Devoir de Philosophie

Les sciences satisfont-elles notre désir de vérité ?

Publié le 05/01/2004

Extrait du document

POUR DÉMARRER    L'ensemble de toutes les connaissances de type discursif et rationnel, établissant des relations stables entre les phénomènes étudiés, contente-t-il entièrement notre recherche dynamique d'une connaissance adéquate à la réalité ? Ce sujet vous interroge sur les limites de la connaissance de type scientifique.    CONSEILS PRATIQUES    Attention : le sujet porte sur la pluralité des sciences et non pas sur la science, en général ; ne vous cantonnez pas obligatoirement dans le champ des sciences exactes (mathématiques, physique, etc.). Vous pouvez utiliser un plan progressif, centré sur la notion de vérité, ou bien un plan dialectique, centré sur les limites que les sciences imposent à la connaissance. Faites bien ressortir l'enjeu de cette question en ce qui concerne notre culture contemporaine.

•    Définissez soigneusement les termes :

  1. science: ici, connaissance positive et généralement discursive, établissant des relations ou des lois nécessaires entre les phénomènes étudiés et rassemblant, au sein de théories, ces lois (en physique, chimie, etc.) ;
  2. satisfaire: ici, contenter un besoin.
  3. désir: mouvement qui nous porte vers une réalité que l'on se représente comme source possible de satisfaction. Tendance devenue consciente.
  4. vérité : adéquation entre l'objet et la pensée, le réel et la connaissance.

Les connaissances discursives établissant des relations entre les phénomènes contentent-elles le mouvement dynamique qui nous porte vers une connaissance adéquate et juste, vers une représentation valable du réel ? N'y a-t-il pas une opposition entre la parcellisation des sciences et notre désir unitaire de saisir le vrai ? De plus, n'existe-t-il pas, chez l'homme, un désir de vérité métaphysqiue et/ou religieuse que la science positive ne pourra jamais lui offrir ?

« « Je me suis demandé ce que le peuple entend au fond par connaissance ; que cherche t il quand il la demande ?Rien que ceci : ramener quelque chose d'étranger à quelque chose de connu.

Nous, philosophes, que mettons nousde plus dans ce mot ? Le connu, c'est à-dire les choses auxquelles nous sommes habitués, de telle sorte que nousne nous en étonnons plus ; nous y mettons notre menu quotidien, une règle quelconque qui nous mène, tout ce quinous est familier (...

) Eh quoi ? Notre besoin de connaître n'est il pas justement notre besoin de familier ? Le désirde trouver, parmi tout ce qui nous est étranger, inhabituel, énigmatique, quelque chose qui ne nous inquiète plus ?Ne serait-ce pas l'instinct de la peur qui nous commanderait de connaître ? Le ravissement qui accompagnel'acquisition de la connaissance ne serait-il pas la volupté de la sécurité retrouvée ? » Nietzsche. Comment la religion ou la philosophie pourraient-elles se prévaloir d'instrument aussi objectifs que ceux des sciences?Les sciences qui énoncent des lois et renoncent à la connaissance de l'absolu (Dieu, âme), se contentant derelations constantes entre les phénomènes, paraissent satisfaire notre désir de vérité.Toutefois, l'homme est aussi un être subjectif.

On peut alors se demander si les sciences mathématisées etobjectives, satisfont pleinement un désir de vérité enraciné dans le coeur de l'homme et sa subjectivité profonde. « La science elle-même repose sur une croyance ; il n'est pas de sciencesans postulat.

« La science est-elle nécessaire ? » Il faut, pour qu'elle puissese former, que cette question ait reçu auparavant une réponse nonseulement affirmative, mais affirmative à tel point qu'elle exprime ce principe,cette foi, cette conviction : « Rien n'est plus nécessaire que le vrai ; rien, àson prix, n'a d'importance que secondaire.

» Qu'est-ce que cette volontéabsolue de vérité ? Est-ce volonté DE NE PAS SE LAISSER TROMPER ? Est-cevolonté DE NE PAS SE TROMPER SOI-MEME ? Car rien n'empêche d'interpréteraussi de cette seconde façon le besoin absolu du vrai, si l'on admet que « jene veux pas tromper » comprend comme cas particulier « je ne veux pas metromper moi-même ».

Mais pourquoi donc ne pas tromper ? Et pourquoi ne passe laisser tromper ?Remarquons que les raisons qui répondent à la première de ces questionsrelèvent d'un tout autre domaine que celles qui répondent à la seconde : sil'on ne veut pas se laisser tromper, c'est qu'on suppose qu'il est nuisible,dangereux, néfaste d'être trompé.

La science, dans cette hypothèse, seraitdonc une longue ruse : mesure de précaution, affaire d'utilité.

mais onpourrait lui objecter à juste titre : eh quoi ! la volonté de ne pas se laissertromper est-elle vraiment moins nuisible, moins dangereuse, moins néfasteque son absence ? [...] La foi dans la science, cette foi qui existe en fait defaçon incontestable, ne peut avoir son origine dans un calcul utilitaire ; elle adû se former au contraire MALGRE le danger et l'inutilité de la « vérité à tout prix », danger et inutilité que la vie démontre sans cesse.

(Vérité « à tout prix » ! Nous savons trop bien ce quec'est, nous ne le savons, hélas, que trop, quand nous avons offert sur cet autel, et sacrifié de notre couteau,toutes les croyances, une à une !).« Vouloir la vérité » ne signifie donc pas « vouloir ne pas se laisser tromper » mais –et il n'y a pas d'autre choix- «vouloir ne pas tromper les autres ni soi-même », CE QUI NOUS RAMENE DANS LE DOMAINE MORAL.

Qu'on sedemande sérieusement en effet : « Pourquoi vouloir ne pas tromper ? », surtout s'il semble –et c'est bien le cas !-que la vie soit montée en vue de l'apparence, j'entends qu'elle vise à égarer, à duper, à dissimuler, à éblouir, àaveugler, et si, d'autre part, elle s'est toujours montrée sous son plus grand format du côté des fourbes les moinsscrupuleux ? Interprété timidement, ce dessein de ne pas tromper peut passer pour une donquichotterie, petitedéraison d'enthousiasme ; mais il se peut qu'il soit aussi quelque chose de pire : un principe destructeur, ennemi dela vie...

« Vouloir le vrai » ce pourrait être, secrètement, vouloir la mort.

En sorte que le pourquoi de la science seramène à un problème moral : POURQUOI, D'UNE FAÇON GENERALE, TOUTE MORALE, quand la vie, la nature, l'histoiresont immorales ? Sans aucun doute qui veut le vrai, au sens intrépide et suprême que suppose la foi dans lascience, AFFIRME PAR CETTE VOLONTE MEME UN AUTRE MONDE que celui de la vie, de la nature et de l'histoire ; etdans la mesure où il affirme cet « autre monde », ne nie-t-il pas nécessairement du même coup son antipode : cemonde, le nôtre ? » Nietzsche, « Le gai savoir », livre V, $ 344. « On se fait une idole de la vérité même » disait Pascal.

La philosophie échappe-t-elle à cette remarque ? Elle veutdepuis Platon éviter l'erreur, dissiper l'illusion, condamner le mensonge, et par la connaissance de la vérité libérer leshommes de l'oppression politique comme de la servitude des passions.

Mais pourquoi la vérité serait-elle à ce pointaimable ? En faisant de la vérité non seulement le but de la connaissance mais une suprême valeur morale , nesacrifions- nous pas d'autres valeurs qu'on pourrait estimer plus essentielles ou plus vitales ? Philosopher, c'est entout cas aussi oser, comme Nietzsche en ce texte, mettre la volonté de vérité à l'épreuve du soupçon.La vérité est érigée en valeur absolue, à laquelle toutes les autres doivent se subordonner ou être sacrifiées.

Mais ils'agit d'évaluer cette valeur : examiner ce qu'elle vaut réellement.Deux hypothèses se présentent : le « besoin absolu du vrai » vient de la volonté de ne pas se laisser tromper ou. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles