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La souffrance est-elle sacrilège?

Publié le 01/04/2005

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On retrouve l'idée de souffrance dans la philosophie orientale (indienne), notamment dans les Upanishad. Chaque individu a le devoir de vivre en accord avec son dharma (loi éternelle du monde, mesure de l'agir de l'homme) en remplissant les devoirs qui lui incombent, conformément à sa situation sociale. A l'époque des Upanishad s'accomplit un retournement pessimiste des valeurs de l'existence humaine. Celle-ci est envisagée sous sa dimension souffrante et éphémère. Une souffrance toujours renouvelée naît dans la perpétuelle alternance de la mort et de la naissance. Les biens extérieurs de la vie apparaissent sans valeur, comparés à l'immuable Brahman (principe de tout être, essence du monde qui pénètre tout). Ainsi doit apparaître le voeu de délivrance (moksha), qui doit libérer du cycle des réincarnations. Mais comme les actions sont causes et liens des réincarnations, même les actions les meilleures ne peuvent conduire à la délivrance. Le chemin véritable est donc l'abstention de toute action et de tout désir (ascèse). La souffrance s'arrête au moment où le sujet a la perception suprême et intuitive de l'essence infinie du Brahman.

On pourrait distinguer plusieurs types d’attitudes face à la souffrance : 1) révolte contre l’injustice qu’elle constitue ; 2) résignation devant ses effets ; 3) exaltation de la valeur salutaire d’une épreuve devenue désirable. Mais qu’elle soit supportée, affrontée ou voulue, tel un sacrifice, toute souffrance ne participe-t-elle pas d’une souffrance originaire et commune : la simple souffrance d’exister ? Alors, le fait d’exister n’est-il pas le fait le plus opposé à ce qui ne souffre jamais, à savoir Dieu ? Depuis longtemps la souffrance est justifiée du fait que l’homme habite un monde où ne réside que l’inessentiel. L’homme se cherche et ne se trouve pas. Il doit ainsi faire l’effort de s’unir à l’absolu à travers cette expérience intime qu’est la souffrance. La souffrance est donc la marque propre du profane qui cherche un sens sacré à son existence.    

« l'indique Schopenhauer , d'ailleurs très influencé par les Upanishad , même si la volonté tend à la satisfaction et à l'accomplissement, l'un comme l'autre demeurent vains dans le monde.

Aucunesatisfaction ne dure et l'effort ne trouve son terme dans aucun but.

Lamesure de la souffrance est inépuisable et croît avec la conscience.

C'estseulement dans la contemplation artistique des idées que la volonté trouve unrepos éphémère.

Il suit de cette connaissance deux dispositions à l'égard dela vie : soit on affirme la volonté, et l'homme prend la vie telle qu'elle est, entoute connaissance de cause ; soit on nie la volonté, ainsi on cherche àsurmonter la souffrance par l'extinction de l'élan vital.

Ce dernier chemincaractérise les ascètes indiens et chrétiens (cf.

Le monde comme volonté et comme représentation ). II.

La souffrance de l'homme a.

L'homme, l'existant, est jeté dans un monde qui a déjà des règles.

Il s'habitue à vivre dans la quiétude assoupie de conditions extérieures qui luisemble aller de soi.

Il a besoin d'une impulsion particulière qui le confronte àsa propre existence.

Cette impulsion est fournie par la confrontation à dessituations limites : la mort, le combat, la souffrance, la faute.

K.

Jaspers montrera que grâce à ces situations limites l'existant se rend compte de sonattachement à l'inessentiel, aux conditions extérieures superficielles.

L'hommeest ainsi radicalement rejeté sur lui-même.

L'existant aura donc à secomprendre lui-même à travers l'autre, et tenter de se délivrer de sesattaches à l'inessentiel dans la transcendance.

La souffrance est ici un moyen de se dégager du monde profane, etd'entrer dans la quête de soi (cf.

La Philosophie , 1932).

A.

Camus , de son côté, montrera que chacun a à prendre sur soi la souffrance d'un monde sans signification et sans Dieu.

Le personnage principal du roman La Peste s'emploieà cette tâche.

b. Le psychanalyste Otto Rank a présentait le caractère originairement souffrant de l'individu.

Il affirme ainsi que la naissance, ainsi que la séparation d'avec la mère, sont les deux situations qui donneront à l'enfant ses premièresangoisses.

Ces angoisses seront alors à la base de toute souffrance ultérieure.

Freud reprendra cette idée et montrera avec l'inconscient que tous les symptômes pathologiques des sujetsremontent d'un « trauma » antérieur qui a été refoulé dans l'inconscient.

Ainsil'homme est fondamentalement marqué, et ce dès le début de sa vie, par unesouffrance inextirpable.

Conclusion La souffrance, dans les religions, semble être une condition importante enl'homme puisqu'elle lui permet d'approcher le divin.

Il n'y a de souffrancevéritable, éternelle, que pour les infidèles et les méchants, qui périrontéternellement dans les feux de l'enfer (cf.

la Bible et le Coran ).

Cependant, il apparaît que la souffrance est omniprésente dans la vie de l'homme, et celui-ci a à affronter l'existence afin de mieux l'appréhender.

Ainsi la souffranceparaît toujours bénéfique puisqu'elle est la marque insigne de l'épreuve de lavie : « tout ce qui ne tue pas nous fortifie » ( Nietzsche ).. »

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