Devoir de Philosophie

Les Soirées de Saint-Pétersbourg

Publié le 07/04/2013

Extrait du document

« Il faut absolument tuer l'esprit du xviiie siècle «, disait Joseph de Maistre. Il opposait au rationalisme des Lumières l'ordre surnaturel gouverné par la Providence ; visionnaire et prophète, il envisage l'histoire sous l'éclairage des interventions de Dieu...

« Sta tues de Jose ph et Xavie r de Ma istre à C hambéry, Savoie ~-- ----- EXTRAITS -----------.

En p renant exemple s ur les p saume s, l'auteur montre que, dan s le dout e, il ne faut jamai s accuser Dieu Ayant ainsi abjuré tous les sophismes de l'esprit, il [le Roi-Prophète] ne sait plus qu'aimer.

Il s'écrie : Que puis-je dési­ rer dans le Ciel ? que puis-je aimer sur la terre excepté vous seul ? ma chair et mon sang se consument d'amour; vous êtes mon partage pour l'éternité.

Qui s'éloigne de vous marche à sa perte comme une épouse infidèle que la vengeance poursuit ; mais pour moi, point d'autre bonheur que celui de m' atta­ cher à vous, de n'espérer qu'en vous, de célébrer de­ vant les hommes les mer­ veilles de mon Dieu.

Voilà notre maître et notre modèle ; il ne faut jamais, dans ces sortes de questions, commencer par un orgueil contentieux qui est un crime parce qu'il argumente contre Dieu, ce qui mène droit à l'aveuglement.

Il faut s'écrier avant tout : Que vous êtes bon ! et supposer qu'il y a dans notre esprit quelque erreur qu'il s'agit seulement de démêler.

Des lois invisible s régisse nt l'Unive r s li n'y a donc aucune loi sensible qui n'ait derrière elle (passez-moi cette expression ridicule) une loi spirituelle dont la première n'est que /'expression visible ; et voilà pour­ quoi toute explication de cause par la ma­ tière ne contentera jamais un bon esprit.

Dès qu'on sort du domaine de l'expérience matérielle et palpable pour entrer dans celui de la philosophie rationnelle, il faut sortir de la matière et tout expliquer par la méta­ physique.J'entends la vraie métaphysique, et non celle qui a été cultivée avec tant d'ardeur durant le dernier siècle par des hommes qu'on appelait sérieusement méta­ physiciens.

Plaisants métaphysiciens ! qui ont passé leur vie à prouver qu'il n'y a point de métaphysique ; brutes illustres en qui le génie était animalisé ! Il est donc très certain, mon digne ami, qu'on ne peut arriver que par ces routes extraordinaires que vous craignez tant.

Que si je n'arrive pas, ou parce que je manque de forces, ou parce quel' autorité aura élevé des barrières sur mon chemin, n'est-ce pas déjà un point capital de savoir que je suis dans la bonne route ? Tous les inventeurs, tous les hommes originaux ont été des hommes religieux et même exaltés.

L'esprit humain, dénaturé par le scepticisme irré­ ligieux, ressemble à une friche qui ne produit rien, ou qui se couvre de plantes spontanées, inutiles à l'homme.

Alors même sa fécondité naturelle est un mal : car ces plantes, en mêlant et entrelaçant leurs racines, durcis­ sent le sol, et forment une barrière de plus entre le ciel et la terre.

Brisez , brisez cette croûte maudite ; détruisez ces plantes mor­ tellement vivaces ; appelez toutes les forces de l'homme ; enfoncez le soc ; cherchez profondément les puissances de la terre pour les mettre en contact avec les puissances du ciel.

Voilà , messieurs, l'image naturelle de l'intelligence humaine ouverte ou fermée aux connaissances divines.

« La Neva co ule à plein b ord a u sein d'un e cité m ag nifi que : ( ...

) dans to ute l'éte nd ue de la ville, ell e est con ten ue p a r de ux quais de gra nit, alig nés à perte de vue •..

,.

NOTES DE L'ÉDITEUR « On peut juger à présent l'efficacité de l'action entreprise par Maistre dans ce combat politico-religieux.

S'il a su analyser la situation d'une façon globale qui lui paraît satisfaisante, s'il a su dans les salons russes impressionner ses amis par une description de la Révolution qui ne manque pas de grandeur épique, s'il a pu même convertir certaines personnes de qualité à ses vues politiques ou à ses options religieuses, s'il a pu enfin pendant de immédiat est plutôt négatif.

» Jean-Yves Le Borque, Joseph de Maistre et la Révolution, 1976.

« Aujourd'hui, les événements ont marché: ils sont loin d'avoir donné raison en tout à Monsieur de Maistre et ce serait même plutôt le contraire qui aurait lieu ; mais ils ont mis de plus en plus en lumière la hauteur de ses vues et leur vrai sens, la perspicacité de ses craintes, la sagesse de quelques-uns de ses regrets.» Sainte-Beuve, 2juin 1851, Causerie.

« On peut avancer aujourd'hui que Maistre, dans la mesure où il a été mauvais prophète, s'est moins trompé sur le sens de !'Histoire que sur les facteurs et les circon stances de son évolution.

On le constate notamment quand on retient de la philosophie de Maistre ce qu'on en retient habituellement, à savoir qu'elle exprime la réaction la plus radicale, et( ...

) volontiers la plus aveugle, contre l'esprit du xvme siècle et l'héritage politique que représentent les " immortels principes" de 89.

» C.

J.

Gignoux, Joseph de Maistre prophète du pas sé, historien longs mois influencer le tsar lui-même, il faut bien reconnaître que le bilan de l'avenir, Lattès, 1963.

1 Joseph de Maism: d'après Bouillon I coll.

Viollel 2 gravure de 1789, mus= Carnavalet I Lauros-Oiraudon 3 coll.

Viollet 4 tableau de Vorobiov.

coll.

M.

Alexandre/ Lauros-Giraudon MAISfRE02. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles