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Qu'est ce qu'une société juste ?

Publié le 12/04/2005

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Une société juste serait alors une société à la fois ordonnée par un souci collectif de justice, et régulée par la vertu de justice de chaque individu.   Aristote, Ethique à Nicomaque   « Telle est la nature de l'équitable, qui est un correctif de la loi là où elle se montre insuffisante en raison de son caractère général. Tout ne peut être réglé par la loi. En voici la raison : pour certaines choses, on ne peut établir de loi, par conséquent, il faut un décret. En effet, pour tout ce qui est indéterminé, la règle ne peut donner de détermination précise, au contraire de ce qui se passe dans l'architecture à Lesbos, avec la règle de plomb ; cette règle, qui ne reste pas rigide, peut épouser les formes de la pierre ; de même les décrets s'adaptent aux circonstances particulières. On voit ainsi clairement ce qu'est l'équitable, que l'équitable est juste et qu'il est supérieur à une certaine sorte de juste. On voit par là avec évidence ce qu'est aussi l'homme équitable : celui qui choisit délibérément une telle attitude et la pratique ; celui qui n'est pas trop pointilleux, au sens péjoratif, sur le juste, mais qui prend moins que son dû tout en ayant la loi de son côté, est un homme équitable, et cette disposition est l'équité, qui est une forme de justice et non une disposition. »   Transition : On en arrive à une définition de la société juste qui met en jeu à la fois la conception de l'ordre de la société et l'intervention permanente de l'individu, si bien que le concept de société juste est valide, mais un peu affaibli par cette intervention des instances individuelles, qui risquent de faire primer leurs intérêts privés sur ceux de la société. A quelles conditions pourrait-on produire un concept de société juste qui prendrait en charge, dans son ordre même, l'intervention de la vertu de justice ?     III.

La question « qu'est-ce que ?« signifie que le sujet demande que l'on propose une définition pour un certain objet.

L'objet en question ici est « une société juste «. Une société est, au sens large, un regroupement organisés d'êtres – on parle ainsi de sociétés humaines mais aussi de sociétés de fourmis ou de termites. Mais, le plus souvent, on parle de « société « pour désigner les sociétés humaines, et le mot désigne alors tous les cadres collectifs dans lesquels un individu se trouve impliqué, notamment – mais pas uniquement - ceux de l'Etat.

Le sujet porte sur les conditions auxquelles on peut déclarer qu'une société est « juste «. Le « juste « est ce qui est conforme à la justice, c'est-à-dire à une norme qui définit des rapports souhaitables d'équité ou d'égalité au sein d'un système de relations. La question se pose de savoir si cette justice est une vertu existant en elle-même, ou simplement l'état le plus souhaitable d'un rapport de forces. (– comment définir d'ailleurs l'état que l'on estimera « le plus souhaitable « ? est-il celui qui fonctionne le mieux ? celui qui est le plus productif ? celui qui engendre les moindres résistances ? Et surtout, en référence bien de quoi cet état sera-t-il désigné comme le plus préférable ? au bien du système de la société, ou au bien de l'individu ?)

Il va falloir définir les caractéristiques de la société et les confronter aux caractéristiques de la justice, pour décider à quelles conditions une société peut être qualifiée de juste. De quelle manière la justice peut-elle exister dans une société ? Son existence dépend-elle des individus qui la composent, ou du système de régulation de la vie collective que la société choisit d'appliquer ? Une société juste peut-elle comporter, dans son système, des éléments d'injustice ? Autrement dit, une société juste est-elle nécessairement une société de l'égalité ? Ou faut-il préférer un concept de justice qui recommanderait de donner à chacun selon ses mérites – mais alors, comment s'assurer que les critères par lesquels on décidera du mérite de chacun sont justes ? Le concept de justice est un concept complexe : il s'agira ici de faire jouer cette complexité dans le cadre d'une interrogation sur la nature de la société, dans le but de proposer une définition du concept de « société juste «.

« choisit délibérément une telle attitude et la pratique ; celui qui n'est pas trop pointilleux, au sens péjoratif, sur lejuste, mais qui prend moins que son dû tout en ayant la loi de son côté, est un homme équitable, et cettedisposition est l'équité, qui est une forme de justice et non une disposition.

» Transition : On en arrive à une définition de la société juste qui met en jeu à la fois la conception de l'ordre de la société et l'intervention permanente de l'individu, si bien que le concept de société juste est valide, mais un peuaffaibli par cette intervention des instances individuelles, qui risquent de faire primer leurs intérêts privés sur ceuxde la société.

A quelles conditions pourrait-on produire un concept de société juste qui prendrait en charge, dansson ordre même, l'intervention de la vertu de justice ? III.

La question du désintéressement de l'arbitrage Il semble qu'il soit possible de satisfaire cette exigence de produire un concept purement politique de la sociétéjuste si l'on donne une place institutionnelle à la vertu de la justice en l'insérant dans les mécanismes par lesquellesla société affirme le fonctionnement de sa justice.

Une société juste est donc finalement une société qui, à la fois,met en place un système ordonné de la justice et soumet ce système à un arbitrage permanent, séparé des intérêtspersonnels des individus. Alain « Où donc la justice ? En ceci que le jugement ne résulte point des forces, mais d'un débat libre, devant un arbitrequi n'a point d'intérêts dans le jeu.

Cette condition suffit, et elle doit suffire parce que les conflits entre les droitssont obscurs et difficiles.

Ce qui est juste, c'est d'accepter d'avance l'arbitrage ; non pas l'arbitrage juste, maisl'arbitrage.

L'acte juridique essentiel consiste en ceci que l'on renonce solennellement à soutenir son droit par laforce.

Ainsi ce n'est pas la paix qui est par le droit ; car, par le droit, à cause des apparences du droit, et encoreilluminées par les passions, c'est la guerre qui sera, la guerre sainte ; et toute guerre est sainte.

Au contraire, c'estle droit qui sera par la paix, attendu que l'ordre du droit suppose une déclaration préalable de paix, avant l'arbitrage,pendant l'arbitrage et après l'arbitrage, et que l'on soit content ou non.

Voilà ce que c'est qu'un homme pacifique.Mais l'homme dangereux est celui qui veut la paix par le droit, disant qu'il n'usera point de la force, et qu'il le jure,pourvu que son droit soit reconnu.

Cela promet de beaux jours.

» Conclusion On peut proposer une définition progressive du concept de « société juste » : l'élément de l'ordre, premier dans toutconcept de société, est enrichi par celui d'une vertu de justice individuelle, vertu qui est enfin institutionnalisée demanière à proposer la définition d'un fonctionnement purement politique de la société juste.

Cela permet de concilierla conception de la justice comme ordre, comme organisation d'un rapport de forces, et la conception de la justicecomme vertu évaluative.. »

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