Une science humaine est-elle une science comme une autre ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
xxx ?
Ne serait-ce qu'à considérer les questions qu'elles soulèvent concernant leur place au sein du champ scientifique, ce que nous apprennent les sciences humaines, par la réflexion qu'elles se sont trouvées contraintes de développer sur elles-mêmes, est ainsi tout à fait considérable et engage des questions aussi philosophiquement centrales que celles des limites auxquelles pourrait se trouver confrontée la recherche de la vérité si elle n'intégrait pas à ses exigences d'objectivité celle d'une prise en compte suffisamment fine de la diversité des ordres du réel (phénomènes naturels, phénomènes de la vie, phénomènes de l'humain).
«
(Le langage, L, ES, I, 1)
Mais discipline par rapport à laquelle la philosophie, pour
continuer de revendiquer le langage comme l'un de ses objets
d'interrogation, a dû spécifier sa propre problématique
directrice comme résidant dans celle du « langage vrai », des
conditions auxquelles doit satisfaire un énoncé langagier pour
prétendre avoir une valeur de vérité.
Un principe de sage
division des tâches concernant l'étude du langage suffisait
ici pour régler les querelles intervenant dans la délimitation
des territoires respectifs de chaque discipline.
Dans cette délimitation intervenue aisément entre philosophie
du langage et philologie, on voit cependant poindre un motif
de conflit et de rivalité qui ne prendra toute son ampleur que
dans un autre contexte, beaucoup plus contemporain, où il
s'agira pour la philosophie de confronter son approche du
langage et celle de la linguistique.
Ce qui émerge en effet
déjà avec la philologie, c'est la perspective d'une
connaissance scientifique de ce qui touche au langage.
Cette
perspective s'est trouvée renforcée, au tournant du XIXe au
XXe siècle, par la mise en œuvre, sous le nom de linguistique,
du projet d'une connaissance objective et systématique de la
réalité des faits de langage.
Le nom de Ferdinand de Saussure reste associé à ce qui se
présenta comme une véritable révolution dans les recherches
sur le langage.
On se demandera plus attentivement, ci-
dessous, comment apprécier aujourd'hui la portée de cette
révolution.
D'un point de vue méthodologique, elle consista en
tout cas pour l'essentiel, négativement, à mettre entre
parenthèses certaines questions privilégiées par la
philosophie.
Ainsi procéda-t-on avec la question de l'origine
des langues, au compte du fait qu'il n'en est pas de
traitement scientifique possible et qu'elle ouvre sur de pures
spéculations métaphysiques.
Plutôt que de spéculer sur l'invention du langage ou sur
l'« exactitude des noms », Saussure confia à la linguistique
la tâche exclusive de décrire le fonctionnement du langage
compris comme instrument de communication.
Il s'agissait
désormais de partir des « faits de langage » pour dégager
uniquement les structures qui ont une fonction universelle
dans la communication langagière.
(Le langage, L, ES, I, 2)
N'entrons pas plus avant, pour l'instant, dans la question de
savoir ce qu'induisait, non seulement dans la compréhension du
langage, mais dans celle de l'homme comme animal possédant le
langage, un tel changement dans l'orientation même de la
recherche.
Au-delà de simples luttes d'influence entre
disciplines rivales, la façon dont les sciences humaines sont
ainsi, bien souvent, entrées en relation de concurrence avec
la philosophie sur les mêmes objets soulève au moins deux
ordres, très différents, de questions :
000200000D060000191A qu'est-ce que l'homme ? ») en une série
d'investigations isolées les unes des autres, les sciences
humaines nous apprennent-elles à renoncer à toute conception
unifiée de l'humain ? N'y a-t-il plus désormais que des
phénomènes humains aussi irréductibles les uns aux autres que
peuvent l'être les hommes eux-mêmes ? En ce sens, faut-il
2.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- L’accroissement de la science est-il un progrès pour l’espèce humaine ?
- Comte, la Science sociale (extrait) Avec un souci pédagogique proprement « positif », Comte expose la loi des trois états -- théologique, métaphysique et positif -- par lesquels passent successivement tous les produits de la pensée humaine.
- Une science humaine est-elle possible?
- La science positive est-elle capable de donner une réponse valable au problème de la destinée humaine ?
- Au terme de l'Avant-propos placé en tête de son livre Matière et Lumière, Louis de Broglie écrit : « On peut légitimement aimer la science pour ses applications, pour les soulagements et les commodités qu'elle a apportés à la vie humaine, sans oublier toutefois que la vie humaine restera toujours, de par sa nature même, précaire et misérable. Mais on peut, pensons-nous, trouver une autre raison d'aimer l'effort scientifique, en appréciant la valeur de ce qu'il représente. En effet, com