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La science peut elle expliquer l'homme sans nier sa valeur de sujet ?

Publié le 12/10/2005

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On assiste, par exemple, à l'apparition d'une sociologie (qu'A. Comte définit comme une «physique sociale») basée sur la statistique sociale, ou d'une psychologie basée sur une psychométrie mesurant les phénomènes psychiques en intensité/en fréquence ou en durée ; - des phénomènes obéissant aux lois d'un déterminisme mécanique. * Un double écueil Les sciences humaines d'inspiration positiviste prétendent donc ramener la réalité humaine à des normes expérimen-tales et objectives dont elles proclament l'universalité. Ce faisant : 1) Elles réduisent l'homme à un pur objet, une chose parmi les choses, ce qu'il n'est pas puisque sa réalité dernière est d'être sujet. L'homme en effet n'est pas simplement un objet de la connaissance, quelque chose qui peut être connu, il est le sujet de cette connaissance, celui qui connaît. Or, en ne considérant de l'homme que ce qui est objectivable, ces sciences n'atteignent jamais le sujet humain en tant que conscience. 2) Elles morcellent l'homme réduit à une chose en une multitude de fragments dont chacun fait l'objet d'une science particulière. Mais elles se révèlent incapables de reconstituer ce qu'elles ont brisé en rendant compte au sein d'une science de l'homme unitaire. Cette impossibilité de constituer une science unique reste d'ailleurs le problème central des sciences de l'homme, quels que soient leurs inspirations et leurs fondements épistémologiques. b) Le structuralisme * Le courant structuraliste dans les sciences humaines prolonge celui du positivisme dans la mesure où il s'efforce de fonder les sciences humaines sur des bases rigoureuses en prenant cette fois pour modèle le formalisme axiomatique des mathématiques.

« l'homme comme un pur objet et non comme un sujet, le dépouillant du même coup de ce qui lui est propre (saconscience avec ses intentions et ses significations), et qu'elles devenaient ainsi des sciences de l'homme sansl'homme. • C'est le désir de retrouver l'homme et de le comprendre comme sujet, c'est-à-dire dans sa spécificité profonde etessentielle, qui a orienté certains courants des sciences humaines vers une approche plus phénoménologique del'homme en ne l'abordant plus comme une simple chose, mais en tenant compte du fait qu'il est avant toutproducteur de sens et qu'il vit dans et par un monde de significations (cf., dans des directions diverses, lapsychologie de la forme, la psychanalyse, l'anthropologie culturelle, etc.).• La vérité de l'homme ne saurait désormais être ramenée à la vérité d'une chose ou à celle d'un organisme dénué depensée comme tendaient à le faire les sciences humaines positivistes du XIXe siècle. b) Expliquer, mais aussi comprendreDans ces conditions, les sciences humaines ne peuvent plus se borner à imiter les sciences de la nature, dans lamesure même où ces dernières ne cherchent qu'à expliquer, non à comprendre les phénomènes, pour reprendre ladistinction établie par Dilthey.

En effet, comme l'a souligné ce dernier, il existe une grande différence entre«expliquer» et «comprendre»: l'explication, qui est le propre des sciences physiques, ne vise qu'à déterminer lesconditions d'un phénomène, en dégageant des lois qui ignorent le particulier en tant que tel ; la compréhension, parcontre, qui doit caractériser les sciences humaines, est le souci de se placer au point de vue du sujet, de laconscience, pour revivre de l'intérieur les phénomènes étudiés : par la compréhension «l'esprit connaissant réussit às'identifier aux significations intentionnelles, essentielles à l'activité historique, concrète d'un homme» (Le Senne,cité in Lalande, s.v.

Comprendre).

Par exemple, on peut expliquer l'amour par des raisons physiologiques,psychologiques, sociologiques, etc.; mais le savant qui étudie ce phénomène ne comprendra jamais véritablement cequ'est l'amour tant qu'il ne l'aura pas lui-même en quelque manière éprouvé. DILTHEY: «...Nous expliquons la nature, nous comprenons la vie psychique.» La démarche propre aux sciences humaines repose sur la compréhension, non sur l'explication. «Dans les sciences de l'esprit [...] l'ensemble de la vie psychique constitue partout une donnée primitive etfondamentale.

Nous expliquons la nature, nous comprenons la vie psychique.» Dilthey, Idées concernant unepsychologie descriptive et analytique (1894). • Dilthey, avec la distinction entre «expliquer» et «comprendre», essaie de penser une distinction entre: lessciences de la nature (qui tâchent d'écarter le flou interprétatif), et les sciences de l'esprit (qui admettent leurcaractère interprétatif propre, sans perdre pour autant leur statut de science).

Contrairement aux ambitions du xviiesiècle, les sciences de l'esprit (qu'on appellera plus tard les «sciences humaines») doivent s'affranchir du modèlegéométrique pour constituer leur scientificité propre. c) L'homme comme limiteMais il apparaît aussitôt que pour les sciences humaines l'homme en tant que sujet est une limite au sensmathématique : le sujet est une sorte de grandeur que les sciences peuvent approcher de plus en plus près, maissans pourtant pouvoir jamais l'atteindre: car comment le savant pourrait-il se mettre complètement à la place decelui ou de ceux qu'il étudie ? d) L'Homme ou des hommes ?Cependant, tout en convenant qu'il ne peut y avoir d'action mécanique de l'environnement sur l'homme, puisque lesfacteurs matériels ne modifient ce dernier que dans la mesure où il leur donne une signification en les intégrant dansson univers mental, les sciences humaines d'orientation phénoménologique reconnaissent qu'il n'est pas possibled'abstraire un «fait de conscience» vécu par un individu de la situation d'ensemble de cet individu, ni cette situationd'ensemble de son contexte social et historique.

Par là les sciences humaines remettent en question l'unicité del'homme et dissipent l'illusion d'une essence humaine éternelle.

Elles entraînent l'éclatement de l'image traditionnellede l'homme qui semble se démultiplier dans l'espace et le temps. conclusion Les diverses sciences humaines sont loin de constituer un ensemble harmonieux et cohérent.

Elles sont traverséespar des courants contradictoires qui visent tantôt à expliquer l'homme, le réduisant du même coup à un objet,tantôt à le comprendre en rappelant qu'il est avant tout un sujet, tantôt même à le dissoudre dans une structuresans contenu.

En outre, elles ne parviennent pas à fonder une science de l'homme capable de le saisir en sa réalitédernière : elles se bornent à nous fournir une poussière de connaissances, précieuses certes, mais éparses etdispersées, qui ne nous donnent qu'une image brouillée del'homme.. »

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