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La science précède-t-elle toujours la technique ?

Publié le 23/01/2004

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technique
Il a peut-être plus d'importance aujourd'hui, dans la mesure où techniques et sciences semblent devenir indissociables, mais de multiples tâches sont encore dotées d'un caractère répétitif et peu créatif. En ce sens, sciences et techniques peuvent se distinguer, dans leur fonctionnement, leur nature et leur genèse. Néanmoins, à travers leur développement, l'homme explore un nouveau rapport avec la nature et sa possible transformation, et sur ce plan technique et travail sont solidaires. La technique, moyen d'action, volontiers conquérante, dominatrice, plus efficace que jamais, apparaît aussi comme une source de dangers et de risques, suscite des suspicions, plus ou moins bien fondées, en tant que symbole d'une volonté de puissance qui inquiète. L'homme contemporain se voit donc confronté à des enjeux inédits et conséquents. Introduction. - L'animal manifeste des savoir-faire - parfois admirables - qui lui permettent de subvenir à ses besoins vitaux, mais il ne fonde point d'établissements analogues à nos usines et encore moins des écoles et des laboratoires. Si l'homme est parvenu à dérober à la matière ses secrets et à transformer la face du monde, c'est qu'il est intelligent ou, si on préfère, qu'il est doué d'une intelligence essentiellement différente de l'intelligence animale. On ne saurait guère contester cette affirmation.Mais comment et dans quel ordre s'est réalisé le progrès humain : la science est-elle née de la technique ou la technique de la science ?


technique

« et est parvenu ainsi à la découverte de procédés permettant d'obtenir le résultat désiré sans connaître le commentde ce résultat.La question qui se pose peut se formuler ainsi : la science est-elle apparue comme un complément de la techniqueempirique et exigée par elle, ou bien répond-elle à un besoin différent de ceux qui ont donné naissance auxtechniques ? II.

— LA RÉPONSE A.

Thèse : la science née de la technique.

— Le sens commun considère la science comme le résultat des progrèsde la technique.

L'homme primitif, en effet, a trop de besoins, pense-t-on, pour pouvoir s'intéresser au savoir pourlui-même.

C'est le désir de perfectionner les techniques par lesquelles il cherche à satisfaire ces besoins qui l'amèneà approfondir ses connaissances empiriques et à s'orienter vers la science. Discussion.

— Il est bien vrai que le besoin constitue le ressort essentiel de l'activité humaine, sans faire exceptionpour l'activité intellectuelle.

Cependant :— historiquement, nous observons dans les temps anciens un magnifique développement de sciences (astronomie etmathématiques) qui n'avaient pour lors aucune application pratique ;— méthodologiquement, la technique empirique dispose de procédés éprouvés ; l'un d'eux ne réussit-il pas, on lemodifie par tâtonnements jusqu'à ce qu'il obtienne le résultat cherché, démarches qui sont aux antipodes de l'espritscientifique ;— psychologiquement, il est un besoin de comprendre et de savoir indépendant des besoins vitaux dont lestechniques assurent la satisfaction ; sans doute, ce besoin ne se manifeste qu'une fois ces besoins vitauxsatisfaits, mais par là même on voit qu'il n'est pas suscité par les exigences de la technique. B.

Antithèse : la science née indépendamment de la technique.

— Les philosophes seraient plutôt portés à faire dudésir de savoir le ressort qui fit apparaître la science : « Tous les hommes ont, par nature, le désir de connaître »,dit Aristote au commencement de sa « Métaphysique » ; et un peu plus loin : « Le commencement de toutes lessciences, c'est l'étonnement de ce que les choses sont ce qu'elles sont.

» Ainsi, la science serait née lorsquel'homme, se désintéressant du résultat utilitaire de son action, aurait cherché à la comprendre. Discussion.

— Sans doute, la science n'est pleinement constituée qu'une fois détachée des soucis de la production ;mais il semble bien que sa naissance remonte beaucoup plus haut :— le désir de savoir ou de comprendre et plus encore l'étonnement supposent la connaissance du déterminismeuniversel, ressort essentiel de la recherche scientifique comme de l'activité technique ;— en fait, la science est apparue comme intimement associée à la solution de problèmes pratiques : l'observationdes astres avait pour but de trouver une mesure du temps ou de prévoir l'avenir (les astronomes étaient en même,temps des astrologues) ; on sait que les premiers géomètres étaient des arpenteurs ; lorsque, en 1795, lesmembres de l'Académie des sciences furent distribués en diverses sections, « on ne connut la science de la vie quesous le nom de médecine ».C.

La synthèse : la science implicite dans la technique.

— Aussi empirique qu'elle soit, la technique humaine diffèreessentiellement de la technique animale : l'animal sait bien que tel acte est suivi de tel changement, mais il ignore lerapport de causalité nécessaire qui les lie, aussi ne se montre-t-il pas étonné quand l'effet attendu ne se produitpas ; l'homme, au contraire, s'étonne parce qu'il sait que les choses sont régies par le déterminisme ; c'est laconviction de ce déterminisme qui le stimule dans la recherche de techniques de plus en plus perfectionnées.

Ainsi :— la technique humaine implique une science embryonnaire ainsi que la connaissance du ressort de toute science, leprincipe du déterminisme ;— mais la science ne se constitue comme telle que lorsque l'homme s'élève au-dessus du souci de la production etcherche uniquement à comprendre. Conclusion .

— « Toute technique, aussi bien celle de la pierre éclatée que celles qui l'ont suivie, implique au fond quelque chose de ce qui deviendra un savoir et, de fil en aiguille, de la science...

Peut-être a-t-on exagéré lapriorité de l' « homo faber » sur l' « homo sapiens ».

Ils sont contemporains, ils s'impliquent.

Dans les- éclairs deconscience qui sont nécessaires à l'utilisation, nous voulons dire à l'outil et à sa fabrication, c'est l' « homo sapiens» qui éveille l' « homo faber » et le crée » .

La science ne naît pas de la technique, mais celle-ci met en jeul'intelligence qui éprouve la curiosité scientifique le jour où sont satisfaits les besoins essentiels auxquels fait face latechnique. CITATIONS: « Science, d'où prévoyance; prévoyance, d'où action : telle est la formule très simple qui exprime, d'une manière exacte, la relation générale de la science et de l'art.

»Comte, Cours de philosophie positive, 1830.L'art doit être ici entendu au sens général de technique.

La connaissance des lois de ta nature, dit ici Comte, nouspermet de prévoir les phénomènes naturels et ainsi de les modifier à notre avantage. « Historiquement, la technique a précédé la science, l'homme primitif a connu des techniques.

» Jacques Ellul, La Technique ou l'Enjeu du siècle, 1954.. »

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