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Sommes-nous fondés a dire qu'il n'y a pas de sot métier ?

Publié le 27/02/2005

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En reprenant, avec Hannah Arendt, la distinction d'Aristote entre la theoria (spéculation), la praxis (action) et la poiêsis (fabrication, travail), le travail serait l'activité humaine la plus proche de l'animalité, de la nécessité biologique, en vertu de sa finalité qui est de satisfaire nos besoins. Le travail est aussi à cet égard l'activité la plus éphémère dans ses réalisations. Le produit du travail est en effet destiné à être consommé ; ainsi, la loi du travail est la reproduction indéfinie de ses objets et des actes accomplis pour les produire, la répétition monotone du cycle production/consommation (cf. H. Arendt, La condition de l'homme moderne).      b. Le machinisme aussi montre la part inquiétante du travail en ceci qu'il abêtit l'homme. La division sociale des métiers est utile est permet l'acquisition d'une habileté intéressante ; mais la division technique des tâches est problématique. Leur extrême parcellisation ôte toute signification à leur exécution. Le travailleur, tel Charlot dans Les Temps modernes, ne se représente plus ni le but de son activité, ni même la liaison des différents moments qui la constituent.

     Le travail est le plus souvent considéré comme une contrainte avant d’être perçu comme étant une activité libératrice ou plaisante. Cela peut-être parce que le travail est pour l’homme une nécessité, et non un choix volontaire. Mais il apparaît que beaucoup aime travailler pour améliorer leur vie, comme le bricoleur qui se plait à élaborer ou à réparer plusieurs petites choses. Mais bricolage et travail peuvent être distingués, comme l’affirme C. Lévi-Strauss, puisque le bricolage serait plus un vagabondage de l’esprit. Et le travail, au contraire, reste surtout une transformation de l’immédiateté du réel par l’intelligence. La nature se trouve ainsi transformée par le travail au profit d’un produit humain. Mais on verra que le travail a évolué vers des activités, des métiers, toujours plus orientées vers la rentabilité. Les conséquences sont claires : produire le plus possible, le plus rapidement possible, à moindre coût. C’est à ce rythme moderne que le travail trouve sa définition, mais aussi et surtout sa dévalorisation, puisque des métiers de l’artisanat (savoir-faire), on est passé à l’industrie, mode mécanique et non réfléchi du travail. Le sens du métier suit ainsi l’évolution même de la valeur du travail.  

« plus que le travail est moins attrayant, et que l'homme ne peut y réaliser ses forces génériques.Aussi Hegel disait que le travail arrache l'homme à son existence immédiate, en lui imposant la médiation du temps (il faut différer la satisfaction des besoins, attendre que la récolte pousse etc.), et aussi celle de l'outil.

Le travailest donc en même temps le moyen d'une maîtrise de la nature, qu'il adapte aux besoins humains, mais il est aussi,comme le dit Hegel, celui d'une extériorisation, ou d'une objectivation de soi.

Ainsi, dans la nature maîtrisée par letravail, l'homme se reconnaît et s'affirme.

III.

Un métier pour quoi faire ? a.

Si l'on peut s'inquiéter, avec Nietzsche , de la glorification du travail par la civilisation de la production de masse, ce n'est pas pour lui opposer un « droit à la paresse », ni un droit « aristocratique » à des activités « deluxe », mais pour retrouver, au contraire, le vrai sens du travail.

Celui-ci est, comme le souligne Simone Weil , l'activité qui ne sépare pas la pensée de l'action, le « travail intellectuel » et le « travail manuel » ; il est ce quepeut l'homme face à la nécessité des choses.

Il est en cela la mesure de notre liberté.

En nous donnant unediscipline, il est formateur et pour l'espèce, et pour l'individu (cf.

Kant, et Weil, La condition ouvrière ). Dans la glorification du "travail", dans les infatigables discours sur la"bénédiction du travail", je vois la même arrière-pensée que dans les louangesadressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de toutce qui est individuel.

Au fond, on sent aujourd'hui, à la vue du travail - onvise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir -, qu'un tel travailconstitue la meilleure des polices, qu'il tient chacun en bride et s'entend àentraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût del'indépendance.

Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuseet la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, àl'amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin etassure des satisfactions faciles et régulières.

Aussi une société où l'ontravaille dur en permanence aura davantage de sécurité : et l'on adoreaujourd'hui la sécurité comme la divinité suprême ... questions indicatives Fonction des guillemets pour l'expression « bénédiction du travail » ?Quels sont les différents arguments dont fait état Nietzsche, pour affirmer qu'« un tel travail constitue la meilleure des polices » ?Quel est le fondement, en dernière analyse, selon Nietzsche, de cette sociétédu « travail » ?Quelles sont les valeurs qui y sont ainsi subordonnées, voire niées ?Que pensez-vous de l'analyse de Nietzsche, et notamment de l'analyse du fondement de cette société ?Fonction des guillemets pour « travailler » ? (Ce texte est extrait d'Aurore, écrit entre 1879 et 1881.)Qu'est-ce qui (ou qui) est visé par ce texte ?En quoi ce texte présente-t-il un enjeu philosophique, et n'est pas un essai de sociologue ou d'historien ? Le travail dont il est question ici, est celui qui n'a pour but que le gain d'argent et les plaisirs qu'on peut acheter («Un but mesquin...

»).La valorisation du travail gagne-pain a la même origine que les autres discours moraux : la dépréciation et la peur del'individu.

Et de fait, ce travail empêche ce qui est d'ordre strictement personnel.

Il signifie « oubli de soi »,soumission à un rythme imposé, intégration à une collectivité.

Il n'y a plus de temps pour la solitude, pour laméditation personnelle, plus d'énergie pour les passions individuelles.L'individu, en tant que tel, est dangereux pour la société car il n'a pas pour but l'intérêt général, l'utilité commune,mais seulement lui-même.

Il est du plus grand intérêt pour la société que les hommes oublient qu'ils sont desindividus, pour se percevoir comme des membres de la société, et le travail est un excellent moyen pour lesdépouiller de leur être individuel.

Il faut remarquer la spécificité du point de vue de Nietzsche : il ne s'agit pas pourlui de défendre les travailleurs en tant que tels, mais de voir, derrière le travailleur, l'individu. b. Cela paraît être certes une vision idyllique du travail humain.

Mais la réalité du chômage et de l'exclusion sociale ne contraint-elle pas à repenser le statut du travail dans nos sociétés ? Est-il raisonnable d'identifier, commeil semble être le cas, le travail à l'emploi, de sorte qu'on finirait par travailler uniquement pour ne pas être auchômage ? Aussi, l'individu travaille, a un métier, afin de pouvoir subvenir à ses loisirs personnels.

On pourrait doncvoir dans les vacances (comme temps de repos) une suppression temporaire du travail, afin de laisser le travailleur àses loisirs.

Mais il apparaît que ce n'est pas le cas, et que le travailleur n'est pas plus libre en temps de loisirs qu'entemps de travail.

Le temps du loisir, comme l'indique J.

Baudrillard , n'est qu'une « parenthèse évasive dans le cycle de la production ».

Ainsi selon l'auteur, le temps est considéré comme « force productrice », puisque ce temps deloisirs implique d'être « tué » en consommant, et donc en perpétuant la machine de production : « Le loisir est. »

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