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La science est-elle capable de donner une réponse valable au problème de la destinée humaine ?

Publié le 21/02/2004

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Les embryologistes nous ont fait assister â la genèse de l'être vivant à partir d'un oeuf qui se segmente et dont les parties se différencient pour former les différents organes du type spécifique qui l'a produit. Les physiologistes ont découvert le rôle d'organismes microscopiques, expliqué le mécanisme du système nerveux, démonté les admirables instruments que sont les organes de nos sens. Mais quand il s'agit de déterminer pourquoi cette petite masse de protoplasme devient un oiseau ou un homme, quelle est la nature de cette force mystérieuse qui la dirige vers la forme propre de l'espèce, la science positive en est au même point qu'au moyen âge et doit avouer qu'elle l'ignore. Sans doute, il est des biologistes pour lesquels les phénomènes vitaux résultent des propriétés de la matière brute et d'autres qui estiment nécessaire de faire appel à l'existence d'un principe d'organisation distinct de la matière ; mais les uns et les autres, quand ils hasardent des hypothèses de ce genre, quittent l'attitude positive, qui consiste à s'en tenir rigoureusement aux faits, pour se faire métaphysiciens, cherchant à tirer des faits plus qu'il n'est immédiatement donné. La science positive ignore donc la nature profonde de ce qui, en nous, nous paraît le plus facilement accessible, le corps ou l'organisme. A plus forte raison est-elle incapable de nous renseigner sur la nature du principe de la vie intérieure qu'on appelle l'esprit ou l'âme. La psychologie est bien en retard sur les sciences de la nature : il faut l'avouer, les plus grands psychologues contemporains ne connaissent guère mieux que Montaigne ou que Pascal le mécanisme du psychisme humain. C'est que ce domaine de la recherche scientifique n'a pas bénéficié de découvertes qui, comme celle de la lunette de Galilée, constituent, dans les sciences de la nature, une véritable révolution. Pour la connaissance de soi, le psychologue du XXe siècle en est à peu près réduit, comme Montaigne et Pascal, à l'introspection qui reste aussi difficile et aussi suspecte d'erreur qu'au temps de Socrate. Néanmoins, la constitution d'une technique plus rigoureuse, la création de laboratoires de psychologie, surtout la généralisation de l'esprit expérimental, qui, venu de la physique, a pénétré peu à peu dans les recherches relatives à l'âme, ont fait faire de réels progrès à la connaissance de l'homme et ont élevé la psychologie au niveau de la science positive.

« pas atteindre la nature essentielle de l'homme d'ailleurs, comme elle ne nous fait connaître que ce qui est, nous nepourrons jamais, d'après ses données, déterminer ce qui doit être et fixer l'idéal vers lequel nous devons diriger notremarche.

Tout d'abord, de l'homme, la science positive nous fait connaître et, dans une grande mesure, comprendre lesdiverses activités : elle nous laisse au seuil du mystère de la vie et de la pensée.Depuis cent ans, la biologie a fait des progrès de géant.

Les embryologistes nous ont fait assister â la genèse del'être vivant à partir d'un oeuf qui se segmente et dont les parties se différencient pour former les différents organesdu type spécifique qui l'a produit.

Les physiologistes ont découvert le rôle d'organismes microscopiques, expliqué lemécanisme du système nerveux, démonté les admirables instruments que sont les organes de nos sens.

Mais quandil s'agit de déterminer pourquoi cette petite masse de protoplasme devient un oiseau ou un homme, quelle est lanature de cette force mystérieuse qui la dirige vers la forme propre de l'espèce, la science positive en est au mêmepoint qu'au moyen âge et doit avouer qu'elle l'ignore.

Sans doute, il est des biologistes pour lesquels les phénomènesvitaux résultent des propriétés de la matière brute et d'autres qui estiment nécessaire de faire appel à l'existenced'un principe d'organisation distinct de la matière ; mais les uns et les autres, quand ils hasardent des hypothèsesde ce genre, quittent l'attitude positive, qui consiste à s'en tenir rigoureusement aux faits, pour se fairemétaphysiciens, cherchant à tirer des faits plus qu'il n'est immédiatement donné.

La science positive ignore donc lanature profonde de ce qui, en nous, nous paraît le plus facilement accessible, le corps ou l'organisme.A plus forte raison est-elle incapable de nous renseigner sur la nature du principe de la vie intérieure qu'on appellel'esprit ou l'âme.La psychologie est bien en retard sur les sciences de la nature : il faut l'avouer, les plus grands psychologuescontemporains ne connaissent guère mieux que Montaigne ou que Pascal le mécanisme du psychisme humain.

C'estque ce domaine de la recherche scientifique n'a pas bénéficié de découvertes qui, comme celle de la lunette deGalilée, constituent, dans les sciences de la nature, une véritable révolution.

Pour la connaissance de soi, lepsychologue du XXe siècle en est à peu près réduit, comme Montaigne et Pascal, à l'introspection qui reste aussidifficile et aussi suspecte d'erreur qu'au temps de Socrate.Néanmoins, la constitution d'une technique plus rigoureuse, la création de laboratoires de psychologie, surtout lagénéralisation de l'esprit expérimental, qui, venu de la physique, a pénétré peu à peu dans les recherches relatives àl'âme, ont fait faire de réels progrès à la connaissance de l'homme et ont élevé la psychologie au niveau de lascience positive.

Le psychologue moderne ne se contente pas, à la manière de La Bruyère ou de Pascal, de cesfines ou profondes remarques, résultat d'une longue attention à soi-même et aux autres : il procède à desobservations précises, effectue des mesures ou des dénombrements, multiplie les comparaisons, et par là obtientl'équivalent pratique de l'expérience.

Ainsi, il connaît plus exactement les faits et aboutit même à formuler de vraieslois.Mais quand on lui demande l'explication dernière de cette vie des sentiments et de la pensée à l'observation delaquelle il a consacré son existence, il se récuse : il ne lui appartient pas de résoudre ces problèmes de nature quirelèvent de la métaphysique.

Comme les sciences de la nature, la psychologie, science positive, se cantonne dansl'observation des faits ou des phénomènes ; si, d'aventure, le psychologue, se fondant sur ces faits, conclut à lanature du principe qui les explique, il procède en métaphysicien et non en chercheur positif.Nous pourrions faire des observations analogues à propos de la sociologie.

Le sociologue constate des rapports dedépendance étroite entre l'individu et le groupe auquel cet individu appartient.

Mais il ne lui est pas plus donné,comme un fait positif, de constater l'existence de cette âme collective, à laquelle l'Ecole sociologique a recours pourexpliquer le psychisme de l'individu, qu'il ne nous est donné d'observer l'âme individuelle indépendamment de sesétats et de ses actes.

Comme l'existence de l'âme individuelle, celle de l'âme collective est conclue : la thèsefondamentale de Durkheim est une thèse métaphysique et non une donnée de la science positive.Ne nous renseignant pas sur la nature de l'homme, la science positive est donc incapable à plus forte raison derésoudre le problème de sa destinée.

En second heu, déterminer la destinée de l'homme, c'est préciser ce qu'il doit être, fixer, parmi les diversesdirections qui s'offrent à lui, celle qu'il faut suivre.

Le moraliste qui établit quelle est la destinée humaine porte desjugements de valeur et promulgue des impératifs.Or, la science positive ne porte que des jugements d'existence ou de réalité ; elle constate, à l'indicatif, ce qui est,sans jamais songer à le prescrire comme un devoir.

Jamais, par conséquent, la science positive ne pourra déterminerquelle est notre destinée.Il ne suffit pas de constater que l'homme recherche le plaisir ou le bonheur : de ce fait, ne résulte pas que sa raisond'être est le plaisir ou le bonheur.

D'ailleurs, cette aspiration, toute incoercible qu'elle est, reste fort vague, et il estbien des façons de chercher à la satisfaire.

Qui nous dira celle qui est conforme à notre vocation ? Ce n'est pas lascience positive.

Accordons à Stuart Mill que quiconque a fait successivement l'expérience des plaisirs spirituels dela pensée ou de l'altruisme et celle des plaisirs sensibles reconnaît une plus grande valeur aux premiers, il n'enrésulterait pas pour cela que nous soyons appelés à ces plaisirs réputés supérieurs ; le conclure, ce seraits'accorder ce qui est en question, à savoir que la destinée de l'homme est le bonheur ou le plaisir.A plus forte raison, n'avons-nous pas le droit de conclure d'une orientation des êtres qui ne pensent pas à ladestinée de l'homme réfléchi et libre.

Admettons, pour ne pas entrer dans une discussion hors de propos, que le jeudes forces naturelles aboutit, par l'élimination du mal venu, à une amélioration progressive des espèces vivantes.

Ilne s'ensuit pas que cette sélection soit une fonction sacrée qu'il me soit interdit de contredire et que je doivefavoriser.

Poser en principe que tout ce que fait la nature est bien fait, c'est encore considérer comme évident cequi est en question.

D'ailleurs, il serait facile de montrer à quelles absurdités aboutirait un tel principe : la théorie de. »

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