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Sociologie: faits sociaux comme des choses (Durkheim) ?

Publié le 27/03/2004

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sociologie
Tout au moins de telles déductions doivent-elles être vérifiées par l'expérience, car la réaction de l'homme en groupe ne correspond pas toujours à celle de l'isolé. B. Cependant, si l'on considère la base métaphysique de la pensée durkheimienne, le rapprochement quasi intégral de la sociologie avec les sciences de la nature et la biologie ne va pas sans exiger quelque mise au point. On fait aisément remarquer, en ce qui concerne l'organisme social, que les individus, à la différence des cellules, sont conscients et libres, et que les faits sociaux se rapprochent encore plus du mental que du biologique. C'est ce qui pousse G. de Tarde à ramener le fait social au fait psychique par l'imitation. Si cette thèse peut paraître à son tour trop exclusive et inexacte, voyons si le sens commun ne nous suggère pas quelques correctifs indispensables à la thèse de Durkheim. a) Tout d'abord dans sa nature, le fait social apparaît : 1° comme un fait d'ordre mental : c'est une manière de penser, de parler et d'agir, et son caractère-de manifestation collective ne fait pas disparaître sa nature première; 2° de plus, il est souvent basé lui-même sur d'autres faits psychologiques comme point de départ : c'est ce qui se passe dans l'imitation, la mode, une émeute. Aussi l'affirmation de Durkheim sur le siège exclusif du fait social dans la conscience collective ne peut être retenue : celle-ci n'est d'ailleurs en soi qu'une abstraction, et celui-là ne peut être extérieur à toutes les consciences individuelles. Selon le mot de Tarde : « La psychologie collective, si elle cherche à être autre chose qu'une extension et une prolongation multiple de la psychologie individuelle, est une chimère ontologique.
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« Cette méthode de Durkheim est, en particulier, bien supérieure à celle de Stuart Mill, qui voulait faire de la sociologieune science déductive, tirée rationnellement de la psychologie, comme la société est composée d'individus humainsdont la nature ne change pas lorsqu'ils se groupent.

Tout au moins de telles déductions doivent-elles être vérifiéespar l'expérience, car la réaction de l'homme en groupe ne correspond pas toujours à celle de l'isolé. B.

Cependant, si l'on considère la base métaphysique de la pensée durkheimienne, le rapprochement quasi intégralde la sociologie avec les sciences de la nature et la biologie ne va pas sans exiger quelque mise au point.On fait aisément remarquer, en ce qui concerne l'organisme social, que les individus, à la différence des cellules,sont conscients et libres, et que les faits sociaux se rapprochent encore plus du mental que du biologique.C'est ce qui pousse G.

de Tarde à ramener le fait social au fait psychique par l'imitation.

Si cette thèse peut paraîtreà son tour trop exclusive et inexacte, voyons si le sens commun ne nous suggère pas quelques correctifsindispensables à la thèse de Durkheim. a) Tout d'abord dans sa nature, le fait social apparaît :1° comme un fait d'ordre mental : c'est une manière de penser, de parler et d'agir, et son caractère-demanifestation collective ne fait pas disparaître sa nature première;2° de plus, il est souvent basé lui-même sur d'autres faits psychologiques comme point de départ : c'est ce qui sepasse dans l'imitation, la mode, une émeute.Aussi l'affirmation de Durkheim sur le siège exclusif du fait social dans la conscience collective ne peut être retenue: celle-ci n'est d'ailleurs en soi qu'une abstraction, et celui-là ne peut être extérieur à toutes les consciencesindividuelles.

Selon le mot de Tarde : « La psychologie collective, si elle cherche à être autre chose qu'uneextension et une prolongation multiple de la psychologie individuelle, est une chimère ontologique.

» b) Ensuite, le déterminisme des faits sociaux, bien que réel, est d'un genre spécial et très relatif :— liberté n'est pas caprice sans doute, mais la liberté garde ses droits même en société: nul n'est contraint decompléter sur soi-même la proportion des suicidés;— on rencontre parfois mainte réaction inattendue de cette liberté contre la contrainte sociale;— le progrès, autre fruit de la raison et de la liberté, se manifeste ici d'une façon bien inconnue dans le monde de lamatière;— l'apparition de grands hommes, d'inventions ou d'événements inattendus imprime souvent une variété et unchangement de rythme à la suite des faits;— enfin chaque phénomène social se présente avec un caractère complexe et un certain sens unique.Aussi la loi sociologique, comme celle des autres sciences morales, ne vaut que pour l'ensemble des cas et n'est pastoujours rigoureuse pour un fait particulier.

Une statistique ne se rapproche de la réalité que si elle envisage unnombre suffisant de cas de même espèce. C.

Il s'ensuit que la méthode expérimentale, pour s'appliquer avec succès en sociologie, doit subir une adaptation sérieuse.a) D'abord, pour interpréter les manifestations externes que livre l'observation et leur donner leur véritable sens, unsouvenir de l'introspection personnelle sera indispensable.b) En second lieu, l'expérimentation proprement dite ou observation provoquée offre la plupart du temps, de l'avismême de Durkheim, de sérieuses difficultés; seuls, quelques législateurs peuvent y recourir avec précaution et sensmoral.c) Enfin l'emploi des mathématiques en sociologie ne doit pas être regardé comme vraiment rigoureux, étant donnéle genre du déterminisme social.

Les statistiques, d'ailleurs, outre leur valeur relative, présentent une autre lacune :elles indiquent parfois la coexistence de deux genres de faits, mais pas toujours le sens du rapport. Donc, d'une façon générale, la méthode en sociologie présente un certain nombre d'analogies avec la méthodepsychologique : c'est la méthode expérimentale comparative. CONCLUSION. — En résumé on peut dire que le fait social doit être regardé et traité comme une « chose » en ce sens que c'est un fait qu'il faut envisager d'une façon objective et scientifique aussi précise que possible, commedans les sciences expérimentales : c'est ce qu'il faut retenir de la pensée de Durkheim.

Mais ce fait, ne l'oublionspas, provient de l'activité collective et mutuelle de personnes groupées; et comme tel, il y a une base mentaleindéniable; d'où les rapprochements de la sociologie avec la psychologie.. »

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