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Sommes-nous responsables de nos passions ?

Publié le 15/04/2004

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« La raison est, et elle ne peut qu'être l'esclave des passions; elle ne peut prétendre à d'autres rôles qu'à les servir et à leur obéir. « Hume, Traité de la nature humaine, 1740. « On peut généralement définir [les passions comme] des perceptions, ou des sentiments, ou des émotions de l'âme, qu'on rapporte particulièrement à elle, et qui sont causées, entretenues et fortifiées par quelque mouvement des esprits. « Descartes, Les Passions de l'âme, 1649.Les passions illustrent à merveille les interactions entre l'âme et le corps. Elles résultent en effet, selon Descartes, de l'influence sur l'âme des « esprits animaux «, lesquels sont composés des parties les plus subtiles et les plus agitées du sang. Ces «esprits «, qui sont de nature entièrement corporelle, agissent sur l'âme, alors en proie aux passions. « J'appelle ici passions toutes les émotions que l'âme ressent naturellement à l'occasion des mouvements extraordinaires des esprits animaux.

• Bien saisir que la question posée relève de trois « perspectives « possibles : métaphysique, morale, juridique. • Distinguer l'« avant «, le « pendant «, l'« après «. • Analyser rigoureusement ce que l'on peut entendre par « passion «. • Ne pas oublier que la dissertation doit rester centrée sur la question précise posée : les risques d' « éclatement « et de « récitations « de connaissances même bien assimilées sont grandes ici.

« ce qu'il faut désirer.Pour Spinoza, le « désir aveugle » est également la servitude aux causes extérieures.

La condition naturelle deshommes est de ne pas être responsables de leurs désirs, mais leur tâche est de le devenir par l'usage de la raison.Le thème de la libération reste donc malgré tout présent, ce qui signifie bien que si certains désirs nous sontimposés, nous gardons toujours la possibilité – et dès lors la responsabilité – de nous en arracher pour devenir libres. III.

Être libre, c'est être responsable de ses désirs.

Il faut non seulement faire apparaître ce processus de libération,mais aussi et surtout envisager le problème d'un point de vue moral pour analyser la notion de « responsabilité ».Spinoza montre que ce processus de libération n'est autre que le développement de la connaissance, c'est-à-direl'action de la raison par laquelle nous agissons conformément à notre nature et augmentons ainsi notre puissanced'agir.

Le sage est celui qui est entièrement responsable de ses désirs au sens où tous découlent nécessairement desa propre essence, et non plus des causes extérieures.Mais s'il faut rendre nos désirs conformes à la raison, c'est parce que, montre Kant, seul le libre arbitre décide desatisfaire ou non un désir.

Le désir est donc de l'ordre du fait, nous n'en sommes pas responsables car il est lasimple expression de la nature en nous.

Mais son accomplissement est du ressort de notre responsabilité, donc denotre liberté sans laquelle elle n'a aucun sens.Connaissant cela, on peut néanmoins, avec Kant, penser (sur le mode du « comme si ») un « plan caché de lanature » par lequel l'homme est amené à instaurer le droit : tout se passe en effet « comme si » le caractèreégoïste des hommes et leurs désirs insatiables, combinés à la nécessité pour eux de vivre en société (« l'insociablesociabilité »), était là pour les forcer à progresser vers le règne du droit.

Ce qui confirme que le désir est bien un faitde nature dont nous ne sommes pas responsables, mais que nous sommes à l'inverse entièrement responsables dece nous en faisons.pluralité de vérités, hiérarchisées ou non.

En examinant soigneusement la formule : « doit-elle », on voit qu'il s'agitici plutôt d'un questionnement sur la nature propre à la foi (la logique qui lui est inhérente) que d'une interrogationd'ordre juridique ou même moral (sur le devoir de tolérance ou d'intolérance). « L'homme est libre; sans quoi conseils, exhortations, préceptes, interdictions, récompenses et châtimentsseraient vains.

» Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique, 1266-1274. Si l'homme n'est pas doué du libre arbitre, il ne peut être tenu responsable de ses actes.

Quel sens y aurait-il àpunir ou à récompenser quelqu'un qui ne pouvait agir autrement qu'il ne l'a fait? « Qui lance une pierre ne peut plus la rattraper.

Toutefois, il était en son pouvoir de la jeter ou de la laissertomber, car cela dépendait de lui.

Il en va de même pour les hommes qui pouvaient, dès le début, éviter de devenirinjustes et débauchés; aussi le sont-ils volontairement; mais une fois qu'ils le sont devenus, ils ne peuvent plus nepas l'être.

» Aristote, Éthique à Nicomaque, Ive s.

av.

J.-C. « L'homme est condamné à être libre.

Condamné, parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, et par ailleurs cependantlibre, parce qu'une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu'il fait.

» Sartre, L'existentialisme est un humanisme, 1946.L'homme est « condamné à être libre », parce qu'il ne peut échapper au devoir de se réaliser lui-même, de se faireêtre ce qu'il est. « Jamais nous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande.

» Sartre, «La République du silence», 1944.Cette affirmation paradoxale, comme on s'en doute, a fait couler beau coup d'encre.

Comment peut-on se déclarer «libre » quand on est asservi, torturé, déporté, humilié ? Provocation gratuite ? Non, Sartre veut dire que la libertéest toujours une conquête, et d'abord une conquête sur soi-même.

Il est facile de se dire « responsable » quand onest loin des combats ; c'est au contraire dans les « situations limites » (l'occupation allemande, par exemple), quandtoutes les libertés nous ont été ôtées, que notre liberté de choisir (ici, entre collaboration et résistance) prend toutson sens et toute sa dimension. « Si l'on a conçu les hommes "libres", c'est à seule fin qu'ils puissent être jugés et condamnés, afin qu'ils puissentdevenir coupables.

» Nietzsche, Crépuscule des idoles, 1889. « On peut généralement nommer passions toutes les pensées qui sont [...] excitées en l'âme sans le secours desa volonté.

» Descartes, Lettre à Elisabeth, 6 oct.

1645. « Tout ce qui n'est point action est passion.

» Descartes, Lettre à Elisabeth, 6 oct.

1645.. »

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