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Que signifie l'expression de « société sans État » ?

Publié le 10/02/2004

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Le contact avec d'autres peuples leur a, généralement, été fatal.Ainsi, des sociétés sans État et sans gouvernements existent (comme le montre l'analyse des sociétés esquimauou indienne). Elles sont caractérisées par l'absence d'unité politique et de leadership organisé. Mais il ne faut guère s'illusionner sur le dynamisme de ces sociétés, fermées et coercitives à l'extrême : tous doivent rigoureusement obéir à ce que commandent les Ancêtres du groupe.Nous posions initialement le problème : peut-on parvenir à une formulation non contradictoire de la « société sans État »? Nous pouvons répondre maintenant que la société examinée à ce premier niveau (ethnologique) est un groupement fermé, très coercitif et non dynamique, incapable de survivre s'il est confronté à une autre culture. Par conséquent, la société, au sens ouvert et libre du terme, n'est pas envisagée à ce premier niveau. S'il existe des sociétés sans État, ce ne sont point des sociétés portant en elles innovation, changement et liberté.Ainsi, la formule de « société sans État » ne paraît ici convenir qu'à un type de société très restrictif et très fermé. Une société au sens positif du terme peut-elle s'accorder avec l'absence d'État, c'est ce qui reste à examiner.

« Une société au sens positif du terme peut-elle s'accorder avec l'absence d'État, c'est ce qui reste à examiner.

Alorsla formule de société sans État serait-elle non contradictoire. 2.

La société sans État : analyse de philosophie politique Examinons maintenant la formule de « société sans État » chez les penseurs politiques.Définissons, tout d'abord, l'État de manière plus développée que précédemment, de manière à ce que le problèmeposé prenne un sens bien précis en philosophie politique.

L'État, c'est avant tout ce que l'on appelle l'Appareild'État, avec police, tribunaux, prisons, armée et, au-dessus de cet ensemble, le chef de l'État et le gouvernement.L'État se définit donc par un appareil organisé s'appuyant sur un ensemble de lois.

C'est à la fois un appareil coercitifet une structure légitime.

Bien entendu, il ne se confond pas exactement avec le pouvoir, car il existe des pouvoirsnon étatiques (les nombreux pouvoirs disséminés dans toute société, pouvoir de l'enseignant, du médecin, etc.).L'État étant ainsi défini, peut-on concevoir une société (au sens plein du terme, c'est-à-dire dynamique)sans État ?Ce fut bel et bien le grand rêve d'une partie de la philosophie politique du XIX siècle que d'envisager la possibilitéd'une société sans État, c'est-à-dire où l'Autorité politique suprême disparaîtrait.

On peut donner ici deux exemplesde cette conception, avec Saint-Simon et Engels.

Chez Saint-Simon (le penseur socialiste du XIX° siècle) existait lerêve d'une résorption possible de l'appareil gouvernemental dans la gestion économique.

En effet, dans uneorganisation industrielle harmonieuse, pensait Saint-Simon, l'État sera dissous en tant qu'État.

En somme, desorganisations économiques bien gérées doivent aboutir à la dissolution du gouvernement.

L'administration deschoses se substitue au gouvernement des hommes.

Donc la société (comme réalité économique harmonieuse) peutêtre conçue et doit l'être sans l'État, envisagé comme autorité politique suprême.

L'organisation des forceséconomiques aboutit à la mort de l'État.Engels ne formulera pas autrement le problème, quand il annoncera le dépérissement de l'État, devenu, à unecertaine étape du développement économique socialiste, une chose superflue : l'État est destiné à s'éteindre, l'Étatet l'autorité politique disparaîtront.

« Dès qu'il n'y a plus de classe à maintenir dans l'oppression...

il n'y a plus rien àréprimer, l'État devient inutile...

Le gouvernement des personnes fera place à l'administration des choses et à ladirection de la production.

»L'expression de société sans État prend donc ici un nouveau sens : elle désigne une organisation sociale oùl'autorité politique suprême dépérit.Si le thème de la société sans État nous a renvoyés sur le plan de la description ethnologique à des sociétés closesou très contraignantes, il renvoie ici à la pure utopie car le rêve de la société sans État n'a trouvé nulleactualisation en notre temps.

S'il semblait impossible à Marx et Engels que survive un pouvoir politique organisélorsque s'accomplit l'intégration sociale, de nos jours ce dépérissement étatique paraît particulièrement improbable,sans doute parce qu'un pouvoir politique différencié semble la condition nécessaire d'un groupement social ouvert.Comme le note Lapierre, le dépérissement de toute forme de pouvoir politique spécialisé et l'avènement de «sociétés sans État » ne saurait être attendus que d'une évolution régressive de l'espèce humaine vers sonatomisation en petites sociétés closes.

Bien au contraire, quand des peuples se développent, luttent pour leurindépendance, ils se donnent souvent une structure étatique forte.. »

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