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Que serait une morale sans sanction ni obligation

Publié le 13/03/2005

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morale
Nous supposons à juste titre que Dieu nous demande de nous conformer aux exigences de la raison. Or, là raison, c'est notre raison, c'est nous. Par conséquent, le devoir ne nous est pas dicté de l'extérieur. Chacun, en définitive, se le fixe à soi-même. Sans doute, nous pouvons demander conseil à un ami, à un confesseur, à une Église, et même nous abandonner docilement à leur conduite. Mais l'autorité qu'exercent sur nous ces conseillers ou ces directeurs dépend de là confiance que nous leur avons» accordée, de notre choix personnel. A la base de l'édifice moral, le philosophe place l'autonomie; par là encore il s'écarte de l'idée qu'on se fait couramment de l'obligation. B. La sanction. - Il est encore plus éloigné de concevoir la sanction comme elle est communément conçue.

La morale est un code éthique qui tend à réglementer, sur les bases de la raison, les actions de l’homme. Elle a pour but une organiser la vie sociale, dans un but de paix et d’altruisme. Elle a pour caractéristique, communément, de poser des règles et établir une norme, un carcan visant à limiter les actions humaines ou à les diriger. Elle apparaît donc comme restrictive par essence, et soumet l’homme à agir à l’encontre parfois de ses instincts.     Cependant, une morale est un ensemble de codes collectivement admise par la société dans laquelle elle se trouve. De par sa nature subjective et sociale, la morale se définit par l’acceptation du groupe dans lequel elle intervient. Ainsi, au XVIIème siècle, la morale étant gouvernée par l ‘Église était une morale chrétienne qui se voulait propre à la nature de l’homme et qui faisait partie d’un consensus. La morale ne peut donc pas être considérée comme une obligation pour le groupe puisqu’elle est issue de son choix, une morale est humaine, elle est donc le fruit d’une décision collective et non pas un code tombé du ciel qui s’impose à l’homme. De cette tradition, Bergson en a dégagé d’ailleurs l’idée d’une « morale ouverte «, c’est à dire une morale échappant à l’étouffement d’un cercle de règles rigides et s’ouvrant à la création et à la vie. Il faudrait donc ne plus concevoir la morale absolue qui s’étend sans distinction au groupe mais une morale particulière, individuelle qui permet à l’homme de se développer dans toute sa singularité. C’est également un thème fort présente dans la philosophie libertine du début du XVIIème s., où les « libertins érudits « réclamaient cette liberté de choisir une morale propre à l’individu et non aux intérêts de l’Église.     Ainsi, pour analyser ce problème, il faudra distinguer deux sortes de morale: d’une coté, la morale unique qui prétend à l’Universel et qui , choisie par un groupe de gouvernants, pose ses diktats au risque de sanctions sévères et d’un autre une morale particulière, également humaine, mais qui s’attache non plus au collectif mais à l’individuel et qui permet à l’homme de se réaliser dans son être. Cette morale singulière ne s’impose plus à l’homme, elle est créatrice et libre  et découle du choix individuel tout en restant issue de sa raison.

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« II.

Il est une obligation et une sanction essentielles à la morale. — De ce que la morale philosophique rejette certaines conceptions simplistes que se fait le commun de l'obligation, et de la sanction, il n'en résulte pas qu'elle serallie à la thèse énoncée par le titre de l'ouvrage de GUYAU.

Par le titre seulement, car, au cours du volume, l'auteurcherche à établir des « substituts » de ce qu'il a proscrit : preuve qu'une certaine obligation et une certainesanction restent essentielles en morale. A.

L'obligation. — Tout d'abord, les diverses conduites possibles ne se présentent pas à nous avec un caractère identique et sur le même plan, en sorte que nous pourrions opter pour les unes aussi bien que pour les autres.Devant le mensonge et la loyauté, le vol et le respect de la propriété d'autrui, la cruauté et le dévouement, je neme sens pas indifférent et absolument libre.

Il est des actions qui me paraissent plus nobles et qui s'imposent à moipar leur valeur intrinsèque, sans besoin de recours à la volonté d'un législateur.Toutefois, si le sentiment de l'obligation morale est un fait indiscutable, il ne s'ensuit pas qu'il soit justifiérationnellement : que de fois l'homme se laisse dominer par des impressions trompeuses.

! Ce sentiment ne serait-ilpas le lointain écho de croyances rejetées ou dont le moraliste pense avoir définitivement fait abstraction, parexemple l'enfer, dont la crainte chargerait d'une force répulsive les actions qui y conduisent ? Il est indiscutable quel'élément affectif du sentiment de l'obligation s'explique par des associations de ce genre.

Mais l'élément intellectuelen reste indépendant : c'est indépendamment de toute crainte et de tout espoir que j'affirme qu'il y a des choses1à faire et d'autres à éviter, les unes obligatoires et les autres- interdites.Mais comment puis-je m'imposer des obligations ou des interdictions ? Et, si je le puis, n'est-il pas également en monpouvoir de lever ces prescriptions et ces interdits ? Par suite, abstraction faite d'un législateur suprême, l'obligationn'est-elle pas un vain mot ? Elle le serait si «autonomie » et « raison » étaient synonymes de « caprice ».

Mais iln'en est rien.

Car si l'individu autonome se fait à lui-même sa loi, il n'est vraiment autonome que s'il se conduitsuivant de vraies lois, c'est-à-dire suivant des règles générales, stables et ordonnées au bien.

L'établissement deces lois est l'oeuvre de la raison, qui est sans doute ma raison, mais qui transcende et domine ma personnalité, parle caractère universel, nécessaire et éternel des principes qui la dirigent.

C'est donc au sein même de l'activitérationnelle qui guide la conduite de l'homme que nous trouvons, en même temps que l'autonomie, l'obligation.Par suite, la vie morale étant conditionnée par la raison, il ne peut pas y avoir de morale sans obligation.B.

La sanction.

— On ne saurait prétendre que la sanction est aussi essentielle à la morale que l'obligation.

En effet, tandis que l'obligation est à l'origine même de l'activité morale et la détermine, la sanction ne peut s'y ajouterque comme un complément : ainsi que nous l'avons dit, une action déterminée par la seule perspective des plaisirsou des peines qui la sanctionnent n'aurait pas.

de valeur morale.La conscience ou la raison n'en réclame pas moins le bonheur pour l'homme vertueux et une punition pour le vice.

Lasanction qui satisferait le mieux le moraliste, ce serait la sanction immanente à la conduite conforme à l'idéal : la joiede la conscience.

Malheureusement, il n'est pas rare que le saint souffre douloureusement de -ses imperfections etde ce qu'il appelle ses crimes, tandis que des libertins ignorent le remords.

Aussi le sens commun demande-t-il quel'ordre soit rétabli.

Cette exigence n'est pas, sans doute, une preuve apodictique de l'existence de sanctions dansl'au-delà, car l'argument ne vaut qu'une fois prouvée, d'une part, la possibilité d'une survivance après la mort;d'autre part, l'existence d'un Dieu qui peut assurer le dernier mot à la justice.

Mais une fois ces deux thèsesdémontrées, les sanctions de l'autre vie, sans lesquelles tout système moral nous semblait incomplet, prennent leurplace naturelle dans une morale cohérente. CONCLUSION. — Si l'obligation et la sanction ont pu paraître à certains des facteurs d'abaissement de l'idéal moral, c'est qu'ils en empruntaient l'idée à des esprits sans culture.

L'obligation n'est pas la dépendance à l'égard d'unmaître, mais la fidélité à la raison, donc à soi-même.

L'essentiel des sanctions de l'au-delà consiste, non en desplaisirs ou des peines venant de l'extérieur, mais dans la vue authentique de ce qu'on est et de ce qu'on vaut.

Ainsicomprise, la sanction comme l'obligation doit avoir sa place dans un système rationnel de morale, et KANT avait bienraison de l'admettre comme postulat de la raison pratique.. »

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