Prouve ta preuve ».

ainsi la preuve qu'on apportepour garantir l'affirmation a besoin d'une autre preuve et celle-ci d'une autre à l'infini. Pour connaître la moindre chose je suis d'autre part contraint de remonter à l'infini, c'est-à-dire de mettre ce donnéen rapport avec une infinité d'autres faits.

Car chaque chose est relative à toutes les autres et pour connaître lemoindre objet il faudrait connaître son rapport avec tout l'univers.

Nous ne connaissons le tout de rien, ce quirevient à ne connaître rien du tout. (c) La nécessité d'accepter des postulats invérifiables. Ne pouvant remonter de preuve en preuve à l'infini, l'esprit accepte toujours sans démonstration un point de départqui est une simple supposition et dont la vérité n'est pas garantie. (d) Le diallèle (les uns par les autres). Il n'est pas possible de raisonner en évitant les « cercles vicieux ».

Ainsi, je démontre que a est vrai en supposant b est vrai et je démontre que b est vrai en supposant que a est vrai.

Je commets un cercle vicieux en démontrant lesunes par les autres des propositions dont aucune n'est fondée a priori.

Le cercle vicieux par excellence est celle-ci :pour prouver la valeur de ma raison, il faut que je raisonne, donc précisément que je me serve de cette raison dontla valeur est en question ! Nous voilà, comme dit Montaigne , « au rouet ». (e) Toute opinion est relative. « L'homme est la mesure de toute choses » formule qu' Anatole France interprétait ainsi : « L'homme ne connaîtra de l'univers que ce qui s'humanisera pour entrer en lui, il ne connaîtra jamais que l'humanité des choses. » Toute affirmation sur l'univers est relative à celui qui affirme.

Socrate résume la thèse de Protagoras : « N'arrive-t-il pas parfois qu'au souffle du même vent l'un de nous frissonne et non l'autre ? Or que dirons-nous alors de ce souffle devent envisagé tout seul et par rapport à lui-même ? Qu'il est froid ou qu'il n'est pas froid ? Ou bien en croirons-nousProtagoras : qu'il est froid pour qui frisonne et ne l'est pas pour qui ne frisonne pas ? » (« Théétète », 152b). L'affirmation sur un même objet diffère non seulement d'un individu à un autre mais chez le même individu selon lesmoments (le monde ne m'apparaît pas de la même façon quand je suis gai ou triste) et même selon les perspectivesd'observation (une tour vue carrée de près paraît ronde de loin).

Pour les sceptiques il n'y a pas de véritésobjectives mais seulement des opinions subjectives toutes différentes. Le sophiste Protagoras , écrit Diogène Laerce « fut le premier qui déclara que sur toute chose on pouvait faire deux discours exactement contraires, et il usa de cetteméthode ». Selon Protagoras , « l'homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont en tant qu'elles sont, de celles qui ne sont pas en tant qu'elles ne sont pas » Comment doit-on comprendre cette affirmation ? Non pas, semble-t-il, par référence à un sujet humainuniversel, semblable en un sens au sujet cartésien ou kantien, mais dans le sens individueldu mot homme, « ce qui revient à dire que ce qui paraît à chacun est la réalité même » (Aristote , « Métaphysique », k,6) ou encore que « telles m'apparaissent à moi les choses en chaque cas, telles elles existent pour moi ; telles elles t'apparaissent à toi, telles pourtoi elles existent » (Platon , « Théétète », 152,a). Peut-on soutenir une telle thèse, qui revient à dire que tout est vrai ? Affirmer l'égale véritédes opinions individuelles portant sur un même objet et ce malgré leur diversité, revient àposer que « la même chose peut, à la fois, être et n'être pas » ( Aristote ).

C'est donc contredire le fondement même de toute pensée logique : le principe de non-contradiction.,selon lequel « il est impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne pas en même temps, au même sujet et sous le même rapport ».

Or, un tel principe en ce qu'il est premier est inconditionné et donc non démontrable.

En effet, d'une part, s'il étaitdémontrable, il dépendrait d'un autre principe, mais un tel principe supposerait implicitementle rejet du principe contraire et se fonderait alors sur la conséquence qu'il était sensédémontrer ; on se livrerait donc à une pétition de principe ; et d'autre part, réclamer ladémonstration de toute chose, et donc de ce principe aussi, c'est faire preuve d'une« grossière ignorance », puisqu'alors « on irait à l'infini, de telle sorte que, même ainsi, il n'y aurait pas démonstration ».

C'est dire qu' « il est absolument impossible de tout démontrer », et c ‘est dire aussi qu'on ne peut opposer, à ceux qui nient le principe de contradiction, une démonstration qui le fonderait, au sens fort du terme. Mais si une telle démonstration est exclue, on peut cependant « établir par réfutation. »

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