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Soigne-t-on un être vivant comme on répare une machine ?

Publié le 09/01/2004

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La maladie comme la panne vient entraver le fonctionnement normal du corps mais la maladie est une initiative ou une réponse de l'organisme. Une maladie est une réponse globale de l'organisme à une agression, et non une entité qui viendrait se « greffer « sur un être vivant. La maladie est une manifestation de la vie  (Saint Augustin), elle fait partie des stratégies et des modes de régulation  par lesquels la vie se maintient.

-          Notion de vicariance, par exemple : En cas de lésion cérébrale, le système nerveux central peut parvenir à compenser les défaillances d'une zone adjacente. Cette fonction est utile pour la récupération de facultés amenuisées, par exemple suite à un accident. Production d'anticorps, régénérations cellulaires, cicatrisation → Autoréparation.

-          La question de la souffrance ne trouve aucun équivalent dans la panne de la machine.

-          La psychanalyse qui postule que le corps est bien autre chose qu'une machine dont il suffirait de démontrer les rouages. L'individu est d'abord un être de langage, il est sujet de désirs et il se construit au cours d'une histoire qui lui est propre.

Le vivant se ramène-t-il à la machine ? est une problématique des plus classiques mais quand cette question est ramenée au domaine de la pratique médicale, elle fait surgir des enjeux éthiques qu’on ne peut négliger. Peut-on comparer l’acte du médecin qui soigne à l’acte du technicien qui répare ? La maladie d'un homme peut-elle être comparée à la panne d'une machine? Une telle comparaison qui est suggérée sans doute par la ressemblance morphologique entre les animaux vertébrés et les machines articulées, n’est-elle pas une feinte de la part de l’homme pour nier la complexité de l’être vivant ? A l’opacité des phénomènes du vivant, il est tentant de substituer la simplicité de la transparence des processus mécaniques. Qu’est-ce que cette substitution nous permet de comprendre, et quelles spécificités risque-t-elle de nous faire méconnaître en contrepartie ?

« Descartes, préoccupé de physique et, en particulier, de mécanique (= étude de l'enchaînement des causes,qui se dit en grec : mékanè), a considéré curieusement que les animaux sont des machines (théorie del'animal-machine).

« C'est la nature qui agit en eux, selon la disposition de leurs organes; ainsi qu'on voitqu'un horloge (— une horloge), qui n'est composé que de roues et de ressorts, peut compter les heures, etmesurer le temps, plus justement que nous avec toute notre prudence » (Discours de la Méthode, 1637). Le problème de l'union de l'âme et du corps. a) La hiérarchie des âmes selon Aristote.

Aristote distinguait, dans son Traité de l'Ame :• L'âme végétative, principe de la nutrition et de la croissance des plantes;• L'âme sensitive, principe de la sensation et de la locomotion chez les animaux;• l'âme rationnelle (ou dianoétique), qui — chez l'homme — couronne les deux précédentes. b) Chose qui pense ou matière brute.

Descartes rejette absolument ces distinctions.

« Il n'y a en nous, écrit-il, qu'une seule âme, et cette âme n'a en soi aucune diversité de parties : la même qui est sensitive estraisonnable, et tous ses appétits sont des volontés » (Traité des Passions, art.

47; 1649).

Ceci implique queles animaux, qui ne pensent pas, ne connaissent ni le plaisir ni la douleur. c) L'insoluble question de l'union de l'âme et du corps.• Le corps de l'homme aussi est donc en tous points comparable à une machine (un médecin du XVIIIe s.écrira même un ouvrage intitulé : L'Homme-machine, 1748). L'homme-machine dérive de l'animal-machine de Descartes mais La Mettrie entend pousser le mécanisme cartésien jusqu'au maximum de ses conséquences logiques: tout ce que la métaphysique cartésienneattribuait à l'âme (pensées, ides innées) peut être expliqué matériellement.

Tout en l'homme n'est quemécanisme et il revient à la science d'en rendre compte.• Comment expliquer alors l'union vécue de la « substance étendue » (= la matière) du corps et de la «substance pensante » (= l'âme) ? Descartes localise bizarrement dans la glande pinéale (petite glande situéeau-dessus du cerveau moyen, que nous nommons aujourd'hui : épiphyse), le point de jonction entre lesvolitions de l'âme et les mouvements du corps de l'homme.

(Evitez : « le gland pinéal », perle célèbrerencontrée dans certaines copies !)• « Toute l'action de l'âme consiste en ce que, par cela seul qu'elle veut quelque chose, elle fait que lapetite glande à qui elle est étroitement jointe, se meut en la façon qui est requise pour produire l'effet qui serapporte à cette volonté » (Traité des Passions, art.

41; 1649). - Le fait de réparer une machine peut constituer un modèle pour soigner un corps.

Un organe se rattache à une fonction, comme une pièce de machine à un rouage.

Paradigme fructueux pour William Harvey qui a misen évidence au XVIIe siècle, le rôle de la pompe hydraulique joué par le coeur dans la circulation sanguine. Soigner comme réparer, c'est s'efforcer de rétablir un équilibre ou une fonction qui ont été perturbés oususpendus.

En chirurgie, on réduit une fracture comme on redresserait la pièce tordue d'une machine Prothèses, implants.

Réparer le corps n'est plus un mythe, rejoint la science-fiction.

La génétique. II/ Dépassement du modèle mécaniste - Le vitalisme (Aristote, Leibniz) qui prend en compte réellement la vie elle-même.

On ne peut nier l'âme qu'elle soit appelée « force vitale » ou « entéléchie » qui donne l'unité à l'être vivant et en fait un mystère. - La maladie n'est pas une simple « panne » de l'organisme.

La maladie comme la panne vient entraver le fonctionnement normal du corps mais la maladie est une initiative ou une réponse de l'organisme.

Une maladieest une réponse globale de l'organisme à une agression, et non une entité qui viendrait se « greffer » sur unêtre vivant.

La maladie est une manifestation de la vie (Saint Augustin), elle fait partie des stratégies et desmodes de régulation par lesquels la vie se maintient. - Notion de vicariance, par exemple : En cas de lésion cérébrale, le système nerveux central peut parvenir à compenser les défaillances d'une zone adjacente.

Cette fonction est utile pour la récupération de facultésamenuisées, par exemple suite à un accident .

Production d'anticorps, régénérations cellulaires, cicatrisation Autoréparation. - La question de la souffrance ne trouve aucun équivalent dans la panne de la machine. - La psychanalyse qui postule que le corps est bien autre chose qu'une machine dont il suffirait de démontrer les rouages.

L'individu est d'abord un être de langage, il est sujet de désirs et il se construit aucours d'une histoire qui lui est propre. III/ Dimension éthique de la pratique médicale - Le garagiste qui répare une voiture reste neutre et extérieur face à la machine.

A l'égard de l'être vivant, le médecin appartient à une même communauté humaine qui le relie à son patient.

Soigner le patientc'est le comprendre, interpréter des symptômes.. »

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