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Que serait un bon usage de l'utopie?

Publié le 27/02/2005

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UTOPIE (gr. ou, pas, sans; tapos, lieu)

Mot créé par Thomas More. Nom d'une cité imaginaire - cité de nulle part - qu'il décrit dans son ouvrage Utopia. Terme qui désigne par la suite toutes les constructions rationnelles d'une cité parfaite et idéale mais non effectivement réalisée. La finalité de l'utopie est essentiellement d'élaborer un modèle critique qui serve de norme à la société telle qu'elle est.

Une utopie est une production de l’esprit qui dessine une société idéale, dirigée par un gouvernement posé en exemple par l’auteur. Le créateur de ce type de production est l’anglais Thomas More, avec son œuvre intitulée l’Utopie : le terme vient du grec u topos, c'est-à-dire, nul lieu, non lieu, lieu de nulle part. Une utopie est donc la description détaillée d’un mode de fonctionnement politique et social, qui n’existe pas dans les faits, mais que l’auteur s’attache à rendre aussi précis que possible.

Lorsque nous parlons d’usage de quelque chose, nous voulons désigner l’utilisation de cette chose, c'est-à-dire son instrumentalisation en vue d’une fin. Par conséquent, faire usage de quelque chose, c’est se rapporter à elle comme à un moyen en vue d’une fin à laquelle nous la faisons servir.

La question qui nous est posée nous invite à réfléchir au bon usage de l’utopie, c'est-à-dire à l’utilisation que nous pouvons en faire à des fins pratiques. Or, l’idée d’usage de l’utopie comprend un paradoxe qu’il faut immédiatement remarquer : une utopie est un produit du discours, une construction langagière qui dessine un état idéal de la société. A ce titre, elle parait incapable d’avoir un usage quelconque pour deux motifs : en raison de sa nature discursive, d’une part, qui l’empêche d’être utilisée directement comme un moyen en vue d’une fin ; et en raison de sa nature prospective, d’autre part, parce qu’elle dessine un fonctionnement idéal et non encore réel des rapports sociaux. Cette considération donne toute sa légitimité au conditionnel de la question : « que serait un bon usage de l’utopie ? «. En effet, le conditionnel marque que l’usage en question n’est pas assuré, qu’il n’est pas certain que nous puissions faire usage de l’utopie.

La question au centre de notre réflexion sera donc de déterminer si l’idée d’usage de l’utopie implique une contradiction de l’idée d’utopie, ou s’il est possible d’en faire un moyen en vue d’une fin qu’il nous faudra déterminer.

 

« propriété collective des biens et des moyens de production est l'une des solutions envisagée pour régler lesproblèmes de l'Angleterre). Imaginez-vous donc en train d'écouter le récit de Raphaël Hythloday (étymologiquement : celui qui est habile àraconter des histoires), jeune voyageur portugais.

Vous voilà tout à coup touché par les moeurs et les institutionsdu peuple utopien.

Le dispositif rhétorique qui produit cet autre monde sous vos yeux consiste moins à vous fairecroire qu'un tel peuple existe qu'à susciter en vous le désir de vivre selon un tel mode de vie.

Il vous faut parconséquent suivre deux cheminements parallèles, celui de comprendre ce que peut être « la meilleure forme decommunauté politique » (sous-titre de l'ouvrage) et celui de laisser fonctionner une écriture qui vise à donner àvotre esprit un pli encore inconnu, l'amenant à se convertir d'une adhésion au présent à la possibilité d'un agir.Dans la fiction utopique de Thomas More, l'écriture elle-même devient incitative, exerçant l'esprit à s'ouvrir à desdimensions insoupçonnables.

Au vrai, l'ouvrage comporte un agencement de deux livres sur le premier duquel on al'habitude de faire l'impasse.

Si le livre second, en effet, décrit particulièrement la ville d'Amaurote et, au traversd'un urbanisme géométrique, un ordre social transparent, la lecture du premier livre demeure indispensable puisque lanarration des voyages du navigateur s'y fait expérience d'assouplissement de l'esprit, mise en scène de l'opinion àrectifier, et explication du statut de la philosophie.Pour qui entend prononcer aujourd'hui ce terme, utopie, une autre conversion s'impose.

Trop d'usages dépréciatifssont destinés à discréditer les appels à penser et agir en politique.

L'utopie, littéralement lieu de nulle part, qui estaussi souvent une uchronie — d'aucun temps — se place sous le signe d'une libération de l'esprit.

Ainsi en va-t-ildes Solariens qui, vivant sous la dictature de la vertu, couplent leur cité modèle à l'idéal d'une réforme de l'ordresocial chrétien existant (Campanella, 1602). b.

L'utopie politique est la voix de l'idéale prescrivant des améliorations encore inouïes Enfin, nous pouvons voir que l'utopie a un intérêt pratique, qu'il est possible d'en faire un bon usage, dans la mesureoù la fiction se permet des licences avec le réel qui sont créatrices d'idées nouvelles.

Les utopies politiquesinventent des améliorations auxquelles les contemporains n'avaient jamais songé, et créent des idées qui n'étaientvenues à personne.

Thomas More, par exemple, est le premier à avoir désigné la propriété privée comme le principalresponsable des maux de la société.

L'utopie est créatrice de solutions aux problèmes sociaux, que l'action politiqueréelle pourra réaliser dans les faits.

Ainsi, un bon usage de l'utopie, est d'en faire une sorte de « brainstorming », lamatrice d'idées neuves pour proposer une solution pratique aux difficultés concrètes rencontrées par lescontemporains de « l'utopiste ». III. Mettre en garde contre les dérives du pouvoir : un bon usage des contre-utopies a.

Qu'est-ce qu'une contre utopie politique ? Nous poursuivrons notre réflexion en nous interrogeant sur ce type particulier d'utopie politique qu'est la contreutopie.

Une contre utopie politique ne dépeint pas une société idéalement régie, mais une forme de société le plussouvent en proie au totalitarisme.

Elle ne dessine pas le monde tel qu'il devrait être, mais tel qu'il pourrait être dansl'avenir : la majorité des contre utopies sont effectivement situées dans le futur.

1984 de Georges Orwell, Un bonheur insoutenable d'Ira Levin et Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley sont des contre utopies politiques qui dépeignent un avenir aux couleurs sombres, où les hommes sont dominés par des états tout puissants etmanipulateurs.

Pour donner une idée de la forme que peut adopter une contre-utopie, nous citons ci après unextrait du Meilleur des mondes : « Sur un transporteur à mouvement très lent, un porte-tubes plein de tubes à essais pénétrait dans unegrande caisse métallique, un autre en sortait.

Il y avait un léger ronflement de machines.

Les tubesmettaient huit minutes à traverser la caisse de bout en bout, leur expliquait-il, soit huit minutes d'expositionaux rayons durs, ce qui est à peu près le maximum que puisse supporter un œuf.

Un petit nombremouraient ; des autres, les moins influencés se divisaient en deux ; la plupart proliféraient en quatrebourgeons ; quelques-uns, en huit ; tous étaient renvoyés aux couveuses, où les bourgeons commençaientà se développer ; puis, au bout de deux jours, on les soumettait soudain au froid, au froid et à l'arrêt decroissance.

(…) Des jumeaux identiques, mais non pas en maigres groupes de deux ou trois, comme auxjours anciens de reproduction vivipare, alors qu'un œuf se divisait parfois accidentellement ; mais bien pardouzaines, par vingtaines, d'un coup.

». »

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