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La science peut-elle atteindre la réalité ultime ?

Publié le 23/02/2004

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Faut-il prendre le mot au sens de vérifiable ? En ce cas le pragmatisme est très acceptable. Descartes lui-même, si attaché qu'il fût aux « idées innées » et aux évidences pures, reconnaissait qu'il se rencontre « beaucoup plus de vérité dans les raisonnements que chacun fait touchant les affaires qui lui importent et dont l'événement le doit punir bientôt après s'il a mal jugé, que dans ceux que fait un homme de lettres dans son cabinet touchant des spéculations qui ne produisent aucun effet. » Malheureusement le mot « utile » tel qu'il est employé par les pragmatistes a le sens le plus large et le plus vague. James n'a jamais rien fait pour en dissiper l'équivoque : « Ce qui est vrai c'est ce qui est avantageux de n'importe quelle manière. » Ainsi une loi physique ou chimique est vraie si elle a des applications techniques fécondes. Mais aussi une croyance politique est vraie si elle me donne « bonne conscience », si elle me justifie ; une théorie philosophique est vraie si elle calme mes inquiétudes, si elle assure « mon confort intellectuel », une religion est vraie si elle est consolante, si elle me permet de m'améliorer moralement. L'idée de Dieu est comme toutes les autres idées, elle n'est vraie que si elle est rentable et James déclare sans ambages : « Dieu est une chose dont on se sert. »   « Je dois d'abord vous rappeler ce fait que posséder des pensées vraies, c'est, à proprement parler, posséder de précieux instruments pour l'action. Je dois aussi vous rappeler que l'obligation d'acquérir ces vérités, bien loin d'être une creuse formule impérative tombée du ciel, se justifie, au contraire, par d'excellents raisons techniques.

« [L'objectivité de la science ne doit pas nous laisser croire que cette dernière a accès à une réalité ultime ou à l'essence des choses.] Le caractère falsifiable des théories scientifiquesEn effet, au sein même des connaissances scientifiques, la vérité a une histoire : elle est remise en question,modifiée, voire contredite par de nouvelles théories.

Il semble même que cela soit le propre de toute scienceque d'être ouverte sur son propre dépassement, car les concepts scientifiques sont des constructions del'esprit confronté aux multiples obstacles épistémologiques qui agissent tout au long de la recherchescientifique (cf.

textes de Bachelard).C'est l'idée de progrès qui permet de dire qu'une connaissance scientifique est à la fois vraie et provisoire.

Encela, la science est en effet une suite d'erreurs rectifiées, comme dit Bachelard.

Et l'on peut trouver, aussibien dans les obstacles qui se présentent à l'esprit dans son travail, que dans les résultats obtenus grâce àcette lutte incessante contre ces obstacles (passage d'un système explicatif à un autre, par exemple, dePtolémée à Copernic), des modifications importantes, voire radicales, qui permettent de dire qu'uneconnaissance peut être à la fois vraie (à un moment) et provisoire (car dépassée par une autre).

Lutteincessante entre le vrai et le faux dans l'histoire.

Bref, le provisoire renvoie au faux, à l'erreur.L'une des conséquences de la découverte de la théorie de la relativité générale est que la physiquenewtonienne ne peut plus ê considérée comme une vérité indiscutable.

Ce qui repose le problème de façontoute différente de celle de Kant envisagea.

Popper a donc repris l'enquête.En 1919, Popper est âgé de 17 ans et vit à Vienne.

A l'époque, deux sujets passionnent la jeunesse : lapsychanalyse et la relativité.

La psychanalyse frappe particulièrement les esprits par sa capacité à toutexpliquer : vous aimez votre mère ou non, cela résulte de toute façon de votre complexe d'oedipe, qui, dèslors, devient irréfutable.

Aucun événement ne peut prendre en défaut la psychanalyse.

Au contraire, certainsrésultats de mesure réfuteraient la relativité.

L'apport majeur de Popper est d'avoir est d'avoir interprétél'irréfutabilité d'une thèse comme une faiblesse plutôt qu'une force.Selon Popper, l'appréhension kantienne de la connaissance n'est pas choquante parce qu'elle est absurde,mais parce que trop radicale.

Certes, l'entendement prescrit ses lois à la nature, mais la nature peut résister.Le scientifique forme une conjecture, une théorie, puis tente une expérience pour la confirmer.

L'expérienceinfirme ou pas la théorie.

La nature peut contredire l'esprit humain.

Kant, dit Popper, a eu raison de soulignerque toute connaissance est modelée par notre esprit.

Faut-il en conclure pour autant que l'on obtient ainsiune connaissance absolue ? A la formule de kant, Popper substitue une proposition moins catégorique : «L'entendement ne puise pas ses lois dans la nature, mais tente –en y réussissant dans des proportionsvariables- de lui prescrire des lois librement inventées par lui.

» L'esprit ne produit pas des certitudes maisseulement des conjectures.

Et attention : une conjecture confirmée par les faits n'est pas pour autantprouvée.

Les mesures ont confirmé la conjecture newtonienne.

Pourtant –et Hume l'avait bien compris -, lamécanique newtonienne restait une croyance : elle est réfutée aujourd'hui par la mesure sur le périhélie deMercure, la rotation (« précession ») de celui-ci n'étant pas celle qu'avait prévu la mécanique newtonienne.Nos certitudes dit Popper, ne portent que sur ce qui est faux.

Impossible de prouver que l'affirmation « tousles cygnes sont blancs » est vraie.

Le fait de n'avoir jamais observé un cygne qui ne soit pas blanc ne prouvepas la véracité de cette affirmation.

Par contre, un seul cygne noir suffit à le réfuter.

Une conjecture est unesynthèse entre la soumission à l'expérience et la nécessité de construire au-delà de l'expérience.

On peutprouver qu'une théorie est fausse – à partir du moment où elle s'engage sur es prédictions -, mais jamaisqu'elle est vraie.

Les théories réputées vraies sont des conjectures.

La science avance en émettant desconjectures qu'elle tente de réfuter.Popper en déduit un critère de démarcation entre ce qui est scientifique et ce qui ne l'est pas, entre physiqueet métaphysique.

Pour lui est scientifique toute théorie réfutable, c'est-à-dire toute théorie qui admet quecertains résultats l'infirmeraient.

N'est pas scientifique, au contraire, toute théorie qui, comme lapsychanalyse ou le marxisme, Popper dixit, reste valable quelles que soient les observations. La réalité évolueLes lois universelles et immuables sont un mythe.

Au souci du pourquoi se substitue celui du comment, dansun monde où l'esprit et son environnement interagissent l'un sur l'autre: «Le monde lui-même est entransformation...

La réalité n'est pas nouée en un paquet sans (...) aboutissements inachevés ou nouveauxdéparts.» [Essais philosophiques et psychologiques.

) La science est au service de la prévoyance et de l'utilité socialeSi l'instrumentalisme fait de la science une règle d'action, c'est afin de tirer de conséquences passées denouvelles hypothèses de travail.

Selon une morale d'usage, l'adaptabilité des idées à notre environnementrépond à la recherche d'un bien social communautaire.

La science doit définir les besoins de la société et yremédier.. »

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