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La société a-t-elle besoin d'artistes ?

Publié le 13/10/2005

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Leurs auteurs ne méritent pas le titre d'artiste mais de DÉMAGOGUE : Du grec, démagôgos, meneur du peuple; en un sens négatif, celui qui excite les passions pour obtenir une réussite électorale. démagogue. Il est cependant plus troublant de s'apercevoir que des créateurs considérables ont pu être critiqués au nom d'une conception de la vérité. Dans la Lettre à d 'Alembert sur les spectacles, Rousseau reproche au théâtre de flatter notre égoïsme. Une injustice mise en scène nous émeut car elle ne nous touche pas réellement. Notre conduite le prouve. Nous la supportons sans rien dire lorsque nous la rencontrons hors de la salle et il nous arrive même d'en commettre de similaires. Rousseau en déduit que le théâtre détourne notre jugement et notre sens moral en éloignant ce qu'il nous montre parce qu'il le représente. Il reproche ainsi à Molière d'avoir ridiculisé l'honnête mais peu aimable Alceste au profit de la fausse vertu de Philinte. La condamnation prononcée par Pascal s'aggrave.

« · La troisième, la plus éloignée de la réalité telle qu'elle est en elle-même, est celle produite par le peintrepuisqu'il imite ce qui est déjà une imitation.

Elle est donc un presque rien, n'a pas plus de réalité que notrereflet dans le miroir.

Elle est le reflet d'une apparence.

En fait, il n'y a rien à voir. Au nom de la vérité Platon critique l'art.

Les fondements de cette critique sont: la définition de l'art comme imitation, reproduction de la réalité sensible et à la définition de la réalité sensible comme apparence,apparence trompeuse, apparence du vrai.

Non seulement l'artiste ne produit que des apparences et enaccentue la puissance trompeuse, mais encore il nous attache à ce monde des apparences en produisantdes apparences qui plaisent, excitent les sens et l'imagination.

L'art, effet du désir sensible et des passions,les accroît en retour.

L'homme raisonnable n'y a pas sa place.

L'art, ennemi de la vérité est ennemi de lamorale.

On trouve ici la première condamnation morale de l'art et par suite la première justification théoriquede la censure artistique dont relève encore la condamnation des « Fleurs du mal » au milieu du XXe.

Rousseau au XVIIIe, sur ce point fort différent des philosophes des Lumières, reprendra le flambeau de cette critique.

L'art n'élève pas l'âme, bien au contraire.

Apparence, il joue le jeu des apparences.

Toutd'abord parce qu'il est, dans la société bourgeoise - société de la comparaison, du faire-valoir, del'hypocrisie, de la compétition -, indissociable d'une mise en scène sociale.

On va au théâtre pour exhiber satoilette et autres signes extérieurs de richesse, pour se comparer, médire, recueillir les potins...

Ensuiteparce qu'il nous plonge dans un monde fictif où nous pouvons à bon compte nous illusionner sur nous-mêmes.

Par exemple nous versons de chaudes larmes en assistant an spectacle des malheurs d'autrui etnous restons froids et impassibles lorsque nous avons l'occasion de lui porter secours.

Mais cependant nousavons pu croire à notre bonté naturelle.

Pour Platon comme pour Rousseau l'art est un divertissement qui nous divertit, nous détourne de nous mêmes. Bien que Platon ne définisse pas l'art par la beauté, il est tout de même possible de nuancer son propos, à partir de la prise en compte de sa conception de la beauté.

Si l'art n'est que simulacre, la beauté existe enelle-même, elle est une Idée et précisément une des plus belles.

Qu'est-ce qu'un beau cheval ? N'est-ce pasun cheval conforme à l'Idée du cheval ou archétype, à l'idée de ce que doit être un cheval sensible pour êtrepleinement un Cheval.

Un cheval est plus ou moins beau et son degré de beauté est proportionnel à saconformité au modèle idéal ou Idée.

Est beau ce qui est ce qu'il doit être, laid ce qui ne l'est pas.

Est beauce qui est parfait.

Comme la perfection n'est pas de ce monde, comme le cheval dans le pré ne sera jamais lacopie exacte et sans défaut du modèle mais toujours une imitation imparfaite, la beauté la plus grande, réelle,est celle des Idées.

Est beau ce qui existe pleinement et ce qui existe pleinement ce sont les Idées.

Labeauté est la perfection ou plénitude de l'Etre.

La laideur est l'imperfection, l'incomplétude.

Par conséquent,lorsque le peintre et le sculpteur reproduisent un beau cheval ou un beau corps d'athlète, leur oeuvre, pâleesquisse de la beauté idéale, en est tout de même le reflet.

Le poète inspiré est sorti de la caverne, acontemplé l'idée du Beau et peut entraîner dans son sillon ses auditeurs.

Ainsi le jugement de Platon sur l'art ne peut pas être simple bien qu'il insiste davantage sur la définition de l'art comme simulacre pernicieux. L'art est artificielRousseau, dans son Discours sur les sciences et les arts, affirme que leluxe et le raffinement corrompent les hommes et les détournent de leurbonté et de leur simplicité originelles.

On a pu constater en effet dansl'histoire que certaines formes d'art grossières correspondaient à despériodes de décadence de la société. "On croit m'embarrasser beaucoup en me demandant à quel point il fautborner le luxe.

Mon sentiment est qu'il n'en faut point du tout.

Tout estsource de mal au - delà du nécessaire physique.

La nature ne nousdonne que trop de besoins ; et c'est au moins une très hauteimprudence de les multiplier sans nécessité, et de mettre ainsi son âmedans une plus grande dépendance.

Ce n'est pas sans raison queSocrate, regardant l'étalage d'une boutique, se félicitait de n'avoir àfaire de rien de tout cela.

Il y a cent à parier contre un, que le premierqui porta des sabots était un homme punissable, à moins qu'il n'eût malaux pieds " ROUSSEAU "Dernière réponse de Jean - Jacques ROUSSEAU de Genève" in Discours sur les sciences et les arts 1 . Où cesse le besoin ? où commence le superflu ? ROUSSEAU n'a nulle peine pour répondre à la question qui lui est posée après le Discours sur les sciences et les arts où sont condamnées comme dangereuses et inutilesles connaissances, les techniques et les oeuvres d'art.

Le superflu commence précisément là où le besoincesse.

L'auteur rapporte la question posée, donne aussitôt la réponse et ses motifs et la complète par unexemple emprunté à l'antiquité grecque. Cependant, faut - il partager le sentiment de ROUSSEAU et croire que le luxe est source de mal ?. »

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