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Y a-t-il un sens à parler, chez l'homme, d'un comportement inhumain ?

Publié le 10/03/2004

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L'inhumain ce n'est que l'étranger Montaigne explore la variété des coutumes et des croyances susceptible d'enrichir à l'infini son image de l'homme. Or, selon lui si l'on considère les hommes réels c'est la puissance de la coutume qui devient manifeste : « ici on vit de la chair humaine, là c'est office de pitié de tuer son père en certain âge ; ailleurs les pères ordonnent des enfants encore au ventre des mères, ceux qui veulent être nourris et conservés, et  ceux qui veulent être abandonnés et tués... «, Les Essais, Livre 1, Chapitre 23. Dans le Livre 1 Chapitre 31 des Essais, Montaigne renvoie le terme de barbare à une qualification de la culture d'une personne sur celle d'une autre. Si bien que nous sommes tentés d'appeler barbare et inhumain ce qui n'appartient pas à notre culture. Il écrit au cours de ce chapitre : « Chacun appelle barbare ce qui n'est pas de son usage «. Les valeurs que nous jugeons bonnes, justes, vraies de toute nécessité et donc humaine sont renvoyées à n'être que des expressions particulières d'une culture. Car pour Montaigne : « Quelle vérité que ces montagnes bornes, qui est mensonge au monde qui se tient au-delà « Livre 1, Chapitre 12. L'inhumain n'existe pas réellement, mais révèle en réalité le jugement étriqué d'un homme qui appartenant à une culture particulière juge toute autre comme abjecte. Or, écrit Montaigne : « (...) comme de vrai il semble que nous n'avons d'autre mire de la vérité et de la raison que l'exemple et idées des opinions et usances du pays où nous sommes. Là est la parfaite religion, la parfaite religion, la parfaite police, et parfait accompli usage de toute choses «, Essai, Livre 1, chapitre 31.

  • Parties du programme abordées :

- Autrui. - La liberté. - La religion. - La violence.

  • Analyse du sujet : Y a-t-il une signification à parler, chez l'homme, d'une conduite dépourvue d'humanité ? Après tout, n'est-ce pas contradictoire en soi ? L'inhumain est-il au fond de nous-mêmes ?
  • Conseils pratiques : Un beau sujet, un peu ·< pointu «, que vous devez conduire avec beaucoup, d'attention. A traiter si vos capacités de réflexion s'appuient sur de nombreuses lectures.
  • Bibliographie :

R. Girard, La violence et le sacré, Grasset. M. Blanchot, L'entretien infini, NRF.

  • Difficulté du sujet : ***
  • Nature du sujet : Pointu

« Dans le Livre 1 Chapitre 31 des Essais , Montaigne renvoie le terme de barbare à une qualification de la culture d'une personne sur celle d'une autre.

Si bien que nous sommes tentés d'appeler barbare et inhumain ce qui n'appartientpas à notre culture.

Il écrit au cours de ce chapitre : « Chacun appelle barbare ce qui n'est pas de son usage ».

Lesvaleurs que nous jugeons bonnes, justes, vraies de toute nécessité et donc humaine sont renvoyées à n'être quedes expressions particulières d'une culture.

Car pour Montaigne : « Quelle vérité que ces montagnes bornes, qui estmensonge au monde qui se tient au-delà » Livre 1, Chapitre 12.

L'inhumain n'existe pas réellement, mais révèle enréalité le jugement étriqué d'un homme qui appartenant à une culture particulière juge toute autre comme abjecte.Or, écrit Montaigne : « (…) comme de vrai il semble que nous n'avons d'autre mire de la vérité et de la raison quel'exemple et idées des opinions et usances du pays où nous sommes.

Là est la parfaite religion, la parfaite religion, laparfaite police, et parfait accompli usage de toute choses », Essai , Livre 1, chapitre 31. C'est cette analyse que reprendra Lévi-Strauss notamment dans Jean-Jacques Rousseau, fondateur des sciences de l'homme où il écrit : « Jamais mieux qu'au terme de ces quatre derniers siècles de son histoire, l'homme occidental ne put-il comprendre qu'en arrogeant le droit de séparer radicalement l'humanité de l'animalité, enaccordant à l'une tout ce qu'il retirait à l'autre, il ouvrait un cycle maudit, et que la même frontière constammentreculée, servirait à écarter des hommes d'autres hommes, et à revendiquer, au profit des minorités toujours plusrestreintes, le privilège d'un humanisme corrompu aussitôt né pour avoir emprunté à l'amour-propre son principe etsa notion.

». Le comportement inhumain c'est l'immoral Mais l'inhumain n'est pas seulement le non-homme mais aussi celui qui commet des actes barbares, immoraux.

Cen'est pas uniquement l'étranger qui appartient à un autre univers de sens mais aussi et surtout celui qui n'écoutepas ce que sa conscience pour le coup morale lui dicte de faire.

Rousseau admet aisément qu'il y a autant demorales qu'il n'y a de culture.

Mais pour autant il ne saurait définir l'homme autrement que par la conscience.

Car :« Il est au fond des âmes un principe inné de justice et de vertu, sur lequel malgré nos propres maximes nousjugeons nos actions et celle d'autrui comme bonnes ou mauvaises, et c'est à ce principe que je donne le nom deconscience », La profession du Vicaire Savoyard .

Et à ceux qui projettent d'affirmer que règne au niveau moral une irréductible différence entre les cultures il répond : « (…) Cet accord évident et universel de toutes les nations, ill'osent le rejeter ; et contre l'éclatante uniformité du jugement des hommes ; ils vont chercher dans les ténèbresquelques exemples obscur, et connu d'eux seuls ; comme si tous les penchants de la nature étaient anéantis par ladépravation d'un peuple et qui, sitôt qu'il est des monstres, l'espèce ne fût plus rien ».

L'humanité de l'hommeémerge par cette faculté éminemment morale qui conduit chacun à suivre le bien et non le mal.

Ainsi Rousseaurépond au relativisme culturel et moral de Montaigne en écrivant : « O Montaigne ! toi qui te piques de franchise etde vérité, sois sincère et vrai, si un philosophe peut l'être et dis moi s'il est quelque pays sur la terre où ce soit uncrime de garder sa foi, d'être clément, bienfaisant, généreux, où l'homme bien soit méprisable et le perfide honoré ». L'inhumanité de l'homme Mais l'inhumain, et le mal radical est bien possible, et si Arendt fait appel au concept de banalité du mal c'est bienque l'inhumain n'est pas le fait d'individus monstrueux mais d'individus on ne peut plus commun.

C'est ce que Arendtexpose quand elle commente l'attitude du criminel Eichmann qui a participé au génocide perpétré par les nazis. Témoins du procès de Eichmann, Arendt se retrouve face à un représentant d'un des maux les plus radicauxintroduit dans le monde, et ce qui la frappe d'emblée, c'est que le personnage n'a rien du fanatique endoctriné ni dumenteur cynique.

Elle est frappée par la disproportion entre l'ampleur du mal accompli et la médiocrité, la platitudeintellectuelle et morale d'Eichmann.

Il apparaît à l'évidence que Eichmann ne pense pas, qu'il est incapable d'émettreun jugement propre sur ses actions, c'est-à-dire de soumettre le contenu particulier de celles-ci à la question deleur sens.

Cette absence de l'individu au monde ; l'individu est incapable de comprendre la présence du monde, carincapable de mesurer son rapport particulier aux êtres et évènements de ce monde à la règle universelle, ou auprincipe régulateur du sens, qui n'est pas donné, mais qu'il doit produire lui-même librement en même temps qu'ilproduit le jugement particulier qui accompagne toute action faites au sein de ce monde.

Cette retraite du jugementqui se méconnaît comme telle se manifeste dans l'utilisation de formes de langage susceptibles de donner le changeles clichés, expression toutes faites du langage administratif, des manières de parler qui « emplissait la fonctionsociale reconnue de servir d'écran contre la réalité, contre l'exigence que tout évènement de tout état de chosesdu fait de leur exigence que tout évènement et tout état de choses, du fait de leur existence, posent à notredisposition de penser », La vie de l'esprit. Le mal radical commis au sein du monde vient se loger exactement dans le vide laissé par l'absence de la pensée aumonde.

L'origine du mal radical n'est pas à proprement parler dans une subjectivité perverse mais dans l'anesthésiede la subjectivité, dans l'absence à soi du sujet de pensée et d'action, dans l'anesthésie du pouvoir de réflexivité.C'est en sens que Arendt parle de la banalité du mal. Conclusion -Le comportement inhumain, en tant qu'il apparaît caractérisé sous le prisme d'une culture particulière, n'esttoujours en réalité et rien de plus que le jugement d'une culture sur une autre. -Mais une telle assertion nous conduit à nier la possibilité d'une norme universelle capable de guider les hommes. »

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