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Que signifie l'expression : « passer à l'acte » ?

Publié le 18/01/2004

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L'opinion commune qualifie souvent de « passage à l'acte » une pulsion qu'un homme n'a su réprimer. Celle-ci passe de la latence - simplement présente dans l'esprit de l'auteur - à la manifestation physique. Cet homme, qui n'a su respecter les exigences de notre civilisation (Freud s'intéressera beaucoup à cette pression sociale qui s'exerce sur nous en tant qu' « interdits »), est alors jugé coupable moralement. Cependant ce sens péjoratif et restreint, l' « actualisation » ne se résumant pas à l'activité pulsionnelle, ne peut donner lieu à une définition juste que seul l'exercice philosophique est à même d'accomplir. Ce dernier s'attachera en effet à neutraliser les connotations données à cette expression pour en établir la portée et le sens universels. Qu'est-ce donc qui permet à la philosophie de distinguer, dans l'expression « passer à l'acte », sa signification complète du sens commun qu'on lui attribue ? Ce mouvement de la « puissance » vers sa réalisation effective ne peut-elle pas être comprise autrement que comme le passage de l'abstrait au concret ?

« Husserl fut un de ceux qui redonna à l' « acte » son sens complet.

Pour cefaire, Husserl part de la conscience.

Celle-ci, bien qu' apparemmentimpalpable, est cependant « conscience de quelque chose ».

En tant quetelle, celle-ci est acte et même acte intentionnel puisque dirigée vers ses« objets de pensée » (les « cogitata » de la « res cogitans », les « objets de pensée de la chose pensante » selon Husserl).

Dès lors, le passage à l'actecommence dès lors qu'un esprit se manifeste à lui-même.

Cette penséepermet de repousser dans ses origines premières la notion de réalité.

Estréalité ce que la conscience perçoit comme telle.

Ce mouvement de passagedu latent au manifeste est nommée philosophiquement comme« intentionnalité » par Husserl.

Toutes les modalités de cette intentionnalité(« perceptive », « imaginative », « significative ») déterminent la relation« active » entre la pensée et le réel.

Le passage à l'acte est originellement,selon la pensée husserlienne, relation, mouvement de l'esprit vers le réel. Cette pensée de l'activité qui met en exergue le statut psychologique de cemouvement de passage est à ajouter à la pensée de l'action commemanifestation matérielle, physique.

Mais cette vision « psychologisante » dela création de l'acte ne serait pas complète sans aborder la penséefreudienne.

En effet, et cela va créer une forte polémique entre le pionnierFreud et les tenants de la « phénoménologie psychologique » (Husserl et sonmaître Brentano par exemple), cette nouvelle conception considère l'origine des actes dans la sphère « inconsciente » de l'esprit ! Comment, sinon, expliquer autant de phénomènes obscurstels que le rêve, le lapsus linguae (la faute de langage) ou encore tous nos actes manqués ? Mais ce passage de l'inconscient à la conscience reste éminemment problématique.

Freud considère notre partie inconsciente commeune entité séparée de l'activité consciente car, sinon, chacun de nous pourrait comprendre et supprimer aisémenttous ces troubles inconscients qui agitent notre quotidien et sur lesquels nous ne semblons pas avoir prise.

MaisHusserl refuse l'idée d'un passage, d'une « pollution » de la conscience par une activité inconsciente.

Selon cedernier, toutes nos pensées sont conscientes et, bien qu'elles n'apparaissent pas toutes ensembles, simultanément,à la conscience, cette dernière les stockerait dans un espace de mémoire latente.

Le passage à la manifestationdes pensées se ferait donc en circuit fermé, à l'intérieur d'une conscience sans partage, exclusive.

Mais Freudrefuse cette thèse, sinon quoi plus rien ne permet d'expliquer les troubles que le psychanalyste ne cessed'enregistrer dans sa pratique quotidienne.

Nombreux sont en effet les personnes qui souffrent d'actes qui, bien queproduits par eux-mêmes, échappent à leur conscience et à leur censure ! Conclusion Selon les penseurs et leurs domaines, se révèle une activité polymorphique et polysémique.

Son moteur estconsidéré soit comme « Acte pur » (Aristote), « intentionnalité » (Husserl), « inconscient » ou encoremanifestation de nos « pulsions d'origine sexuelle » (Freud). Le passage reste éminemment délicat à déterminer, tant est difficile la compréhension de ce mouvement, decette relation de l'abstrait au concret.

Reste que la pensée philosophique ne cesse, par division etdiversification disciplinaire (métaphysique, ontologie, phénoménologie, épistémologie, analytique...) dequestionner cette expression qui semble, en tous sens, être fondamentale pour le savoir à venir.. »

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