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Les sciences physiques ne sont-elles qu'un ensemble de conventions commodes qui réussissent ?

Publié le 22/03/2004

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les confronter avec cette réalité. Sans doute, disent-ils, ces représentations subjectives sont suggérées par l'expérience ; mais, dans l'élaboration de la science, elles Sont moins un objet d'étude qu'un point de départ et un point d'appui. pour l'activité créatrice de l'esprit, toujours en quête d'hypothèses, de divinations, d'anticipations... On voit, en effet, si les choses se passaient ainsi, tout ce qu'il y aurait d'artificiel, de conventionnel, d'hypothétique dans les sciences de la nature. Mais une étude rapide des faits, des lois t des théories nous montrera que tout autre est leur portée objective et leur valeur.1° Les faits. - Considérons d'abord lés faits; Il est incontestable lue l'esprit intervient dans la transformation du fait brut en fait scientifique ; mais cette transformation n'est pas, tant s'en faut, une création. Ln écartant les éléments subjectifs et qualitatifs, en retenant les éléments quantitatifs, mesurables et leurs rapports, le savant, au contraire, se rapproche de plus en plus de la réalité, la serre de plus près ; et ce lui le prouve, c'est que ces déterminations scientifiques sont acceptées par tous en face des mêmes faits. Comment rendre raison de cette unanimité du consentement, dans l'hypothèse d'une création arbitraire de d'esprit ? Il est évident que cette surprenante rencontre ne se réalise dans la pensée scientifique que parce que son interprétation est conforme à l'expérience, qu'elle est objective.

« qu'elle est objective.2° Les lois .

— Il faut en dire autant des lois.

Comment prétendre, par exemple, que ces lois-ci (tous les corps tombent dans le vide ; la chaleur dilate les corps, nous mourrons tous), ne sont qu'approximatives, provisoires,conventionnelles ? Si elles n'étaient pas l'expression d'une réalité objective, comment seraient-elles pour nous desinstruments d'action.

Car, par elles, non seulement on « sait », mais on « peut » L'application utilitaire est à la foisle stimulant et la conséquence de l'explication.

Or, cette vérification postérieure, qui se répète des millions de fois,n'est-elle pas la preuve de l'objectivité de la loi; la certitude de la prévision ne garantit-elle pas l'exactitude de lavision ?Objection.

— Mais on nie précisément la possibilité d'une vérification rigoureuse de la loi.

D'un côté, dit-on, lesinstruments, en se perfectionnant sans cesse, rendent difficile la comparaison des résultats obtenus ; et de l'autre,le futur ne répète pas identiquement le passé, car les circonstances qui accompagnent le fait et le modifientchangent inépuisablement.

Cette.

conception de l'identique suppose un pur artifice de l'esprit, qui transporte dansl'avenir ce qu'il a découpé dans le passé et conclut à tort, par la suite, que l'un vérifie l'autre. Réponse. — Sans doute « les successions des phénomènes se reproduisent rarement les mêmes : à l'enchevêtrement des faits, des modifications incessantes sont apportées par de nouveaux facteurs.

Mais,- cesinfluences elles-mêmes, on peut les calculer ; ces modifications sont le contrecoup d'autres lois, et les correctionssuccessives que l'on fait subir aux résultats des expériences.

nous permettent une comparaison rigoureuse desrésultats, et par suite une critique permanente de l'objectivité de la loi.

» (G.

Michelet).Il est donc possible de resserrer l'approximatif entre des limites de plus en plus étroites et éviter de plus en plusl'erreur.

Tout ce qu'on peut donc accorder sur ce point, c'est que les formules que nous donnons aux lois pourrontrecevoir une précision plus grande quand nous connaîtrons leurs rapports avec les autres lois du monde.

C'est en cesens seulement que l'on peut prétendre a qu'il n'y a pas de problèmes résolus.

» La science fait, quoi qu'on en dise,des acquisitions définitives.

S'il en était autrement, les progrès des sciences seraient inintelligibles. 3.

Les théories. — « Là où il semble d'abord que les doctrines nouvelles ont cause gagnée, c'est lorsque, rappelant l'histoire des théories, elles les montrent se succédant, s'opposant les unes aux autres à travers les âges.

Parfoismême des théories contradictoires sont admises également pour expliquer les mêmes faits.

— Mais, n'y a-t-il pasexagération à prétendre que les théories se succèdent sans que rien subsiste de leurs affirmations ? De l'avis dePoincaré lui-même, il y a quelque chose qui leur survit, et c'est parfois l'essentiel.

Les théories nouvelles nedétruisent pas les anciennes, mais se les annexent et les complètent.

On n'abandonne d'ailleurs une théorie queparce qu'elle n'est pas d'accord avec l'expérience.« Quant à cette indétermination des formules, capable de vérifier les mêmes faits, dans les théories différentes, parles mêmes symboles, il faut noter, avec Duhem, qu'elle va toujours en se resserrant ; et deux hypothèses contrairespeuvent bien être reçues simultanément, comme représentations provisoires, en attendant que l'expérience futuredécide entre elles ; mais elles ne sont reçues que comme interprétations « acceptables » et non pas véritables.L'esprit humain sait donc mesurer et proportionner son adhésion aux théories scientifiques, suivant leur valeur, endistinguant nettement la loi de l'hypothèse, ce qui est définitivement acquis de ce qu'on a accepté sous condition.

Ilreste acquis que le progrès scientifique, loin d'être un pas de plus dans la systématisation artificielle, s'entendtoujours d'une marche pour rejoindre l'objectivité.

» (G.

Michelet). C.

— Conclusion. — On ne saurait donc voir dans la seule commodité le critérium d'une loi physique ou.

d'une théorie.

Comme ne peut s'empêcher de le remarquer Poincaré: « Il est vrai que cette proposition « La terre tourne »est commode ; il est vrai qu'elle l'est, non seulement pour moi, mais pour tous les hommes ; il est vrai qu'elle resteracommode pour tous nos descendants ; il est vrai que cela ne peut être par hasard.

» — Qu'est-ce à dire, sinon quecette commodité à son fondement dans la réalité objective et nécessaire des choses ?. »

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