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Schopenhauer et la religion

Publié le 27/02/2008

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schopenhauer
Malgré la diversité des cultures à travers le temps et les âges, il est une constante qui semble toutes les traverser et que l'on retrouve toujours à plus ou moins grande échelle dans les diverses sociétés humaines : le besoin de religion de l'homme. Si on peut ainsi s'interroger sur le ou les fondements communs des religions, il n'en demeure pas moins que ce questionnement est nécessairement extérieur à la religion, car en effet, cela suppose que les religions soient des inventions humaines et non pas révélations, don des dieux, c'est-à-dire qu'elles n'ont pas une origine noble. Dès lors, il s'agit de s'interroger sur le fondement "bassement" humain des religions et se demander à quel intérêt et quel besoin, les religions ne font que répondre. C'est ainsi que Schopenhauer dans ce texte extrait du Monde comme volonté et comme représentation défend l'idée que l'intérêt, la « grande affaire » des religions c'est le dogme d'une existence qui ne se finit pas avec la mort. Cette idée est ainsi, non seulement, à la base des religions mais elle est, bien plus que les dieux, leur unique préoccupation. Ainsi du début du texte jusqu'à "se comprendraient d'elles-mêmes", Schopenhauer commence par expliquer pourquoi, pour l'homme, le monde fait problème, pour ensuite montrer, de "aussi voyons-nous" à " les connaître de plus près ", en quoi les religions sont une réponse à cela avec l'idée que les religions résident uniquement sur le dogme de l'immortalité. Enfin, dans un dernier moment du texte, de " On irait jusqu'au bout " à la fin du texte, il pousse son raisonnement jusqu'à sa dernière conséquence : les religions reposent entièrement sur le dogme de l'immortalité et dès lors, non seulement les dieux sont accessoires mais ils peuvent être niés. SCHOPENHAUER

Malgré la diversité des cultures à travers le temps et les âges, il est une constante qui semble toutes les traverser  et que l’on retrouve toujours à plus ou moins grande échelle dans les diverses sociétés humaines : le besoin de religion de l’homme. Si on peut ainsi s’interroger sur le ou les fondements communs des religions, il n’en demeure pas moins que ce questionnement est nécessairement extérieur à la religion, car en effet, cela suppose que les religions soient des inventions humaines et non pas révélations, don des dieux, c’est-à-dire qu’elles n’ont pas une origine noble. Dès lors, il s’agit de s’interroger sur le fondement "bassement" humain des religions et se demander à quel intérêt et quel besoin, les religions ne font que répondre. C’est ainsi que Schopenhauer dans ce texte extrait du Monde comme volonté et comme représentation défend l’idée que l’intérêt, la « grande affaire « des religions c’est le dogme d’une existence qui ne se finit pas avec la mort. Cette idée est ainsi, non seulement, à la base des religions mais elle est, bien plus que les dieux, leur unique préoccupation.

Ainsi du début du texte jusqu’à "se comprendraient d’elles-mêmes", Schopenhauer commence par expliquer pourquoi, pour l’homme, le monde fait problème, pour ensuite montrer, de "aussi voyons-nous" à " les connaître de plus près ",  en quoi les religions sont une réponse à cela avec l’idée que les religions résident uniquement sur le dogme de l’immortalité. Enfin, dans un dernier moment du texte, de " On irait jusqu'au bout " à la fin du texte, il pousse son raisonnement jusqu’à sa dernière conséquence : les religions reposent entièrement sur le dogme de l’immortalité et dès lors, non seulement les dieux sont accessoires mais ils peuvent être niés.

 

schopenhauer

« +Schopenhauer parle plus précisément de "système religieux" ici, pourquoi ? Car le système, c'est typiquement cequi donne à chaque chose une place, qui organise et justifie l'existence de toutes choses : rien ne fait problème,tout est expliqué par le rôle qu'il tient dans le système.+ On comprend par là, pourquoi il emploie ensuite le terme "dogme", qui va de pair avec système : le dogme c'estune vérité posée qu'on doit accepter sans justification et qui fonde un système.+ C'est dans ce passage qu'est exposée la thèse du passage : " l'intérêt irrésistible des systèmes religieux résidetout entier dans le dogme d'une existence quelconque, qui se continue après la mort".

A noter le "quelconque", quisignifie bien, du moins pour les religions les plus répandues, que cette immortalité est pour la plus grande majorité,et non pas pour les seuls rares élus ou saints, sans quoi les systèmes religieux perdraient de cet "intérêtirrésistible" : une religion qui rendrait l'immortalité quasi inatteignable ferait plus problème qu'elle ne résoudrait leproblème de l'existence.+ Schopenhauer fait ensuite une concession à l'opinion commune pour qui lorsqu'on parle de religions on parle avanttout de dieux.

Mais comme il va le montrer, et c'est une conséquence très subversive de sa thèse, les dieux ne sontqu'accessoires en religion ! Schopenhauer dit ainsi que l'existence des dieux n'est que seconde par rapport àl'immortalité, en effet si l'existence des dieux est proclamée ce n'est, pour ainsi dire, que pour "les besoins de lacause", leur existence n'est que ce qui, dans le système, explique l'immortalité.

En d'autres termes, l'existence desdieux n'est qu'un moyen pour avoir la fin qu'est l'immortalité.

La concession à l'opinion commune est donc toute rhétorique, elle cache en fait l'idée très audacieuse que l'existence des dieux n'est qu'accessoire.

Ce qui permet demieux saisir sa thèse qui est que l'immortalité est l'unique (et non la principale) affaire des religions. Dès lors, la suite du raisonnement est nécessaire : si les dieux ne sont qu'un moyen pour parvenir à l'immortalité etqu'il existe d'autres moyens plus assurés, alors les dieux perdent de leur intérêt et cède la place à "l'indifférence",tout le vocabulaire est ainsi extrêmement "avilissant" pour la religion, les dogmes annexes à celui de l'immortalitétombent de leur trône, tout n'étant plus pensé qu'en termes "d'intérêt", de "moyen", d'"indifférence" ; le "zèle" c'est-à-dire la ferveur ici, bien loin de l'amour sincère pour les dieux est réduit à un acte bassement intéressé en vue del'immortalité.Mais, implicitement, il va encore plus loin dans l'exposition de ce qui n'est finalement qu'humain, trop humain dans lareligion, il suppose en effet, que si on "démontrait l'impossibilité absolue de l'immortalité" alors les dieux perdraienttout intérêt, mais plus que le vil intérêt pour l'existence des dieux, ce qui est peut-être montré ici, c'est la fragilitéde la foi.

En effet, Schopenhauer parle de démonstration de l'impossibilité de l'immortalité or dans le domaine du dogme, la démonstration n'a pas sa place et c'est la foi qui, au-delà de la raison voire malgré la raison, admet etcroit en quelque chose, et ce que dit Schopenhauer ici de façon implicite et voilée, c'est que la foi cesse bien vitedès lors que la raison froidement calculatrice se rend compte qu'elle n'a point d'intérêt, n'y rien à gagner.

On a ainsiune remise en cause de la possibilité d'une foi telle qu'elle apparait dans ces religions.+ La dernière phrase de ce second mouvement conclut ainsi sur une note assez ironique : - il subvertit le thème de l'espérance, central dans la religion judéo-chrétienne,( " quand on a perdul'espérance").

- de plus, " les connaître de plus près » n'est pas seulement à prendre au sens de pouvoir les voir une foisdans l'au-delà, ou quelque chose d'équivalent, mais peut-être aussi au sens de devenir pareil à eux, immortels.

III- De "comment s'intéresser" à la fin du texte : la négation des dieux.

Après avoir ainsi montré que l'unique préoccupation des religions était l'immortalité et que, par conséquent les dieuxne sont qu'accessoires, Schopenhauer pousse son raisonnement jusque dans ses ultimes conséquences : si les dieuxgênaient cet intérêt pour l'immortalité, on irait jusqu'à les nier.

+" leur influence possible sur les événements de la vie présente" : la phrase est claire mais on peut songer plusparticulièrement à la providence judéo-chrétienne, la fatalité chez les musulmans par exemple et tout autre formede prédestination religieuse, ainsi que l'intégralité des valeurs qui vont avec l'existence des dieux.

Mais pourquoi dit-il " on irait jusqu'au bout" ? Car les dieux n'ont d'existence pour nous qu'en tant qu'ils agissent sur nos vies, notreexistence, ainsi nier leur action dans notre vie (action directe pour le destin ou indirecte par la morale), cela revientà nier leur existence, à les tuer en somme, thème que retrouvera Nietzsche.+ la dernière phrase reprend ainsi l'idée d'une preuve rationnelle qui influe sur la foi, "par exemple parce qu'ellesupposerait un commencement de l'être".

Cette preuve peut se comprendre ainsi : l'immortalité suppose decommencer d'exister et de ne pas mourir, or les dieux (le Dieu chrétien avant tout) n'ont jamais commencé d'être, ilsont existé de tout temps, et donc ne peuvent être immortels.

Toutefois même si l'interprétation de cette preuven'est pas aisée, Schopenhauer ne l'a développant pas, l'idée reste claire : si l'on peut prouver que les dieux sont unegêne pour l'immortalité alors les religions n'hésiteraient à aucun moment à les "sacrifier".

L'emploi du terme visantencore une fois à subvertir totalement le vocabulaire des religions : on ne sacrifie plus pour les dieux mais on sacrifieles dieux ! Schopenhauer propose ainsi une thèse extrêmement forte et qui heurte un peu le sens commun :comment une religion pourrait-elle se passer de dieux ? [Et pourtant, il y a un exemple historique qui illustreparfaitement la thèse de Schopenhauer, le scientisme.

En effet, ce culte de la Science qui avait tout les traits d'unereligion au XIXème, soutenait que, par la Science toute-puissante tous les maux de l'humanité seraient abolis, nonseulement niait l'existence de dieux mais on trouvait chez les plus convaincus de ses partisans (et dans certainromans de science-fiction à l'heure actuelle) l'idée que les progrès de la science et plus particulièrement de lamédecine pourraient nous permettre de vivre indéfiniment.

Le texte de Schopenhauer est à ce titre particulièrementprophétique quand on voit que ces idées perdurent sous d'autres formes de nos jours.]Le texte s'achève sur une touche provocante : des religions "pleines de zèle pour l'athéisme", ici Schopenhauerporte le coup final aux conceptions traditionnelles de la religion, elles ne sont que la réponse à un besoin primaire del'homme, suffisamment primaire pour qu'il n'hésite pas à le satisfaire en allant jusqu'à sacrifier ses dieux.

Envisagé. »

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