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Socialisme et marxisme

Publié le 18/06/2011

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Karl Marx et son ami Friedrich Engels, qui sont-ils pendant leurs années de jeunesse et comment se sont développés leurs choix intellectuels que nul ne songe encore à qualifier de marxistes ? Ces deux jeunes Allemands, quasi contemporains —Marx est né en 1819, Engels en 1820 — sont issus de deux familles bien différentes : quel contraste entre le milieu libéral, intellectuel et rationaliste où Marx a été élevé, et la bourgeoisie manufacturière et piétiste à laquelle appartient Engels ! Celui-ci eut, dès son adolescence, l'expérience des antagonismes sociaux dans la vallée industrielle de la Wupper ; Marx, à Trèves, puis à Bonn où il arrive en 1835, et à Berlin où il vit de 1836 à 1841, est surtout avide de vie intellectuelle et de cette recherche philosophique où la jeune intelligentsia allemande trouve un refuge contre la nullité de sa vie politique. Marx attendra 1842 et sa collaboration à La Gazette rhénane pour découvrir, de façon encore parcellaire et peu cohérente, l'existence d'un « problème social « et le fait que « les philosophes ne sortent pas de terre comme des champignons : ils sont le fruit de leur temps, de leur peuple. «   

« l'opposition traditionnelle des riches et des pauvres prend une couleur nouvelle : pour la première fois éclate lacontradiction entre la croissance rapide des richesses matérielles et les revenus décroissants de ceux qui lesproduisent.

Le problème du bonheur commun, déjà passionnément débattu dans la deuxième moitié du xviiie siècle,s'ancre autrement dans le réel.

Ceux qui en prennent conscience et proposent des solutions sont les premierssocialistes.Rien d'étonnant si c'est en France que ce nouveau mouvement idéologique s'épanouit avec le plus de force.

D'unepart, en effet, il hérite des deux grands courants de la pensée sociale française au xviiie siècle : le courant deséconomistes, des physiocrates4 qui visent avant tout à augmenter de la façon la plus rationnelle possible laproduction et qui affichent leur confiance dans le progrès organisé ; le courant des moralistes - Morelly, Mably,Rousseau - qui souhaitent surtout une répartition plus équitable des biens.

D'autre part, les penseurs et lesagitateurs français ont devant eux un Etat puissant, fort de la centralisation napoléonienne et appuyé sur unegrande bourgeoisie qui parvient, en 1830, à éliminer les tentatives de restauration des anciennes classesdirigeantes.

L'audace de la tradition intellectuelle du siècle des lumières vient, après 1830, se combiner avec lessouvenirs tout proches de la grande révolution, où les sans-culottes des villes ont joué un si grand rôle, et avec ladécouverte de l'Etat comme représentant " pur " de la bourgeoisie pour rendre compte, après l'élaboration despremiers systèmes pendant les années de la Restauration, de leur démultiplication, de leur rayonnement, de l'entréedans la course prémarxiste de nouvelles théories qui, toutes, se réclament du socialisme.Français ou Anglais, Allemands ou Italiens, tous placent au centre de leurs réflexions et de leurs écrits le problèmesocial, la " question sociale " comme on dit à l'époque (tous ceux qui en reconnaissent l'existence ne le font pasavec sympathie, beaucoup voient essentiellement dans les " classes laborieuses " des " classes dangereuses ".

:celle qui naît de la contradiction qu'on vient de décrire.

Tous y voient un aspect essentiel de leur temps, aucun nepense qu'elle se limite à son pays.

Comme le dira August Becker en 1844: " Alors que nous parlons de libération del'humanité, nous ne voulons pas dire que la liberté que nous réclamons soit une liberté allemande, ou française, ounord-américaine ; nous voulons la véritable liberté de l'homme.

" Ils prolongent ainsi l'universalisme de la Révolutionfrançaise, mais en l'établissant sur des bases nouvelles, en mettant en lumière les problèmes de la production et dela consommation où éclatent les antagonismes sociaux.

Ainsi se trouve niée au départ la conception formelle d'uneliberté égale pour tous, ainsi l'homme - producteur, consommateur, prolétaire - se trouve-t-il projeté hors del'individualisme abstrait, replacé dans et confronté à la société dans laquelle il vit, et poussé à en obtenir, voire àexiger d'elle l'organisation d'un milieu nouveau où il puisse réellement s'épanouir.

Les prolétaires, écrit Cabet en1842, " remueront la Société jusqu'à ce que le Socialisme ait remplacé l'odieux Individualismes ". LES PRINCIPAUX COURANTS Nous ne les caractériserons que dans la mesure où les tendances qu'ils expriment présentent des clivages nets.Une première ligne de faîte sépare ceux des socialistes pré-marxistes que préoccupent fondamentalement lesproblèmes de la production - appelons-les productivistes - et ceux qu'indignent surtout les inégalités et les sottisesde la répartition.

Le comte de Saint-Simon (1760-1825) et ses disciples, les saint-simoniens -Enfantin, Bazard,Ferdinand de Lesseps - appartiennent au premier courant : ils aspirent à l'organisation de la société industrielle eten arrivent bientôt à critiquer l'appropriation privée des moyens de production, source de désordre.

L'idéologieplanificatrice leur devra beaucoup.

Charles-François Fourier (1772-1837) est le chef de file de ceux qui critiquent lesystème de distribution des biens ; il combine les moyens d'y introduire plus d'égalité et il rêve aussi aux moyens deprocurer plus de bonheur aux individus : le développement des amours lui importe autant qu'une consommationéquilibrée.

On pourrait classer en un troisième groupe un penseur apparemment solitaire : Proudhon, qui s'intéressed'abord à l'échange et qui, dans son projet de Banque du peuple, évoque la perspective, pour les petits producteursindépendants et associés, d'un crédit gratuit qu'une banque mutualiste leur dispenserait.Deuxième plan de clivage - il recoupe du reste en partie le premier : celui qui sépare les partisans d'un recours àl'Etat et les amants de l'Association.

Au premier groupe se rattachent tout d'abord les saint-simoniens : Saint-Simonespérait qu'un " autre système politique " que la monarchie restaurée des Bourbons permettrait un jour à l'Etat dedevenir l'Etat du " parti national ", des " producteurs ", des " abeilles " propriétaires de capitaux, ingénieurs, ouvriers,intellectuels confondus - contre les oisifs, les " frelons " (voir sur ce point, la célèbre Parabole, de 1819, qui parutdans le journal qu'il fonda cette même année avec Auguste Comte : L'Organisateur.

Ce texte valut à Saint-Simontrois mois de prison).

Après la révolte de Juillet, ses disciples prennent confiance : beaucoup se retrouveront plustard en accord avec Napoléon III et le second Empire, organisateurs de l'essor industriel et bancaire (c'est le casnon seulement de F.

de Lesseps, mais de Michel Chevalier qui négocia avec l'Angleterre le traité de libre échange de1860).

Un socialiste comme Louis Blanc (1811-1882), dont la vision d'avenir était beaucoup moins ample et qui seprésentait bien plutôt comme un médecin social à la petite semaine, préconisera de même, dans les années 1840,l'appel au crédit de l'Etat pour créer les ateliers nationaux dont il espérait l'organisation du travail et la paix sociale.A l'opposé, le courant sociétaire prend naissance avec Fourier et Owen et s'épanouit après 1830 non seulement enFrance (Considérant, Buchez, Leroux), mais en Italie avec Momo, en Espagne avec Garrido, en Allemagne avec Gall.Il s'agit d'une tendance particulièrement nombreuse et où se retrouvent des penseurs séparés sur bien d'autrespoints.

Selon les adeptes du socialisme, associationniste, l'ordre véritable ne saurait venir d'en haut, de l'Etat.

Il doitnaître à la base, dans des groupements d'affinités, fondés sur l'harmonie des intérêts : tel le phalanstère, à la foiscoopérative de production et de consommation, mais surtout milieu humain où se forge le bonheur collectif grâce àun travail agréable et réellement libre (Fourier attendit toute sa vie un philanthrope qui financerait la constructiondu premier phalanstère.

V.

Considérant en créa un au Texas en 1853 : cela lui coûta deux millions.) Par sa volontéde tenir compte de l'homme tout entier, le projet est étonnamment moderne, même si le délire fantastique de Fourierl'a rendu facile à ridiculiser.

La pensée de l'industriel anglais Robert Owen (1771-1858) va dans le même sens8, et. »

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