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Le Sentiment de la Nature dans la Littérature française avant le XIXe siècle

Publié le 15/02/2012

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Deux questions préalables se posent. Qu'entend-on par sentiment de la nature dans les Lettres ? A quelle date faut-il faire remonter notre Littérature nationale? Par « nature « on entend, dans le langage littéraire contemporain, tout ce qui n'est pas l'homme ou l'oeuvre de l'homme, le monde extérieur hors de la société humaine. Par extension, on englobe dans ce nom les champs, les jardins, les villages, les sites créés en partie par l'homme. Le sentiment de la nature, c'est l'attrait que ces choses exercent sur notre âme sensible, c'est le plaisir que nous éprouvons à nous trouver dans l'ambiance de cette nature ainsi définie, c'est le goût d'une vie solitaire dans un cadre de nature, c'est l'inspiration qui jaillit, spontanée, au contact des choses de la nature....

« l'objet de son affection.

Ca et IA, pourtant, it est pleinement sincere, quand, par exemple, il se confie a la nature aim& : Vous, ehenes, heritiers du silence des bois, Entendez les soupirs de ma derniere voix... ou encore lorsqu'il exprime naivement un goat, une preference : J'aime fort les jardins qui sentent le sauvage; Jaime le Plot de l'eau qui gazouille au rivage... Du Bellay a vivement senti la 4 douceur » de son Anjou natal, a con- temple avec ravissement e le champ seme », qui e de verdure se hausse en tuyau verdissant, de tuyau se herisse en epi florissant, d'ej3i jaunit en grain...

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Il a vu le glaneur...

4 recueillir les reliques de ce qui va tombant apres le moissonneur...

».

Il a chante, sur un rythme semillant le e vanneur de ble ).

II a rave dans la campagne romaine avant Chateaubriand, it a medite devant les ruines de la Ville eternelle.

Le gentil Belleau a ate surtout le traducteur consciencieux d'Anacreon et ses Bergeries nous semblent bien surannees.

Il prouve toutefois, dans sa Chanson d'Avril, que, lui aussi, a vraiment aime la nature et eat ate capable de la celebrer sans l'inter- mediaire de ses maitres. Marot est le contraire d'un arrant de la nature; poke de cour, ce pauvre sire a pourtant conserve de son education premiere en pleine campagne quelques souvenirs emus qu'il traduit avec une charmante simplicite.

Il revoit les troupeaux, epars durant le jour, rassembles le soir et e remis dans leurs pares 3, ou bien les a bergeres accroupies », instruisant a leurs sansonnets ou pies ).

II se rappelle les courses vagabondes et, les escapades de sa « jeunesse folle » 'le houx, cueilli pour faire gluz prendre oiseaux sauvages ), les pies et les geais &niches, les e fruits ja meurs et beaulx ) voles et jets a ses compaings », les incursions dans les e gistes des fouines, des herissons ou des blanches hermines », les chardonnerets, serins, pinsons ou linottes surpris an e long des buyssonnetz ).

Et nous lui savons gre de n'avoir point introduit, dans Ces notations si directes, les divinites inventees'par les Anciens.

Quant a d'Aubigne, ancetre des Chdtiments, ce sectaire fougueux n'eut jamais le temps ni le goat de s'arreter devant la nature pour la contempler (Pun cell attendri.

Toutefois it Mare en passant - apres les autres - la rose, gloire des a pourpris » et it meriterait d'être cite, ne fftt-ce que pour cet alexandrin unique : Une rose d'automne est plus qu'une autre, exquise. * * ° Un des caracteres principaux du xvue siecle, c'est Pespril de socide.

La litterature classique est 4 nee du monde et faite pour le monde ).

Elle est sous le triple signe de Pilate' de Rambouillet, de Malherbe et de Balzac. Or, la Marquise estime qu' c un esprit doux et amateur des belles-lettres ne saurait trouver son compte a la campagne ).

Le e vieux grammairien » ne se rend a Saint-Germain qu'en rechignant et y ecrit ce vers stupefiant : Et je deviens plus sec plus je vois de verdure. Balzac affecte d'aimer la campagne.

Simple pose, attitude insincere; tout au plus admiration du propnetaire pour son domaine.

DIM', sans cela, emit des sottises sur les rossignols et eat-il compare ce chantre merveilleux A l'auteur de La Pucelle? Quand les habitués des Salons se transportent hors de Paris, ils &pia- cent leur societe, ils n'ont pas de regards pour la nature.

Its font pis : Rs l'embellissent, ils la mutilent., Et les jardins « a la franeaise », oil tout est tire au cordeau, symetrique, geometrique, souleveront les protestations des anglomanes du xvme siècle.

Faire assaut de bel esprit, briller dans la con- versation, faire des maximes et des portraits, c'est uniquement a quoi son - gent ces rnondains dans leurs parcs truques.

La Fontaine est a peu pres le seal.

a aimer sincerement les bois, les champs, le jardia rustique ou croissent l'oseille et la laitue et assez de jasinin pour en faire 4 un bouquet a Margot ) an jour de sa fête.

Seul it l'objet de son affection.

Çà et là, pourtant, il est pleinement sincère, quand, par exemple, il se confie à la nature aimée : Vous, ehênes, héritiers du silence des bois, Entendez les soupirs de ma dernière voix ...

ou encore lorsqu'il exprime naïvement un goût, une préférence : _ J'aime fort les jardins qui sentent le sauvage; J'aime le flot de l'eau qui gazouille au rivage ...

Du Bellay a vivement senti la « douceur » de son Anjou natal, a con­ templé avec ravissement « le champ semé », qui « de verdure se hausse en tuyau verdissant, de tuyau se hérisse en épi florissant, d'épi jaunit en grain ...

».

Il a vu le glaneur ...

«recueillir les reliques de ce qui va tombant après le moissonneur ...

».

Il a chanté, sur un rythme sémillant le «vanneur de blé ».

Il a rêvé dans, la campagne romaine avant Chateaubriand, il a médité devant les ruines de Ja Ville éternelle.

Le gentil Belleau a été surtout le traducteur consciencieux d'Anacréon et ses Bergeries nous semblent bien surannées.

Il prouve toutefois, dans sa Chanson d'Avril, que, lui aussi, a vraiment aimé la nature et eût été capable de la célébrer sans l'inter- médiaire de ses maîtres, .

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Marot est le contraire d'un amant de la nature; poète de cour, ce pauvre sire a pourtant conservé de son éducation première en pleine camP.agne quelques souvenirs· émus qu'il traduit avec une charmante simpliCité.

Il revoit les troupeaux, épars durant le.

jour, rassemblés le soir et «remis dans leurs parcs », ou bien les « bergères accroupies », insbmisant « leurs sansonnets.

ou pies », Il se rappelle les courses vagabondes et.

les escapades de sa « jeunesse folle », le l!,oux, « cueilli pour faire gluz à prendre oiseaux sauvages », les pies et les geais dénichés, les « fruits ja meurs et beaulx » volés et jetés · à ses « compaings », les incursions dans les « gistes des fouines, des hérissons ou des blanches hermines », les chardonnerets, serins, pinsons ou linottes surpris au « long.

des buyssonnetz ».

Et nous lui savons gré de n'avoir point introduit, dans c'es notations si directes, les divinités inventées· ))ar les Anciens.

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Quant à d'Aubigné, ancêtre des Châtiments, ce s~ctaire fougueux n'eut jamais le temps ni le goût de s'arrêter devant la nature pour la contempler d"un œil attendri.

Toutefois il célèbre en passant - après les autres - la rose, gloire des « pourpris » et il mériterait d'être cité, ne fût-ce que pour cet alexandrin unique : · Une rose d'automne est plus qu'une autre, exquise.

* •• : · Un des,.caractères principaux du xvn• siècle, c'est l'esprit de société.

L~ littérature clitssique .est « née du monde et faite pour le' monde ».

Elle' est sous le triple signe de l'Hôtel de Rambouillet, de Malherbe et de Balzac.

Or, la Marquise estime qu' « un esprit doux et amateur· des belles-lettres ne saurait trouver.

son compte à la campagne ».

Le « vieux grammairien » ne se rend à Saint-Germain qu'en rechignant et y écrit ce vers stupéfiant : Et je deviens plus sec plus je vois de verdure.

Balzac affecte d'aimer la caJ:ppagne.

Simple pose, attitude insincère; tout au plus admiration du propriétaire pour son domaine.

Eût-il, sans cela, écrit des sottises • sur les rossignols et eût-il comparé ce chantre merveilleux à l'auteur de La-Pucelle? .

· Quand les habitués des Salons se transportent hors de Paris, ils dépla­ cent leur société, ils n'ont pas de.

regards pour la nature.

Ils font pis : ils l'embellissent, ils la mutilent ..

Et les jardins « à la française», où tout est tiré au cordeau, symétrique, géométrique, soulèveront les protestations des anglomanes du xvm• ·siècle.

Faire assaut de bel esprit, briller dans la con­ versation,.

faire des xnaximes et des portraits,_ c'es~ uniquement à quoi son- .gent ces n1ohdains dans leurs parcs tru9ués.

·· · · · La Fontaine est.

à peu près le seul.

a aimer sincèrement _les bois, les · chfimps, · le jardin rustique où croissent _ l"oseille et la lai me et assez de ..

jasmin· pour en faire· « un bouquet à ·Margot » au jour de sa fête.

Seul il. »

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