Devoir de Philosophie

La science dans la poésie de Leconte de Lisle

Publié le 25/03/2011

Extrait du document

de lisle

Matière. — On s'est préoccupé beaucoup et l'on se préoccupe toujours de la question des rapports de la science et de la poésie montrez ce que la poésie de Leconte de Lisle doit à la science.

Plan proposé : N. B. — Les abréviations PA, PB signifient Poèmes Antiques, Poèmes barbares, et les numéros des pages sont ceux de l'édition elzévirienne, chez Lemerre. Introduction. — Quelques mots rapides sur les rapports de la science et de la poésie. Où se trouve le terrain de conciliation ? Là où l'esprit scientifique et l'esprit poétique, loin de se heurter l'un contre l'autre, s'aident l'un l'autre mutuellement. La loi scientifique formule une foule de phénomènes ; elle ne les représente pas ; derrière la formule, le poète voit surgir ces phénomènes multiples et vivants, il les évoque, il les représente d'une façon personnelle et colorée, mais c'est la même réalité qu'il s'efforce de saisir. Leconte de Lisle a-t-il appliqué cette méthode ? Est-il vrai de dire avec P. Bourget : « des yeux de poète ouverts sur des hypothèses de science, c'est presque la genèse entière des Poèmes antiques et des Poèmes barbares « ?

de lisle

« La religion indoue est peut-être celle qui permet d'établir le mieux le lien entre le dogme et les conditionsextérieures, mais la même harmonie est montrée entre la vie grecque et l'Olympe, entre la vie juive et Javeh, commeentre chacun de ces dieux et Les pays où le culte leur est rendu. B) L'autre grande théorie est celle de l'identité des espèces de la nature.

Cette hypothèse cosmogonique est visibleà chaque pas dans l'œuvre de Leconte de Lisle.

La créature, au début du monde, comme dans la suite la vieuniverselle, est une : Bhagavat (PA, p.

9), la Mort de Valmiki (PA, p.

37), la Genèse polynésienne (PB, p.

46).

Uneâme commune circule à travers tous les êtres, hommes, animaux, végétaux, éléments (les Hurleurs, PB, p.

173). Les paysages de Leconte de Lisle sont saisissants, parce que la plante y vit comme l'homme et l'animal.

C'est unpanthéisme sans solution de continuité.

Les éléphants, les condors, les panthères noires ont leurs tristesses et leursrêves, le soleil et les étoiles vivent et meurent comme nous. A') De ces deux théories, enveloppées dans un même phénoménisme, découle une philosophie pessimiste.

Lecontede Lisle revient sans cesse sur cette idée que tout est un perpétuel devenir, que les êtres et les choses sontemportés dans un fleuve incessant, et que cette fuite plonge l'âme dans une tristesse irrémédiable : Ultra Caelos(PB, p.

219), la Tristesse du diable (PB, p.

297).

Parmi les pessimistes du siècle, Leconte de Lisle garde unephysionomie spéciale, parce qu'il est, plus que les autres, un pessimiste scientifique.

Sans doute ce pessimisme tientà d'autres causes : a) A des causes personnelles : Requies (PB, p.

253, 259, 260) ; b) A des causes artistiques : ce dévot de la beauté voit son idéal souillé par le contact de la vie contemporaine(PA, p.

68 et 135) ; Dies Irae (PA, p.

313) ; Aux Modernes (PB, p.

356) ; c) Mais c'est bien à cause de sa philosophie scientifique que Leconte de Lisle lance ses anathèmes : il mauditl'impassibilité de la nature ou la constate avec le sang-froid de l'expérimentateur : la Fonlaine aux lianes (PB, p.

171); la Ravine Saint-Gilles (PB, p.

176).

Il maudit les religions, dures à leurs devancières et implacables à toutes lesautres : Niobé (PA, p.

155) ; Qaïn (PB, p.

15) ; le Runoïa (PB, p.

95), etc...

Il plie enfin son moi, malgré sesprotestations, devant la loi inéluctable qui dissout les corps et les âmes dans la vaste immensité : la Vision deBrahma (PA, p.

60) ; le Vent froid de la nuit (PB, p.

246) ; la Dernière Vision (PB, p.

248) ; le Corbeau (PB, p.

272,273). B') De là enfin cette conséquence logique : le culte de la mort.

Rapprochons Lucrèce et Leconte de Lisle, et nousverrons que cette exaltation vers le suicide vient des mêmes causes : Dies Irse (PA, p.

314) ; Aux Morls (PB, p.232) ; Fiat nox (PB, p.

239) ; Anathème (PB, p.

355) ; la Fin de l'homme (PB, p.

360). Conclusion.

— Nous avons essayé de séparer dans Leconte de Lisle le poète, du savant et du philosophe.

La tâchen'est pas toujours facile : c'est justement le mérite de la poésie scientifique que la poésie et la science se prêtentun mutuel appui.

Mais en vertu des tendances générales de son esprit, et d'ailleurs parti des théories de la sciencemoderne, Leconte de Lisle a dû à la science l'inspiration générale de son œuvre.

Par là il est un de ceux qui ontessayé de concilier la poésie et la science.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles