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La Science des rêves - FREUD

Publié le 17/09/2006

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« L'examen des idées spontanées qui se présentent au malade, s'il se soumet aux principales règles de la psychanalyse, n'est pas le seul moyen technique qui permette de sonder l'inconscient. Deux autres procédés conduisent au même but : l'interprétation des rêves et celle des erreurs et des lapsus... L'interprétation des rêves est, en réalité, la voie royale de la connaissance de l'inconscient, la base la plus sûre de nos recherches, et c'est l'étude des rêves, plus qu'aucune autre, qui vous convaincra de la valeur de la psychanalyse et vous formera à sa pratique. Quand on me demande comment on peut devenir psychanalyste, je réponds : par l'étude de ses propres rêves. Nos détracteurs n'ont jamais accordé à l'interprétation des rêves l'attention qu'elle méritait ou ont tenté de la condamner par les arguments les plus superficiels. Or, si on parvient à résoudre le grand problème du rêve, les questions nouvelles que soulève la psychanalyse n'offrent plus aucune difficulté. « (Extrait de la Troisième des Cinq leçons sur la psychanalyse données en Amérique et publiées en 1910.)

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« que semble offrir le « contenu manifeste » du rêve, et à s'appliquer à découvrir les « idées latentes », enrecherchant quelles associations déclenchent chacun de ses éléments.

Ces associations provoquées conduiront à ladécouverte des idées latentes du rêveur, de même que, tout à l'heure, nous voyions les associations déclenchéespar les divers symptômes nous conduire aux souvenirs oubliés et aux complexes du malade.

Ces « idées oniriqueslatentes », qui constituent le sens profond et réel du rêve, une fois mises en évidence, montrent combien il estlégitime de ramener les rêves d'adultes au type des rêves d'enfants.

Il suffit en effet de substituer au « contenumanifeste », si abracadabrant, le sens profond, pour que tout s'éclaire : on voit que les divers détails du rêve serattachent à des impressions du jour précédent et l'ensemble apparaît comme la réalisation d'un désir non satisfait.Le « contenu manifeste » du rêve peut donc être considéré comme la réalisation déguisée de désirs refoulés.Jetons maintenant un coup d'oeil sur la façon dont les idées inconscientes du rêve se transforment en « contenumanifeste ».

J'appellerai « travail onirique » l'ensemble de cette opération.

Elle mérite de retenir tout notre intérêtthéorique, car nous pourrons y étudier, comme nulle part ailleurs, quels processus psychiques insoupçonnés peuventse dérouler dans l'inconscient ou, plus exactement, entre deux systèmes psychiques distincts comme le conscientet l'inconscient.

Parmi ces processus, il convient d'en noter deux : la condensation et le déplacement.

Le travailonirique est un cas particulier de l'action réciproque des diverses constellations mentales, c'est-à-dire qu'il naîtd'une association mentale.

Dans ses phases essentielles, ce travail est identique au travail d'altération quitransforme les complexes refoulés en symptômes, lorsque le refoulement a échoué.Vous serez en outre étonnés de découvrir dans Pana-lyse des rêves, et spécialement dans celle des vôtres,l'importance inattendue que prennent les impressions des premières années de l'enfance.

Par le rêve, c'est l'enfantqui continue à vivre dans l'homme, avec ses particularités et ses désirs, même ceux qui sont devenus inutiles.

C'estd'un enfant, dont les facultés étaient bien différentes des aptitudes propres à l'homme normal, que celui-ci est sorti.Mais au prix de quelles évolutions, de quels refoulements, de quelles sublimations, de quelles réactions psychiques,cet homme normal s'est-il peu à peu constitué, lui qui est le bénéficiaire — et aussi, en partie, la victime — d'uneéducation et d'une culture si péniblement acquises!J'ai encore constaté, dans l'analyse des rêves (et je tiens à attirer votre attention là-dessus), que l'inconscient sesert, surtout pour représenter les complexes sexuels, d'un certain symbolisme qui, parfois, varie d'une personne àl'autre, mais qui a aussi des traits généraux et se ramène à certains types de symboles tels que nous les retrouvonsdans les mythes et dans 'les légendes.

Il n'est pas impossible que l'étude du rêve nous permette de comprendre àleur tour ces créations de l'imagination populaire.On a opposé, à notre théorie que le rêve serait la réalisation d'un désir, les rêves d'angoisse.

Je vous prieinstamment de ne pas vous laisser arrêter par cette objection.

Outre que ces rêves d'angoisse ont besoin d'êtreinterprétés avant qu'on puisse les juger, il faut dire que l'angoisse en général ne tient pas seulement au contenu durêve, ainsi qu'on se l'imagine quand on ignore ce qu'est l'angoisse des névrosés.

L'angoisse est un refus que le « moi» oppose aux désirs refoulés devenus puissants; c'est pourquoi sa présence dans le rêve est très explicable si lerêve exprime trop complètement ces désirs refoulés.Vous voyez que l'étude du rêve se justifierait déjà par les éclaircissements qu'elle apporte sur des réalités qui,autrement, seraient difficiles à comprendre.

Or, nous y sommes parvenus au cours du traitement psychanalytiquedes névroses 28.Il est bien possible que l'impression faite par ce passage sur ses auditeurs ait été celle d'aperçus provocants.

Il sepeut même que telle ait été l'intention de Freud; à moins qu'il n'ait eu le désir inconscient de se venger de lanégligence humiliante qui avait accueilli la première parution de son traité original sur le thème de l'interprétation desrêves.

Freud avait travaillé longtemps à ce traité, en avait retardé la publication plus longtemps encore.

Le traitéparut finalement le 4 novembre 1899, mais daté de 1900 par les éditeurs.Il pourrait sembler difficile à concevoir comment un livre, depuis reconnu comme un des grands classiques de lapensée humaine, put avoir un destin si désastreux, si humiliant lors de sa première édition.

L'impression originale futde 600 exemplaires; il fallut huit ans pour les vendre.

Dans les six semaines qui suivirent la publication, 123exemplaires furent vendus, mais seulement 228 autres dans les deux ans qui vinrent ensuite.

Et pourtant ce volumeest aujourd'hui considéré partout comme le plus grand des ouvrages freudiens; il se proposait une double tâche :une exposition complète de la théorie freudienne des rêves, et une confirmation des théories plus anciennes deFreud sur les mécanismes mentaux inconscients, brillamment illustrés d'exemples.

Freud lui-même ne douta jamais del'importance du livre et des découvertes qu'il présentait, lesquelles avaient transformé sa propre existence.

Sonverdict à ce sujet se fait jour dans une préface particulière qu'il écrivit trente-deux ans plus tard à l'intention del'édition anglaise :« Cet ouvrage, dont la contribution neuve à la psychologie surprit le monde au moment de sa publication (1900),reste essentiellement le même.

Il contient, fût-ce à m.es yeux d'aujourd'hui, les plus valables de toutes lesdécouvertes que j'ai eu la chance de faire.

Une intuition comme celle-ci ne se produit pas deux fois dans uneexistence.

»Quoi qu'il en fût, toute l'opposition que suscita l'ouvrage ne résulta pas d'une inconsciente résistance de la part deslecteurs.

Livre fascinant pour quelqu'un dont l'intérêt se trouve excité déjà, il est cependant beaucoup moinssatisfaisant qu'auraient pu le faire espérer l'importance de son thème et la transformation de son auteur après qu'ileut maîtrisé ce thème et terminé le volume.

Freud était lui-même très conscient de la difficulté fondamentale qu'ilavait rencontrée.

L'association libre, clé de son interprétation des rêves, ne lui permettait d'interpréter que dessonges apportés par ses malades, ou ceux de ses propres rêves qu'il avait personnellement analysés.

Il répugnait àn'employer que des fragments significatifs des rêves de ses patients anonymes, en raison surtout de la déjà familièrecritique formulée contre son œuvre, à savoir, qu'elle reposait au mieux sur des anormaux, au pis sur de parfaitsdéséquilibrés.

Mais lorsqu'il entreprit de rapporter ses propres rêves et leur interprétation, il se trouva constammentforcé de limiter son propos, par suite des exigences de sa propre discrétion personnelle.

Le critique Wittels observaque le résultat de ce dilemme, où Freud utilisa des fragments de rêves aussi bien de ses patients que de lui-même,fragments et interprétations souvent partiaux et non concluants, fut que « Freud se montre insuffisant précisément. »

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