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Sommes-nous esclaves de nos passions ?

Publié le 27/02/2005

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Afin de montrer l'erreur de toute cette philosophie, je vais tenter de prouver, premièrement, que la raison ne peut être à elle seule un motif pour un acte volontaire, et, deuxièmement, qu'elle ne peut jamais combattre la passion sans la direction de la volonté. [...] Manifestement, lorsque nous avons la perspective d'éprouver une douleur ou un plaisir par l'effet d'un objet, nous ressentons en conséquence une émotion d'aversion ou d'inclination et nous sommes portés à éviter ou à saisir ce qui nous prouvera ce malaise ou ce contentement. Manifestement aussi, cette émotion n'en reste pas là, mais elle nous fait porter nos vues de tous côtés et elle enveloppe tous les objets reliés à son objet primitif par la relation de cause à effet. C'est ici qu'intervient le raisonnement pour découvrir cette relation et, comme varie notre raisonnement, nos actions subissent une variation corrélative. Mais évidemment, dans ce cas, l'impulsion ne naît pas de la raison qui la dirige seulement. C'est la perspective d'une douleur ou d'un plaisir qui engendre l'aversion ou l'inclination pour un objet ; ces émotions s'étendent aux causes et aux effets de cet objet, puisque la raison et l'expérience nous les désignent. Cela ne pourrait nous intéresser le moins du monde de savoir que tels objets sont des causes et tels autres des effets, si les causes et les effets nous étaient également indifférents. Quand les objets eux-mêmes ne nous touchent pas, leur connexion ne peut jamais leur donner une influence ; il est clair que, comme la raison n'est rien que la découverte de cette connexion, ce ne peut être par son intermédiaire que les objets sont capables de nous affecter. Puisque la raison à elle seule ne peut jamais produire une action, ni engendrer une volition, je conclu que la même faculté est aussi incapable d'empêcher une volition ou de disputer la préférence à une passion ou à une émotion.

Les passions traduisent une relation de l‘esprit au corps. L'homme les subit et traditionnellement il se est soumis à celles ci car la passion a une tendance dominatrice qui force l'homme à capter toutes sa concentration sur elle. Cependant la passion traduit en même temps un pouvoir de l'homme  exprimer ses sensations, tout ce que le corps peut ressentir sensiblement, elle est un moteur créateur de l'artiste. De plus cette ambivalence de la passion se trouve entre l'action et la passivité, Passion vient du terme pati en latin qui signifie souffrir, supporter, la passion nous renvoie à) cette idée de passivité de l'âme, l'homme subit ses passions, pour Hume, il en est affecté. Les passions sont elles donc des diktats du corps sur l'esprit? Lorsque nos passions nous assaillent, sommes nous alors sous la domination de nos esprits animaux chez Descartes. L'homme n'est il donc qu'un être vivant soumis à sa nature animale? Si les passions sont un influx nerveux qui relie notre corps à notre esprit et qu'elles nous accaparent l'esprit jusqu'à le rendre passif, ne sommes nous pas esclaves de nos passions?

         Si l'homme était entièrement voué à ses passions, sa passivité de l'âme le rendrait totalement animal. La raison n'étant pas liée au corps, elle est la seule à pouvoir permettre à l'homme de dominer parfois ses passions, à recouvrir la maîtrise de soi. Dans la tradition antique la passion est une maladie de l'âme qui ne peut être guérie que par la sagesse, sagesse qui s'applique rationnellement grâce à la volonté. L'homme est donc en tant qu'être de raison le seul à pouvoir dominer sa nature animale qui le rend esclave de ses passions. Cependant, il doit exister un juste équilibre car les passions ne nous rendent pas forcément esclaves, mais il s'agit de leur excès. L'homme doit apprendre à dominer ses passions par la raison, il s'agit de prendre le dessus sur les passions en apprenant à les connaître pour Spinoza. Les passions font partie de nous, elles peuvent nous dominer si nous nous laissons submerger sans les rationaliser; la sagesse humaine se trouverait dans la capacité pour l'homme à savoir lui même dominer ses passions, cette capacité issue de la liberté du sujet Descartes la nomme générosité .

 

« Introduction Il y a d'abord une équivocité du terme « passion ».

Elle désigne en premier lieu les phénomènes passifs de l'âme.

Un sujet est en cesens affecté par quelque chose.

La passion a aussi un caractère actif et constitue une des forces vives du comportement humain.

En cesens la passion envahit tout le sujet.

Et cette envahissement caractérise en l'homme le fait d'être aveuglé par ce qui le fait se mouvoir detelle ou telle manière.

Et ce qui détermine le caractère aveugle d'une passion, c'est que le sujet peut tout à fait rechercher quelque chosesans avoir d'objet réel.

Ainsi, le sujet a une idée abstraite de ce qu'il veut, mais il n'a pas l'objet concret censé satisfaire sa passion.L'homme peut-il déterminer l'origine de ses passions et des mouvements qu'elle entraîne, ou bien restera-t-il toujours ignorant ouesclave des affects qui conduisent ses actions ? I.

Reconnaître les passions et en être maître a. On retrouve ce sens ancien pour lequel la passion consiste à subir une action.

Et le fait de subir amoindrit en l'homme sa possibilité d'être maître de lui-même.

D'où l'idée, que l'on retrouve déjà chez les Stoïciens, selon laquelle la passion est néfaste pour l'individu, dans la mesure où elle va à l'encontre de la quête du bonheur, de la sérénité de l'âme.

Ainsi Epictète fera la distinction dans son Manuel (écrit par un de ses disciples, Arien) entre « ce qui dépend de nous » et « ce qui ne dépend pas de nous ».

Et ce qui ne dépend pas de nous (lamort d'un proche, la maladie etc.) doit être mis à l'écart, et ce pour ne pas perturber ou freiner l'homme qui est en quête de lui-même.

b.

La passion désigne aussi chez les cartésiens des états affectifs (plaisirs, douleurs, émotions) qui encombrent l'âme puisque celle-ci est étroitement liée au corps.

Mais Descartes dira que ses affections « sont toujours bonnes de leur nature » puisqu'elles ont une fonction naturelle qui est de « disposer l'âme à vouloir les choses que la nature nous dicte utiles et à persister en cette volonté » ( Traité des passions , art.

52).

Mais la passion ne sera vraiment exaltée qu'avec le romantisme, puisqu'elle permet d'élever l'âme.

Le sage comme l'homme du quotidien sont tous deux également exposés aux passions.

Et vivre avec ses passions peut mener à des actions.

II.

La non maîtrise des passions a.

La passion influe largement sur l'imagination.

En effet, le sujet a un objet caractéristique de sa passion, et celui-ci, voulant possédé l'objet (l'amour, le jeu, etc.), associe à cette possession d'objet des satisfactions infinies, et crée ainsi une finalité illusoire : le joueur, parexemple, cherche-t-il l'argent, le plaisir ? « J'avais risqué ma vie et j'avais gagné.

De nouveau j'étais un homme » s'écrie le héros deDostoïevski dans son délire ( Le joueur , chap.

XVII).

Le joueur cherche perpétuellement l'exaltation.

Et le passionné souvent se croit libre puisqu'il poursuit de toutes ses forces et de toute son âme un objectif que nul ne lui a imposé.

Mais à la lumière de Spinoza , il est clair qu'un sujet autant affecté par des objets ne peut être dit libre : « je dis que nous sommes passifs quand il se fait en nous quelque choseou qu'il suit de notre nature quelque chose, dont nous ne sommes la cause que partiellement » ( Ethique , III). b. L'amour est signe d'une dépendance.

C'est Schopenhauer qui étayera l'idée selon laquelle la passion amoureuse, l'élection de tel ou tel individu est loin d'être accessoire.

L'objet est aimé avant même d'être connu, c'est le paradoxe du coup de foudre.

Le choixcorrespond à un but universel, à la procréation, car, selon Schopenhauer, « le type de l'espèce doit se perpétuer, aussi pur et authentiqueque possible ».

Mais ici le sujet qui entraîne l'illusion a horreur du but qui seul le mène (la procréation), et voudrait même faire obstacle àcette réalisation.

La vérité de la passion est donc la transcendance de sa fin, une fin inconnue et infinie.

L'homme s'imagine « qu'ilconsacre tous ses efforts et tous ses sacrifices à son plaisir personnel, alors que tout cela n'a lieu que pour conserver le type normal del'espèce » (Schopenhauer, Métaphysique de l'amour ). III.

Passion, volonté et responsabilité a.

La passion caractérise une forte dépendance en l'homme.

Ce dernier est le plus souvent ignorant de ce qui l'affecte, c'est-à-dire de son objet et des fins que ça implique.

La passion diffère du désir puisqu'elle est constante et ardente, ce qui empêche le sujet d'en êtremaître, et de s'en débarrasser volontairement.

Dès lors la passion peut mener le sujet à une sorte de délire ou d'ensorcellement.

Et c'estbien ce que nous fait comprendre St Augustin lorsqu'il alla à Carthage, et qu'il recherchait un objet à cette passion qui le dévorait, l'amour : « Je n'aimais pas encore mais j'aimais l'amour […].

Aimant l'amour, je cherchais un objet à mon amour » ( Les confessions , III, 1).

b.

L'homme a une conscience morale, or la morale n'a de sens que s'il y a la liberté.

Selon Sartre , parce qu'on est des consciences (des « cogito »), on est toujours responsables.

En effet, l'homme juge généralement qu'il est responsable que lorsqu'il agit consciemmentet librement.

C'est pourquoi on tend à penser qu'un homme aveuglé par ses passions ne serait pas responsable, alors que pour Sartre ill'est : « nous sommes seuls, sans excuses » ( L'existentialisme est un humanisme ).

L'homme, une fois jeté dans le monde, est responsable de tout ce qu'il fait, ainsi, « l'homme est condamné à être libre ».

L'homme est responsable de ses passions, de ce qui l'affecte.

c. Les comportements passionnels des hommes peuvent sous-tendre une logique pulsionnelle.

La sublimation chez Freud correspond à un processus qui détourne l'énergie vitale vers des buts idéaux, notamment esthétiques et mystiques.

Ainsi la passion trouverait sasource dans la force de la pulsion sexuelle.

La pulsion est sublimée car elle dérive vers un but nouveau, non sexuel.

Ainsi le côté aveugled'une passion, tel l'homme obsédé par la philatélie, peut s'éclaircir sous un angle psycho-analytique, c'est-à-dire au regard du langageinconscient qui régit le sujet.

Conclusion Doit-on fuir ou accepter la passion ? Il apparaît que depuis longtemps cette question, due à une ignorance de la logique réelle de lapassion, s'est posée.

Ainsi pour être maitre de soi, ou pour atteindre une reconnaissance divine, certains s'emploient à supprimer lapassion de leur vie.

Ils bannissent, au profit d'un ordre plus haut, une logique propre de leur vie.

Mais la passion persiste et ne se laissepas forcément reconnaître : le délire du joueur, l'amour démesuré d'un homme, sont les symptômes de l'existence de forces qui agissentsans notre consentement.

L'homme est ainsi possédé par lui-même sans le savoir.

Mais il semble aussi que la passion, par lasublimation, ou par ce qu'elle produit comme effet, permet la diversité du genre humain dans ses choix, et ses tendances.. »

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