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Siècle d'or

Publié le 09/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Siècle d'or, période d’apogée de la couronne espagnole qui, selon les acceptions, correspond soit à la marque de la prépondérance politique de l’Espagne (1525-1648), soit à l’épanouissement de la civilisation dans les sciences, les arts et les lettres (1550-1660, voire 1681).

L’expression « Siècle d’or « évoque tout à la fois le flamboiement des galions rapatriant l’or des colonies du Nouveau Monde, l’apogée de l’empire des Habsbourg sur lequel « le soleil ne se couche pas « et le rayonnement culturel de la péninsule Ibérique.

2   LE SIÈCLE D’OR POLITIQUE
2.1   Un empire pacifié

À la fin du xve siècle les Rois Catholiques, Isabelle de Castille et son époux Ferdinand d’Aragon ont réalisé, plus qu’une unification de l’Espagne, une union dynastique incarnée par leur héritier Charles Quint. Néanmoins, le Siècle d’or politique de la péninsule Ibérique débute plus avec la pacification du pays (1525) qu’avec l’accession de Charles Quint au trône d’Espagne (1516). À cette date, le nouveau souverain règne non seulement sur un empire, mais plus encore sur un territoire pacifié.

La mise en place d’un État moderne, déjà ébauché par les Rois Catholiques (domestication des grands nobles, canalisation de l’esprit d’aventure vers les nouvelles terres, création d’une police), se prolonge avec l’instauration d’une bureaucratie efficace (création des grands conseils, d’une chancellerie) et surtout par l’irruption d’une noblesse à la mentalité somptuaire dont le rôle en tant que classe politique s’affine.

De surcroît, la conquête du Nouveau Monde, entre 1510 et 1533, permet à l’Espagne de trouver l’argent nécessaire pour étendre sa puissance. La découverte de mines d’or et d’argent enrichit le trésor royal, grâce au quinto — impôt sur un cinquième de la production des métaux précieux en provenance des « Indes « —, et sert à financer les guerres contre François Ier de France et à asseoir l’hégémonie espagnole dans le monde. Plus que l’or lui-même, l’espoir de la découverte de métaux précieux permet à l’Espagne de soutenir de grandes entreprises économiques et d’étendre sa puissance en Occident.

2.2   Une puissance économique

Prospère, l’Espagne, jusqu’alors largement rurale et agricole, développe alors une industrie qui, bien qu’encore artisanale, est reconnue dans toutes les foires européennes (industrie de la laine, de la soie, des constructions navales, etc.). L’essor de la façade sud-ouest de la péninsule (Cadix, Séville), la plus active, favorise le commerce à la fois pour l’Europe et l’Amérique. L’échange des huiles, des vins, des toiles contre du cuir, du sucre, de l’indigo et surtout des métaux précieux du Nouveau Monde explose jusque dans les années 1610-1620.

Si en 1556 Charles Quint est contraint d’abdiquer, son fils, Philippe II, poursuit sa politique et conclut même la paix avec la France (traité du Cateau-Cambrésis, 1559). Avec l’annexion du Portugal en 1580, Philippe II fonde le plus vaste empire du monde en récupérant non seulement la péninsule Ibérique dans sa totalité, mais surtout des terres portugaises d’Asie, d’Afrique et du Brésil.

3   LE SIÈCLE D’OR DE LA CIVILISATION ESPAGNOLE

L’épanouissement espagnol dans le monde des arts, des lettres et de la pensée a été préparé par le développement des universités (Salamanque, Alcalá) et les progrès de la langue du xve siècle.

C’est d’abord en science où les médecins, astronomes, botanistes, philologues et historiens se succèdent pour faire de l’Espagne le premier pays de l’« intelligence «. En économie, Martin de Azpilcueta donne la première expression de la théorie quantitative de la monnaie. En droit, Francisco Suárez et Francisco de Vitoria établissent des théories sur le fondement des pouvoirs et le droit des individus.

3.1   Puissance du catholicisme

Mais l’Espagne du Siècle d’or s’illustre surtout par le triomphe de l’unité religieuse. Au niveau mystique naissent les premiers inventeurs d’exercices spirituels comme Ibañez, García de Cisneros, Pedro de Alcántara. Il éclôt avec l’œuvre de grands mystiques comme sainte Thérèse d’Ávila et saint Jean de la Croix.

L’unitarisme religieux triomphe d’autant plus que l’Espagne est tout entière catholique : d’abord à la suite de l’expulsion des juifs en 1492, puis à celle des morisques — musulmans convertis — entre 1609 et 1610. Si la pensée d’Érasme pénètre quelque peu les universités, le protestantisme ne s’introduit pas en Espagne, d’ailleurs, Philippe II fait étroitement surveiller par l’Inquisition l’introduction de nouveaux livres. Enfin, la fondation de l’ordre des Jésuites par Ignace de Loyola, l’essor de la pensée théologique et plus encore du mysticisme, fait de l’Espagne la première des nations catholiques.

3.2   Le siècle de la littérature espagnole

L’essor économique facilite le développement artistique de l’Espagne. Cette vitalité artistique ne touche pas que les élites. La prédication religieuse, le théâtre, la danse, la chanson conserve pour le peuple le rôle qu’elle a depuis le Moyen Âge.

En littérature, avec Lope de Vega, Tirso de Molina et Calderón de la Barca, c’est toute l’Europe qui se met au diapason. La passion et l’amertume de Quevedo y Villegas, la mystique de Calderón, la sensibilité poétique de Góngora y Argote transforme le monde des lettres. Pourtant, s’il ne fallait en retenir qu’un ce serait Cervantès, qui exalte son pays et son époque avec tout son génie comique et le sens de l’universel que renferme son Don Quichotte. Ce conte philosophique traduit bien le bouleversement espagnol : la recherche d’un monde moderne avec des solutions médiévales.

3.3   Le siècle des arts espagnols

En art, c’est avec le Greco que débute le Siècle d’or. Sa science des formes pures donne vie à toute une époque, comme le démontre l’Enterrement du comte d’Orgaz réalisé pour la chapelle de Santo Tomé. Les grands s’adonnent alors à des constructions prestigieuses et, dans les lumières de Séville, naissent les toiles de Diego Vélasquez, Francisco de Zurbarán, Bartolomé Esteban Murillo.

Les sculpteurs sur bois polychromé, notamment Juan de Juni, exécutent de splendides figures pour les processions et pour orner les autels des églises. Durant tout le siècle, la richesse de l’Espagne entretient de nombreux artistes comme Antonio de Cabezón, musicien à la cour royale de Charles Quint puis de Philippe II. C’est pourtant avec le décès de Vélasquez que les historiens ont l’habitude de clore le Siècle d’or. Dans sa peinture, il offre d’ailleurs une vision de l’Espagne plus proche de l’abîme et révèle le populaire avec un retour à des thèmes plus conventionnels.

4   LE DÉCLIN DE LA PUISSANCE ESPAGNOLE

Les échecs politico-militaires de Philippe II (révolte des Pays-Bas en 1566, destruction de l’Invincible Armada par les Anglais protestants en 1588, échec de l’intervention dans les guerres de Religion françaises en 1598) précipitent le déclin de l’Espagne. La chute des importations de métaux précieux, les grandes réformes dispendieuses de l’État ne parviennent plus à entretenir ni les guerres, ni l’empire. Le coût des conquêtes endette dangereusement l’Espagne auprès des grands banquiers européens. De plus, les rois Philippe III et Philippe IV n’ont pas le prestige de leurs prédécesseurs.

Parallèlement à son affaiblissement économique et financier — abandon de la monnaie forte, dépopulation, augmentation des taxes et des impôts —, l’Espagne connaît alors de graves revers politiques et une profonde crise démographique liée à l’expulsion des morisques (1609-1610) et aux épidémies de peste (1649-1652). La couronne espagnole ne parvient plus à dominer un si vaste empire. Les victoires françaises de Rocroi (1643) et de Lens (1648) sonnent le glas d’une grande puissance militaire. Parallèlement, les soulèvements en Catalogne, au Portugal, en Sicile et à Naples entre 1640 et 1646 et surtout l’indépendance des Provinces-Unies (traités de Westphalie, 1648) mettent à bas le formidable Empire espagnol.

L’affaiblissement politique et militaire n’est que le reflet d’une dépression dramatique. Les grands artistes n’ont pas de successeurs mais de pâles imitateurs. L’Espagne ne produit plus de saints, seulement des dévots. En définitive, dès 1648, un rêve collectif s’évanouit : « L’or et l’argent ont créé l’illusion, ils ont porté d’un même souffle la grandeur du pays, son apogée et son déclin.«

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