Devoir de Philosophie

science-fiction, littérature de - littérature.

Publié le 28/04/2013

Extrait du document

science-fiction, littérature de - littérature. 1 PRÉSENTATION science-fiction, littérature de, ensemble des oeuvres de fiction qui, dans la littérature, le cinéma ou toute autre forme narrative, créent des métaphores de la science et de la culture en les transposant en d'autres temps ou d'autres espaces. 2 DÉFINITIONS 2.1 Science-fiction et anticipation Le terme de « scientifiction «, devenu science-fiction entre-temps, a été inventé en 1929 par un éditeur et auteur américain, Hugo Gernsback (1884-1967), qui écrit la première nouvelle considérée comme appartenant au genre, Ralph 124 C41+, et est également le fondateur du premier magazine de science-fiction, Amazing Stories. Le « roman d'anticipation «, précurseur du récit de science-fiction, est, lui, antérieur, représenté dès le XIXe siècle par les oeuvres d'auteurs comme Jules Verne ou Herbert George Wells. Comme son nom l'indique, le roman d'anticipation se préoccupe uniquement de l'avenir de l'humanité ; il se trouve à l'origine de la thématique « classique « de la science-fiction, où la place de la science est prépondérante. 2.2 Définition thématique ? La science-fiction n'est pas un « genre « au sens strict du terme puisqu'on ne peut la définir par des critères formels ; elle relève d'ailleurs de divers genres littéraires (nouvelle, roman, essai, etc.) ou extra-littéraires (cinéma, émission radiodiffusée, etc.). Sa définition semble donc plutôt passer par celle d'une thématique. Les oeuvres dites de science-fiction sont cependant d'une extrême diversité ; si leur point commun le plus flagrant semble être en effet d'ordre thématique, la profusion de sujets et de perspectives depuis les années 1960 rend désormais très malaisée une classification du « genre « par les thèmes abordés. Comment, alors, définir la science-fiction, et comment ses adeptes reconnaissent-ils sans aucune hésitation l'appartenance d'une oeuvre donnée à cette catégorie ? 2.3 Autonomie de la science-fiction Tout d'abord, la science-fiction est un « genre « particulièrement autonome, fermé sur lui-même. Un nombre écrasant d'écrivains de science-fiction sont d'anciens fans (admirateurs) qui choisissent de reprendre, pour leur rendre hommage ou les remettre en question, les thèmes des écrivains de la génération précédente. De même, la communication entre auteurs et lecteurs -- surtout dans le monde anglo-saxon -- est facilitée par les « fanzines «, ces magazines d'admirateurs qui publient nouvelles, essais et courriers sur cette littérature, permettant ainsi un intense échange d'idées. La science-fiction apparaît donc comme un monde accessible aux seuls « initiés « dotés d'une méthode d'accès, un monde avec ses codes et ses signes de reconnaissance particuliers : au premier rang de ceux-ci, on note l'utilisation d'un vocabulaire fabriqué ou détourné de son usage courant et souvent pseudo-scientifique (« antigravitation «, « androïde «, etc.), ainsi que le recours à des symboles ou des situations types telles que catastrophes nucléaires ou écologiques, altérations du temps ou de l'espace, vie extraterrestre, etc. Ce lexique et ces archétypes aident le lecteur à élaborer un monde imaginaire (ou seulement improbable), mais cela en empruntant des chemins qui ont toutes les apparences de la rationalité. 2.4 Un révélateur social De plus, au-delà de l'infinie diversité de ses thèmes, la science-fiction reflète les peurs, les espoirs et les questionnements fondamentaux de l'humanité, mais en les transposant dans des mondes non situés d'un point de vue spatial ou temporel : de ce fait, ces mondes peuvent être l'image de notre monde ou de n'importe quel monde. Cela se traduit, en matière de récit, par le choix de l'utopie (du grec « en aucun lieu «) et celui de l'uchronie (« hors de tout temps «, mot forgé par la sciencefiction à partir de la structure du mot « utopie «), qui deviennent les moyens de l'expression littéraire et de la liberté créatrice. 2.5 Thématique classique Si la science-fiction dite « classique «, celle des années trente à cinquante, est effectivement scientiste et semble pour le lecteur actuel se restreindre aux poncifs du genre, c'est qu'elle reflète l'inquiétude grandissante de l'opinion face au danger nucléaire à la suite du bombardement d'Hiroshima en 1945 (voir Nucléaires, armes). Elle exprime aussi la fascination de son époque pour les nouvelles possibilités offertes par la science, notamment avec les perspectives ouvertes par les débuts de la conquête spatiale (anticipée d'ailleurs dans de nombreux récits littéraires). Voir Espace, exploration de l'. Ainsi, le thème des guerres intergalactiques entre humains et extraterrestres ou celui des mutants, favoris des space-operas (« opéras de l'espace «) américains, sont-ils symptomatiques de la peur de « l'Autre « instillée aux États-Unis par les médias pendant la guerre froide. Mais ils traduisent aussi le sentiment que la science peut tout rendre possible et influer non seulement sur notre mode de vie, mais sur notre humanité même. 2.6 Évolution vers la « speculative fiction « À partir des années soixante, la thématique de la science-fiction se diversifie, transposant dans le domaine de l'imaginaire les préoccupations qui lui sont contemporaines : l'écologie, la crise du politique, la disparition de certains tabous concernant le sexe et la morale, l'essor des sciences humaines. La science-fiction exprime aussi à cette époque des doutes à l'égard du progrès technologique, se faisant ainsi l'écho de la critique du positivisme scientifique. Bien qu'inventé par un écrivain américain, Robert Heinlein, le terme de speculative fiction (« fiction spéculative «) est repris par les auteurs britanniques (John Brunner, Ian Watson), puis français pour désigner ce nouveau courant qui, tout en se situant dans une certaine tradition propre au genre, n'en revendique pas moins une plus grande liberté dans le choix des thèmes ainsi qu'un style plus travaillé, souhaitant faire accéder de ce fait la science-fiction au rang des littératures « adultes «. 2.7 Classification en sous-catégories La diversité des oeuvres de science-fiction engendre en fait plusieurs courants spécialisés chacun dans une thématique donnée. Certains courants correspondent à l'évolution du genre ; si les écrivains de la génération des années soixante-soixante-dix revendiquent le terme de « fiction spéculative «, la science-fiction de l'« âge d'or « américain (années trente à cinquante) est considérée par ses détracteurs comme relevant de la « science dure « (hard science). Parmi les courants spécialisés, l'heroic fantasy (« fantastique héroïque «) recycle les mythologies anciennes et l'univers médiéval, tout en utilisant les méthodes de projection de la science-fiction (Fritz Leiber, le Cycle des épées). Plus récemment, la vague du cyberpunk extrapole à partir du monde violent, déshumanisé et informatisé des villes contemporaines (anthologie Mozart en verres miroirs, 1986). La science-fiction n'est donc pas, semble-t-il, la littérature d'un « ailleurs « absolu ; au contraire, elle nous ramène à nos angoisses, échafaude des métaphores de notre vie matérielle et spirituelle, tout en se présentant souvent comme un moyen d'évasion. 3 SOURCE DE LA SCIENCE-FICTION La science-fiction s'est nourrie des mythes, des traditions et de l'imaginaire de la littérature de tous les temps. Les mythologies de l'Antiquité ne relèvent certes pas de la science-fiction, mais elles lui ont fourni certains de ses principaux thèmes ; c'est en ce sens uniquement qu'elles peuvent être considérées comme des précurseurs. Le thème de l'immortalité, cher à la science-fiction, est par exemple déjà évoqué dans le mythe babylonien appelé l'Épopée de Gilgamesh, qui traite aussi de la recherche de la connaissance absolue. Le désir de voler est au premier plan du mythe grec d'Icare (voir Dédale) : quant à l'Histoire véritable (v. 160 av. J.-C.) de Lucien de Samosate, elle traite déjà du voyage vers la Lune. Les récits de voyage et les contes mettant en scène d'étranges créatures dans de lointains pays sont par ailleurs répandus dans les littératures grecque et latine (comme dans le mythe de l'Atlantide). Par la suite, des voyages vers la Lune sont imaginés par quantité d'auteurs, comme Cyrano de Bergerac, l'astronome allemand Johannes Kepler ou William Godwin. Les histoires portant sur des voyages imaginaires, souvent satiriques, sont également légion depuis fort longtemps dans la littérature : l'un des meilleurs exemples reste sans nul doute les Voyages de Gulliver (1726), de Jonathan Swift. Un autre thème courant dans la science-fiction est l'utopie, qui consiste à imaginer des sociétés ou des mondes parfaits ; déjà au IVe siècle av. J.-C., Platon décrit une cité idéale dans la République. Il sera imité bien des siècles plus tard par Thomas More dans son ouvrage Utopie (1516). Cependant, la problématique de ces textes et leur fonction idéologique n'ont rien à voir avec celles de la science-fiction : ils sont situés dans un univers organisé et vraisemblable, et ont des motivations sociales, philosophiques ou religieuses plus ou moins affichées, qui les situent aux antipodes d'une littérature d'« évasion « manipulant les peurs contemporaines. La science-fiction telle qu'on l'entend aujourd'hui n'existerait pas sans les innovations littéraires qui ont accompagné les bouleversements de la révolution industrielle occidentale. Frankenstein (1818), de Mary Shelley, est probablement l'oeuvre la plus représentative de cette « inquiétude moderne « qui va favoriser la naissance de la science-fiction. Cet ouvrage, qui relate l'histoire tragique d'un médecin grisé par les possibilités nouvelles que lui donne la connaissance, est tout entier pénétré par la conviction du pouvoir illimité de la science et par la crainte de ses dangers. Mais Frankenstein est aussi un drame humain. De nombreux auteurs du XIXe siècle, tels que Nathaniel Hawthorne, Edgar Allan Poe et Mark Twain aux États-Unis, ainsi que Rudyard Kipling en Angleterre, abordent également la question de la connaissance, de la science et de ses débordements. 4 LA LITTÉRATURE DE SCIENCE-FICTION FRANÇAISE 4.1 Précurseurs En dehors de quelques nouvelles d'Edgar Allan Poe et avant le succès d'Herbert George Wells, le premier grand auteur de science-fiction (plus exactement de romans d'anticipation) est le Français Jules Verne. Ses oeuvres témoignent d'une grande connaissance des sciences et des technologies de son époque ainsi que d'un véritable don visionnaire qui permet à l'auteur d'imaginer les évolutions à venir de la science et de la société. Jules Verne traite de géologie en décrivant l'exploration des volcans dans Voyage au centre de la Terre (1864) ; il évoque la possibilité des voyages dans l'espace avec son roman De la Terre à la Lune (1865) et avec la Chasse aux météores (1877). Dans Vingt Mille Lieues sous les mers (1870), il imagine des sous-marins utilisant la radioactivité comme mode de propulsion et envisage la possibilité pour l'Homme de vivre dans un univers aquatique grâce à certaines techniques élaborées. D'autres auteurs lancés sur les traces de Jules Verne, comme Rosny aîné, Maurice Renard (1875-1939) ou Régis Messac (1893-1943), contribuent à développer le genre, tout en témoignant d'un pessimisme certain. 4.2 Période contemporaine Dépréciée par la critique littéraire et par certains auteurs qui la considèrent comme un genre inférieur, la science-fiction en France connaît pourtant un regain d'intérêt grâce notamment à René Barjavel ; ses récits Ravage (1943), le Voyageur imprudent (1944) et la Nuit des temps (1968) illustrent fort bien ce que l'on appelle alors l'« utopie négative «. Cette dernière dépeint des univers dotés d'une technologie avancée, où l'homme est réduit en esclavage (régime totalitaire, prise de pouvoir par les machines ou par des créatures supérieures), ou bien aliéné (dans son corps ou dans son âme) par la prolifération technologique. Ainsi, dans Ravage, une simple panne d'électricité généralisée parvient à détruire une civilisation entière ; celle-ci, totalement dépendante de sa technologie, se voit alors forcée de retourner à la vie sauvage. Jusque dans les années soixante-dix, l'audience de la science-fiction se restreint à un cercle de passionnés : elle s'enrichit alors d'une dimension sociale et politique. Cette nouvelle tendance est notamment illustrée par Jean-Pierre Andrevon (né en 1937 ; les Hommes-machines contre Gandahar, 1969), Charles Duits, qui, dans son Ptah Hotep (1971), crée un langage extraterrestre, Michel Jeury (le Temps incertain) et Philippe Curval (Cette chère humanité, 1976). La science-fiction sait s'imposer au fil des années dans l'espace littéraire français, et suscite parfois l'intérêt d'auteurs confirmés de littérature générale. Ainsi Robert Merle aborde-t-il la science-fiction, notamment avec Malevil (1972), où il imagine la régression d'un groupe d'individus rescapés d'une catastrophe nucléaire. 5 LA LITTÉRATURE DE SCIENCE-FICTION ANGLAISE 5.1 Précurseurs L'Angleterre victorienne, où ont été écrits les chefs-d'oeuvre du roman gothique (Ann Radcliffe, Horace Walpole), fournit nombre de ses grands thèmes au fantastique et à la science-fiction. Les histoires d'espèces éteintes et de mondes inexplorés y sont déjà fort populaires, ainsi qu'en témoignent les ouvrages d'Henry Rider Haggard (She) parus dans les années 1880. Le Monde perdu, de sir Arthur Conan Doyle, est publié en 1912. 5.2 Grands auteurs classiques Le premier écrivain majeur de science-fiction britannique, qui est également considéré comme l'un des pères de la science-fiction moderne, est H. G. Wells. Plus intéressé par la biologie et l'évolution des espèces que par les sciences physiques, et plus concerné par les conséquences sociales des inventions que par leurs applications technologiques, Wells écrit des histoires de science-fiction où dominent le réalisme et un pessimisme ironique. Sa réputation est acquise dès 1895 avec la publication de la Machine à explorer le temps, bientôt suivie de l'Île du docteur Moreau (1896), l'Homme invisible (1897), la Guerre des mondes (1898) et les Premiers Hommes dans la Lune (1901). D'autres ouvrages d'anticipation, par leur dimension prophétique dans le domaine social ou politique, sont aujourd'hui considérés comme des classiques et connaissent un succès international, comme le Meilleur des mondes (1932), d'Aldous Huxley, et 1984 (1949), de George Orwell. 5.3 Nouvelle vague C'est à partir du milieu des années soixante qu'apparaît la « nouvelle vague « de la science-fiction, montrant un intérêt nouveau pour les valeurs et les sciences humaines, mais aussi pour l'expérimentation stylistique. Se réclamant de la « fiction spéculative «, ce courant se caractérise par une attitude extrêmement critique face à la science, et par des engagements politiques et moraux qui reflètent bien les débats d'idées dominant cette époque. Les écrivains britanniques les plus remarquables de cette génération sont Christopher Priest (le Monde inverti, 1974), John Brunner (Tous à Zanzibar, 1968) et Ian Watson, auteur d'un remarquable roman sur le langage, l'Enchâssement (1973). 6 LA LITTÉRATURE DE SCIENCE-FICTION AMÉRICAINE La science-fiction occupe une place notable dans la littérature américaine contemporaine. Jack London est le meilleur représentant du genre au début du siècle avec des romans comme le Talon de fer (1907), qui annonce les dangers du fascisme. 6.1 Principaux auteurs L'« âge d'or « de la science-fiction américaine voit une pléiade d'écrivains apparaître entre les années trente et cinquante. Parmi ceux-ci, Robert Heinlein (1907-1988) traite de façon rigoureuse de l'extrapolation scientifique. Mais le romancier le plus populaire de cette génération demeure Isaac Asimov, auteur prolifique de sagas futuristes comme le cycle de Fondation, mais aussi grand vulgarisateur scientifique. Ray Bradbury, lui, s'impose surtout par à un imaginaire riche, poétique et désabusé (qui caractérise notamment ses Chroniques martiennes, 1950), ou par sa critique du totalitarisme (Fahrenheit 451, 1953). Frank Herbert (1920-1986) est un auteur représentatif des romanciers « faiseurs de monde «, puisqu'il tente de recréer de toutes pièces un univers politique et physique, cohérent mais complètement imaginaire, dans le gigantesque cycle composé de Dune (1965) et dans les ouvrages qu'il écrit par la suite. Sans toujours se réclamer de la « fiction spéculative « chère aux Européens, de nombreux auteurs américains remettent en cause la thématique de la science-fiction traditionnelle. Parmi ceux-ci, dès les années cinquante, Philip José Farmer fait scandale et choque le puritanisme américain en imaginant des relations sexuelles extrahumaines (les Amants étrangers, 1961). L'oeuvre de Philip K. Dick (1928-1982), pour sa part, est un questionnement obsessionnel et mystique sur l'existence de la réalité (Ubik, 1969), tandis que celle d'Ursula Le Guin (née en 1929) témoigne d'un engagement politique et féministe (la Main gauche de la nuit, 1969). 6.2 Succès du genre Aux États-Unis, la science-fiction est un genre littéraire d'importance qui représente aujourd'hui environ 10 p. 100 des oeuvres de fiction publiées. Les magazines de science-fiction ont joué un rôle important dans ce succès, même s'ils ont privilégié au départ la peinture du merveilleux scientifique aux dépens de la qualité littéraire et stylistique. En 1926, lorsque Hugo Gernsback fonde le premier magazine du genre, Amazing Stories, il a pour objectif d'utiliser la science-fiction comme un outil de diffusion des connaissances scientifiques. Mais peu à peu, les revues de science-fiction comme Analog (ou New Worlds en Grande-Bretagne) deviennent littéraires à part entière. 7 LA SCIENCE-FICTION RUSSE ET D'EUROPE DE L'EST Parmi les écrivains d'Europe de l'Est figurent certains des fondateurs de la science-fiction moderne : c'est le cas du Tchèque Karel ?apek qui, dans sa pièce R.U.R. (Rossum's Universal Robots, 1920), met en scène des créatures artificielles et crée pour les désigner le terme de « robot « (du verbe tchèque roboti, « travailler «). 7.1 Fonction politique La science-fiction se développe aussi dès les années vingt en Russie soviétique. Le genre, dénommé « fantastique scientifique « (naoutchnaïa fantastika), se révèle être davantage un outil de propagande, destiné à annoncer l'avenir radieux de la société socialiste, qu'une catégorie littéraire libre et créative. Certains auteurs, malgré la censure, produisent cependant des oeuvres d'importance, comme Ievgueni Zamiatine avec l'anti-utopie Nous Autres (1920), qui inspire George Orwell pour son roman 1984. 7.2 Époque contemporaine Les plus grands écrivains russes de science-fiction moderne sont les frères Arcadi et Boris Strougatski, auteurs de Stalker (1972), porté à l'écran par Andreï Tarkovski. Le Polonais Stanislas Lem est également l'un des grands talents de la sciencefiction d'Europe de l'Est ; son roman Solaris (1961) a été également adapté par Tarkovski. 8 LA SCIENCE-FICTION AU CINÉMA Une majorité de films de science-fiction sont des adaptations d'oeuvres littéraires (ou de bandes dessinées). Le cinéma a souvent mis l'accent sur le côté spectaculaire de la science-fiction, multipliant les catastrophes naturelles ou scientifiques, les interventions d'envahisseurs, créatures étranges ou extraterrestres. 8.1 Premières réalisations Le film le plus ancien à traiter d'anticipation est le Voyage dans la Lune, de Georges Méliès (1902). Thomas Edison met en scène pour sa part un Voyage sur Mars en 1910. Le cinéaste expressionniste allemand Fritz Lang réalise un film visionnaire, Metropolis (1926), qui reprend les motifs du savant fou et de la dérive technologique. De nombreux films mettent en scène les monstrueuses créatures inventées par la littérature ; parmi eux citons Frankenstein (1931) de James Whale, Dracula (1931) de Tod Browning, la Momie (1932) de Karl Freund, King Kong (1933) de Merian Cooper et Ernst B. Schoedsack, et l'Homme invisible (1933), adaptation du roman de H. G. Wells par James Whale. Le producteur et metteur en scène George Pal réalise lui aussi plusieurs films d'après l'oeuvre de Wells, comme la Guerre des mondes (1953) et la Machine à explorer le temps (1960). De nombreux films des années cinquante adaptent les thèmes favoris de la science-fiction classique comme Planète interdite (1956) de Fred M. Wilcox, ou l'Invasion des profanateurs de Sépultures (1956) de Don Siegel ; les années soixante et soixante-dix donnent la Planète des singes (1968), adaptation du roman de Pierre Boulle par Franklin J. Schaffner, et Rencontre du troisième type (1977) de Steven Spielberg. 8.2 Époque contemporaine 2001 : l'Odyssée de l'espace (1968) de Stanley Kubrick, est l'une des plus grandes réussites du film de science-fiction, dépassant de loin, par son propos, le simple space-opera de divertissement. La Guerre des étoiles (1977), produit et réalisé par George Lucas, constitue, avec les deux volets qui l'ont suivi (L'Empire contre-attaque et le Retour du Jedi), l'un des plus grands succès cinématographiques du box-office, avec le film E.T. (1982), réalisé par Steven Spielberg, et Independence Day (1996) de Roland Emmerich. En marge de ce cinéma commercial, de grands cinéastes se sont intéressés à la science-fiction, qui leur sert de prétexte pour développer une réflexion plus poussée, morale, politique ou philosophique. Le plus remarquable d'entre eux est certainement Andreï Tarkovski, qui réalise deux chefs-d'oeuvre du genre, Solaris (1972) et Stalker (1979). En France, Alphaville (1965) de Jean-Luc Godard, qui décrit un monde totalitaire sans pitié, est également une grande oeuvre de politiquefiction. 9 LA SCIENCE-FICTION À LA RADIO ET À LA TÉLÉVISION En 1938, Orson Welles adapte pour une radio américaine le célèbre roman de H. G. Wells, la Guerre des mondes. Le récit, qui annonce une invasion de la Terre par les Martiens, est lu par Welles sur les ondes avec une telle conviction qu'il provoque une immense panique chez les auditeurs. Quelques années plus tard, des bandes dessinées populaires comme Superman ou Batman sont adaptées pour le petit écran, tandis que se développent avec grand succès des feuilletons comme Star Trek, Cosmos 1999, V, la Quatrième Dimension, etc. Aujourd'hui, la série américaine X-files (« Aux frontières du réel «), qui connaît dans le monde entier un succès spectaculaire, reprend habilement les thèmes classiques de la science-fiction en les adaptant aux peurs contemporaines : entre autres, extraterrestres, catastrophes écologiques et nucléaires, manipulations génétiques, intelligence artificielle, influence des médias sur le comportement, complot international. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« sexe et la morale, l’essor des sciences humaines.

La science-fiction exprime aussi à cette époque des doutes à l’égard du progrès technologique, se faisant ainsi l’écho de la critique du positivisme scientifique.

Bien qu’inventé par un écrivain américain, Robert Heinlein, le terme de speculative fiction (« fiction spéculative ») est repris par les auteurs britanniques (John Brunner, Ian Watson), puis français pour désigner ce nouveau courant qui, tout en se situant dans une certaine tradition propre au genre, n’en revendique pas moins une plus grande liberté dans le choix des thèmes ainsi qu’un style plus travaillé, souhaitant faire accéder de ce fait la science-fiction au rang des littératures « adultes ». 2. 7 Classification en sous-catégories La diversité des œuvres de science-fiction engendre en fait plusieurs courants spécialisés chacun dans une thématique donnée.

Certains courants correspondent à l’évolution du genre ; si les écrivains de la génération des années soixante-soixante-dix revendiquent le terme de « fiction spéculative », la science-fiction de l’« âge d’or » américain (années trente à cinquante) est considérée par ses détracteurs comme relevant de la « science dure » (hard science). Parmi les courants spécialisés, l’ heroic fantasy (« fantastique héroïque ») recycle les mythologies anciennes et l’univers médiéval, tout en utilisant les méthodes de projection de la science-fiction (Fritz Leiber, le Cycle des épées ).

Plus récemment, la vague du cyberpunk extrapole à partir du monde violent, déshumanisé et informatisé des villes contemporaines (anthologie Mozart en verres miroirs, 1986). La science-fiction n’est donc pas, semble-t-il, la littérature d’un « ailleurs » absolu ; au contraire, elle nous ramène à nos angoisses, échafaude des métaphores de notre vie matérielle et spirituelle, tout en se présentant souvent comme un moyen d’évasion. 3 SOURCE DE LA SCIENCE-FICTION La science-fiction s’est nourrie des mythes, des traditions et de l’imaginaire de la littérature de tous les temps.

Les mythologies de l’Antiquité ne relèvent certes pas de la science-fiction, mais elles lui ont fourni certains de ses principaux thèmes ; c’est en ce sens uniquement qu’elles peuvent être considérées comme des précurseurs. Le thème de l’immortalité, cher à la science-fiction, est par exemple déjà évoqué dans le mythe babylonien appelé l’ Épopée de Gilgamesh, qui traite aussi de la recherche de la connaissance absolue.

Le désir de voler est au premier plan du mythe grec d’Icare ( voir Dédale) : quant à l’ Histoire véritable (v.

160 av.

J.-C.) de Lucien de Samosate, elle traite déjà du voyage vers la Lune.

Les récits de voyage et les contes mettant en scène d’étranges créatures dans de lointains pays sont par ailleurs répandus dans les littératures grecque et latine (comme dans le mythe de l’Atlantide). Par la suite, des voyages vers la Lune sont imaginés par quantité d’auteurs, comme Cyrano de Bergerac, l’astronome allemand Johannes Kepler ou William Godwin.

Les histoires portant sur des voyages imaginaires, souvent satiriques, sont également légion depuis fort longtemps dans la littérature : l’un des meilleurs exemples reste sans nul doute les Voyages de Gulliver (1726), de Jonathan Swift.

Un autre thème courant dans la science-fiction est l’utopie, qui consiste à imaginer des sociétés ou des mondes parfaits ; déjà au IVe siècle av.

J.-C., Platon décrit une cité idéale dans la République. Il sera imité bien des siècles plus tard par Thomas More dans son ouvrage Utopie (1516). Cependant, la problématique de ces textes et leur fonction idéologique n’ont rien à voir avec celles de la science-fiction : ils sont situés dans un univers organisé et vraisemblable, et ont des motivations sociales, philosophiques ou religieuses plus ou moins affichées, qui les situent aux antipodes d’une littérature d’« évasion » manipulant les peurs contemporaines. La science-fiction telle qu’on l’entend aujourd’hui n’existerait pas sans les innovations littéraires qui ont accompagné les bouleversements de la révolution industrielle occidentale. Frankenstein (1818), de Mary Shelley, est probablement l’œuvre la plus représentative de cette « inquiétude moderne » qui va favoriser la naissance de la science-fiction.

Cet ouvrage, qui relate l’histoire tragique d’un médecin grisé par les possibilités nouvelles que lui donne la connaissance, est tout entier pénétré par la conviction du pouvoir illimité de la science et par la crainte de ses dangers.

Mais Frankenstein est aussi un drame humain.

De nombreux auteurs du XIX e siècle, tels que Nathaniel Hawthorne, Edgar Allan Poe et Mark Twain aux États-Unis, ainsi que Rudyard Kipling en Angleterre, abordent également la question de la connaissance, de la science et de ses débordements. 4 LA LITTÉRATURE DE SCIENCE-FICTION FRANÇAISE 4. 1 Précurseurs En dehors de quelques nouvelles d’Edgar Allan Poe et avant le succès d’Herbert George Wells, le premier grand auteur de science-fiction (plus exactement de romans d’anticipation) est le Français Jules Verne.

Ses œuvres témoignent d’une grande connaissance des sciences et des technologies de son époque ainsi que d’un véritable don visionnaire qui permet à l’auteur d’imaginer les évolutions à venir de la science et de la société. Jules Verne traite de géologie en décrivant l’exploration des volcans dans Voyage au centre de la Terre (1864) ; il évoque la possibilité des voyages dans l’espace avec son roman De la Terre à la Lune (1865) et avec la Chasse aux météores (1877). Dans Vingt Mille Lieues sous les mers (1870), il imagine des sous-marins utilisant la radioactivité comme mode de propulsion et envisage la possibilité pour l’Homme de vivre dans un univers aquatique grâce à certaines techniques élaborées. D’autres auteurs lancés sur les traces de Jules Verne, comme Rosny aîné, Maurice Renard (1875-1939) ou Régis Messac (1893-1943), contribuent à développer le genre, tout en témoignant d’un pessimisme certain. 4. 2 Période contemporaine Dépréciée par la critique littéraire et par certains auteurs qui la considèrent comme un genre inférieur, la science-fiction en France connaît pourtant un regain d’intérêt grâce notamment à René Barjavel ; ses récits Ravage (1943), le Voyageur imprudent (1944) et la Nuit des temps (1968) illustrent fort bien ce que l’on appelle alors l’« utopie négative ».

Cette dernière dépeint des univers dotés d’une technologie avancée, où l’homme est réduit en esclavage (régime totalitaire, prise de pouvoir par les machines ou par des créatures supérieures), ou bien aliéné (dans son corps ou dans son âme) par la prolifération technologique.

Ainsi, dans Ravage, une simple panne d’électricité généralisée parvient à détruire une civilisation entière ; celle-ci, totalement dépendante de sa technologie, se voit alors forcée de retourner à la vie sauvage. Jusque dans les années soixante-dix, l’audience de la science-fiction se restreint à un cercle de passionnés : elle s’enrichit alors d’une dimension sociale et politique.

Cette nouvelle tendance est notamment illustrée par Jean-Pierre Andrevon (né en. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles