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Les sciences nous dispensent-elles de philosopher ?

Publié le 15/11/2005

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PHILOSOPHIE (gr. philo, désirer; sophia, savoir) Étymologiquement, « amour de la sagesse ». Cependant, la sagesse n'étant qu'un art de vivre, la définition commune de la philosophie comme sagesse" est critiquable. En effet, sophia désigne en fait moins un savoir empirique adapté à la conduite de la vie qu'un savoir abstrait. En ce sens, la philosophie est essentiellement élévation de la pensée, théoria, contemplation. Cependant, comme l'indique l'allégorie de la caverne de Platon, le philosophe ne quitte le monde sensible que pour y redescendre, puisqu'il lui revient de gouverner la cité idéale. S'il s'agit de s'exercer à l'abstraction, il faut ne pas s'y perdre. Or, si la philosophie ancienne reste encore marquée par l'opposition de la contemplation (théoria) et de l'action (praxis"), la philosophie moderne est plutôt soucieuse d'abolir cette distinction, comme le signale le projet cartésien de « nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature ». Elle cesse alors d'être un savoir désintéressé pour se mettre au service de la construction d'un monde régi par la science". Du coup, elle risque ou bien de devenir une spécialité comme les autres, ou bien, refusant cette spécialisation, de passer pour une activité dilettante réservée à quelques dandys de la pensée. Telle est l'aporie du philosophe contemporain : rester un généraliste sans sombrer dans l'insignifiance. Dès lors, pour éviter ce piège, la philosophie doit affirmer son sérieux par la prudence d'un jugement née de l'accumulation du savoir. Elle devient ainsi histoire de la philosophie, non pas connaissance érudite des doctrines, mais plutôt éveil de la pensée à elle-même à partir de ce qu'ont pensé les autres. Le développement de la philosophie peut alors se comprendre comme celui de la vérité à travers les différents moments nécessaires à son déploiement. Cette définition dialectique, proposée par Hegel, permet de saisir la nécessité rationnelle qui gouverne l'histoire de la philosophie : le philosophe est fils de son temps, et comme ceux d'hier, il lui revient de répondre aux besoins de son époque. La philosophie ne se réduit donc pas à ses oeuvres qui sont comme les tombeaux de la philosophie passée : elle est essentiellement vivante dans l'activité présente de penser, qu'exprime magnifiquement tout enseignement où le maître, à la manière de Socrate, requiert la participation du disciple.

SCIENCE (lat. scientia, savoir, science)

Gén. Chez les Grecs, epistémè (science) s'oppose d'abord à doxa (opinion) : elle est la connaissance universelle et nécessaire reposant sur des principes théoriques. Elle se distingue en outre de la technè (technique, savoir pratique) : elle est connaissance théorique et désintéressée. Cependant, la séparation desdomaines de la science et de la technique ne se vérifie guère aujourd'hui. En effet, la technique est plutôt, pour nous, application des connaissances scientifiques qui, elles-mêmes, progressent grâce à son développement : ainsi, le microscope électronique a permis, entre autres, un essor considérable de la virologie. Au sens contemporain, science et technique se conjuguent plus qu'elles ne s'opposent. Épist. Connaissance discursive établissant des rapports nécessaires entre les objets d'un langage (sciences formelles, logique), entre les phénomènes physiques (sciences physiques), autorisant dans ce cas la prévision, ou entre les faits humains (sciences humaines).

« philosophie et ne plus dès lors la considérer comme architectonique du savoir.

Pourtant, un progrès scientifique sansréflexion scientifique est-il possible ou seulement envisageable ? II – Nécessité critique de la réflexion scientifique a) En effet, force est de constater que l'évolution scientifique et technique s'ils remettent en cause une certainetradition philosophique ne peuvent pas pour autant abolir toute réflexion sur la science.

Plus précisément, on peutvoir émerger notamment la notion d'épistémologie qui engage en effet une réflexion sur l'évolution même dessciences, c'est-à-dire sur ses fondements, ses idées, ses méthodes etc.

La philosophie malgré le progrèsscientifique n'est pas déconnectée du tout de toute réflexion et c'est notamment ce qu'on peut voir à traversl'œuvre de Bachelard notamment dans la Formation de l'esprit scientifique .

Son approche de la science et de son évolution se montre dans le cœur même de l'actualité afin de comprendre justement le progrès et les obstacles quisont sous-jacents au développement scientifique.

Ainsi dit-il dans cet ouvrage que : « L'esprit scientifique doit seformer contre la nature, contre ce qui est, en nous et hors de nous, l'impulsion et l'intuition de la nature, contrel'entraînement naturel, contre le fait coloré et divers.

L'esprit scientifique doit se former en se réformant.

[…] C'estdans l'acte même de connaître, intimement, qu'apparaissent, par une sorte de nécessité fonctionnelle, des lenteurset des troubles.

C'est là que nous montrerons des causes de stagnation et même stagnation et même de régression,c'est là que nous décèlerons des causes d'inertie que nous appellerons des obstacles épistémologiques.

[…]« Lapsychanalyse qu'il faudrait instituer pour guérir du substantialisme est la psychanalyse du sentiment de l'avoir.

Lecomplexe qu'il faudrait dissoudre est le complexe du petit profit qu'on pourrait appeler, pour être bref, le complexed'Harpagon.

C'est le complexe du petit profit qui attire l'attention sur les petites choses qui ne doivent pas seperdre.

Car on ne les retrouve pas si on les perd.

»b) Plus fondamentalement alors il apparaît que l'évolution scientifique et technique ne peut pas faire l'économied'une réflexion sur elle-même, d'un introspection qui est le propre de la philosophie des sciences.

Et c'est cettevolonté d'ancrer le discours philosophique dans l'évolution des sciences qui explique sans doute que Bachelard développera le Nouvel esprit scientifique en prenant en compte la révolution des quanta.

La réflexion philosophique est en effet nécessaire notamment en tant que histoire des idées comme on peut le voir chez Foucault dans l'Archéologie du savoir puisque l'histoire des idées se propre de remontrer et retrouver l'origine, ou la généalogie de la formation des idées fondatrices des systèmes de pensée et de leur évolution.

Mais peut-être plus essentielc'est dans le domaine éthique et politique qu'il faut poursuivre la nécessité de la réflexion philosophique.c) Et c'est bien ce que montre notamment Foucault dans son article « les intellectuels et le pouvoir » dans Dits et écrits tome IV.

En effet, il faut voir une évolution dans la définition de l'intellectuel.

Ce dernier n'est plus l'intellectuel universel prônant des valeurs transcendantes et universellement vraies de justice, de sagesse etc., telun Voltaire, mais il est un intellectuel spécifique, c'est-à-dire une personne développant un point de vue techniqueet réfléchie prenant la forme d'une critique philosophique.

On peut le voir notamment avec le cas d'Oppenheimer,tristement célèbre après la seconde guerre mondiale et la bombe.

Ce qui est essentiel c'est la nécessité dedévelopper ce que Hans Jonas appelle le principe de responsabilité qui est d'essence éthique et philosophique.

Mais ici non plus en prônant de idées qui seraient universelles mais bien en tant que spécialiste d'une question c'est-à-dire comprenant les enjeux scientifiques et les constructions techniques sous-jacentes.

De là l'existence de comitébio-éthique dont les philosophes font partie etc.

Transition : Ainsi, la réflexion philosophique est-elle nécessaire au développement de la science comme le montre notammentl'existence de l'éthique, de la bioéthique et des codes de déontologie ; ainsi que de l'épistémologie ; quiapparaissent alors comme des « gardes fous » de la science.

Mais si l'on entend cette remise en cause commel'affirmation d'une valeur scientifique et de son utilité pratique de la philosophie c'est ici sans doute faire une erreurgrossière signe d'une méconnaissance de l'histoire de la philosophie.

Et en ce sens peut-on sans doute dire quel'évolution scientifique et technique ne remet pas en cause la réflexion philosophique en tant que tel mais fait plutôtcorps avec elle.

III – Apologie de l'incertitude en philosophie et architectonique a) En effet, remettre en cause la réflexion philosophique en l'opposant dans sa prétention scientifique à la vraierigueur scientifique arrivant à des solutions à des données est comme le montre Russell dans Problèmes de philosophie un non-sens.

En effet, il ne faut pas voir entre l'évolution de la science et de la technique et la réflexion philosophie une dichotomie d'objet et une rupture historique dans le traitement des problèmes, comme si laphilosophie était toujours figé.

En effet, la réflexion philosophique se développe avec les questions de la science.

Orà travers ces questionnements que lui propose la science, si la réflexion philosophique est remise en cause face àl'émergence de nouvelles questions, il n'en reste pas moins que cette remise en cause est salutaire et rend comptede son exigence de scientificité.

Mais si l'on pense ici une remise en cause radicale ce signifie que l'on considère quela philosophie n'est pas apte à saisir les enjeux de la science et du progrès, c'est-à-dire qu'elle ne comprend pas laconcrétude et l'urgence de la question scientifique.

Mais faut-il vraiment sacrifier la réflexion philosophique surl'autel de « l'esprit d'utilité » qui voit dans la science et le progrès un objet nécessaire pour demain et dans laphilosophie le royaume de l'incertain et du trouble ? Ce serait ici méconnaître l'histoire des sciences et celle de laphilosophie.b) Comme le montre Russell dans Problèmes de philosophie dans le dernier chapitre de l'ouvrage : la philosophie est effectivement dans le royaume de l'incertain car elle propose des réponses hypothétiques sur laquelle rien d'autre ne. »

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