Sois toujours poète, même en prose. Charles Baudelaire.

En marge des Fleurs du Mal, des Petits Poèmes en prose, de ces livres décisifs pour l'évolution de la littérature française, l'oeuvre de Baudelaire recèle une série de textes fragmentaires, inachevés qui ne furent publiés qu'après la mort de leur auteur sous le titre largement trompeur de Journaux intimes. Les critiques s'accordent mal sur le sens à donner à ces notes souvent à peine esquissées et qui se présentent au lecteur sous la forme d'aphorismes percutants ou de rapides considérations esthétiques, morales ou politiques. La seule certitude que nous ayons est qu'il ne s'agissait en aucun cas pour Baudelaire de tenir un « journal intime » au sens traditionnel du terme. Mon coeur mis à nu, Fusées, Hygiène — qui sont les trois ensembles composant les Journaux intimes — constituent sans doute l'ébauche de projets différents qui n'ont pas pu être .menés à terme. Le caractère éclaté de ces textes donne aux remarques qu'ils contiennent un caractère abrupt, paradoxal, énigmatique qui contribue beaucoup à leur force et à leur beauté.