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La science

Publié le 15/03/2011

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Technique, art, religion, sont les trois éléments fondamentaux de la culture humaine. Après avoir été utilitaire au service de la magie, l'art s'épanouit en devenant désintéressé grâce à la religion. Il trouve son plus bel équilibre lorsqu'il se met au service de la spiritualité et s'efforce de traduire par la beauté formelle le monde supérieur de la surnature.

Ces trois manifestations de la culture sont les premières par lesquelles l'humanité donne signe de son existence. La magie qui les accompagne d'abord n'est qu'une fausse orientation de la technique, s'efforçant de compenser son impuissance par des simulacres. La science proprement dite est d'apparition plus tardive.

« Toute connaissance, dit Renan, est une analyse entre deux synthèses ».

Mais la première synthèse, opérationpréscientifique, saisie globale du donné, comporte — ce que Renan ne voit pas — une part d'inconnu volontairementnégligée, mais irréductible, quoique de plus en plus réduite, qui force la science à construire toujours de nouvellesformations, à forger toujours de nouvelles chaînes. Lorsqu'on arrive à établir une loi, le mécanisme triomphe.

Le mécanisme, système dû à Descartes, ramène toutphénomène sensible au mouvement.

Il a été l'instrument fondamental des conquêtes scientifiques du XIXe siècle, ensuscitant l'effort de la science pour substituer du mouvement à des phénomènes qui paraissaient d'abord être d'uneautre nature, et par exemple pour découvrir l'équivalent mécanique de la calorie. Etre mécaniste, c'est dire avec Descartes que « tout se fait par figures et mouvements » : il n'y a point de forcesobscures dans la nature, pas de propriétés cachées, de propriétés occultes, qui ne puissent être finalementtraduites en mouvements. L'idée générale, la théorie mécaniste, a été préalable à la recherche la vision théorique a commandé les découvertesqui l'ont suivie, et les résultats positifs de la science actuelle. Le mythe du savoir, c'est l'existence d'un monde. Un mythe, au sens récent de ce mot, n'est pas seulement une fable : c'est aussi la projection dans l'avenir de laréalisation d'un idéal1. Le mythe étant la représentation complète et imaginée de ce qu'on espère, sa fonction est de donner corps à unidéal : en ce sens, le mythe n'est pas très loin de l'utopie 2 : mais le mythe a cependant ce caractère particulierd'être considéré comme réalisable par ceux qui y croient, tout en étant tenu pour irréalisable par les autres hommes. Le mythe du savoir est donc un idéal à la limite irréalisable, mais cependant nécessaire, car il est indispensable d'ycroire pour connaître davantage.

Le terme de monde s'oppose ici à celui d'univers : — l'univers représente la totalité des choses qui existent; — employer le terme de monde, c'est supposer que cette totalité est intelligible, le monde étant un univers ordonné;c'est croire que de proche en proche, tous les éléments du réel sont solidaires : « Si je crache dans la mer, ditLeibniz, cela retentit dans Sirius ». Ordonné, réglé, déchiffrable, le réel compose un monde dont le but final de la science est de découvrir la structure. Aussi la première démarche d'une science est-elle l'inventaire du réel : ce premier recensement aboutit à uneclassification sommaire, que la découverte des lois amènera à remanier. La science est donc un effort pour éliminer l'imprévu, une manière de mettre en ordre la complexité du réel, en laschématisant.

Le système des chaînes de relations demeure pour elle le substitut idéal de l'expérience.. »

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