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Sommes-nous conscients ou avons-nous à nous rendre conscients ?

Publié le 08/02/2004

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Le sujet nous invite à réfléchir sur une alternative : ou bien nous sommes conscients, ou bien nous avons à nous rendre conscients. Entre les deux, il faut choisir. D'emblée, nous conviendrons du fait qu'il est difficile, pour un être humain, de se concevoir vivant et dépourvu de conscience à la fois. Pourtant, ne nous arrive-t-il pas de dire de quelqu'un qu'il est inconscient, bien qu'il soit vivant ? De même, suffit-il d'être conscient pour être consciencieux ? Faut-il alors vraiment choisir entre les deux membres de l'alternative ? N'y a-t-il pas plutôt deux formes de conscience, lesquelles nous permettraient d'affirmer que non seulement nous sommes conscients, mais que nous avons aussi à nous rendre conscients ?  

« seulement à nous par l'intermédiaire de nos sens.

Tous les objets de ce monde, tout ce qui le compose, lesévénements, les personnes, les choses, etc., sont construits par le langage.

Le verbe n'est pas miroir, il estcréateur.

Une fleur, par exemple, n'est pas un objet en soi, existant par elle-même, indépendamment du regard quise pose sur elle et que la vue ne ferait que découvrir.

Deux individus ayant les mêmes yeux verront deux fleursdifférentes: si l'un est botaniste, il y distinguera une richesse de détails qui n'existeront pas pour l'autre qui n'y verrapeut-être qu'une composition de couleurs et un mélange d'odeurs.

L'idée d'une fleur absolue, qui existerait en elle-même au-delà de ce que les sens et l'intelligence des hommes peuvent en saisir, n'est qu'une fiction.

Si cette fleurabsolue devait exister pour un point de vue divin, elle resterait irrémédiablement étrangère au monde humain: Dieuseul en aurait la conscience.

Les objets dont nous avons conscience sont, eux, tous découpés par le langage dansla trame continue de nos impressions sensibles.

La conscience est lecture, déchiffrage, interprétation. C.

Le travail de la prise de conscienceNous ne sommes donc pas conscients par nature; nous le devenons à mesure que notre vie intérieure est prise encharge par le langage.

L'enfance est le temps non de la découverte mais plus radicalement de la naissance dumonde.

Mais ce monde dont nous avons conscience n'est pas construit une fois pour toutes.

Il s'enrichit à mesureque se complexifie la manière dont on en parle.

Plus la pensée s'affine, plus la perception se précise.

L'histoire dessciences offre de nombreux exemples de la manière dont de nouveaux concepts changent les objets du monde.Aujourd'hui, le gaz paraît être une chose courante, d'utilisation quotidienne.

On l'allume, on l'éteint; on sait qu'il peutexploser.

Pourtant, jusqu'à la naissance de la chimie, avec Lavoisier, le «gaz» n'existait pas; on parlait de«vapeurs», d'«airs» plus ou moins subtils, plus ou moins purs.

L'objet «gaz» est apparu à partir du moment où le mota été créé dans une théorie précisant son sens exact (corps se présentant à l'état de fluide expansible etcompressible dans les conditions de pression et de température normales) et exposant ses propriétés.

La manièredont les hommes prennent conscience du monde est donc fonction de la manière dont ils le pensent.

La conscienceest bien le produit d'une élaboration, d'un travail: il faut s'acheminer vers une certaine manière de concevoir leschoses pour pouvoir remarquer, constater ces choses.

La prise de conscience peut être subite ou progressive: ellepeut être l'effet saisissant d'une innovation révolutionnaire (songeons à la révolution intellectuelle accomplie parl'invention marxiste de la notion d'« exploitation» qui a rendu possible la prise de conscience prolétarienne) ou bien leproduit d'une longue gestation (il a fallu du temps aux hommes pour admettre la vision du monde induite par lesacquis de Copernic, Darwin, Freud...).

Le monde ne paraît clair, évident et indépendant de nous qu'à celui qui estinstallé dans un système interprétatif que rien encore n'est venu mettre en crise.Nous venons de nous demander quelle était l'origine de la conscience, si elle était une fonction naturelle ou bien uneacquisition culturelle, structurée par le langage.

Mais la conscience ne se réduit pas au rapport réflexif à soi ou aumonde.

Elle n'est pas seulement relation à ce qui est mais aussi rapport à ce qui doit être.

La conscience dite«morale» nous ouvre non pas sur un univers d'«objets», formant un monde, mais sur un ensemble de valeurs et denormes.. »

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