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Spinoza et le spinozisme

Publié le 22/12/2009

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spinoza

Né le 24 novembre 1632 à Amsterdam — mort de tuberculose le 20 février 1677, Spinoza pense et écrit dans des conditions assez exceptionnelles pour son temps. Les Pays-Bas ont conquis leur indépendance contre les Espagnols. A la mort du stathouder Guillaume II d'Orange en 165o, un gouvernement relativement libéral s'établit, dominé par la haute figure du Grand Pensionnaire Jean de Witt (qui sera assassiné en 1672 au grand désespoir de Spinoza). Pendant vingt ans le pays — officiellement calviniste — connaît une certaine liberté religieuse (en Hollande même le diable pourrait fonder une secte dit une maxime de ce temps ! ) et surtout une grande prospérité économique. La Banque d'Amsterdam est la plus active du monde. La flotte de commerce compte plus de navires que la France, l'Espagne et l'Angleterre réunies. D'où l'essor de la technique, de la science ; ajoutons la diffusion du cartésianisme à l'université d'Utrecht.  Baruch Spinoza reçoit l'éducation juive traditionnelle, apprend l'hébreu, étudie la Bible et le Talmud, mais suit également — à l'école du médecin Van den Ende — des cours de français, de latin, de mathématiques. Bien vite son indépendance d'esprit le fait excommunier par la synagogue pour « effroyables hérésies « le 27 juillet 1656. Il va mener alors une vie solitaire — dans des chambres meublées, dans la banlieue de Leyde et finalement à La Haye. Pour vivre, il fabrique des lentilles de télescope — un artisanat à la pointe de l'actualité scientifique et technique. Il publie en 1663 un petit manuel cartésien Principia philosophiae cartesianae, qui le rend célèbre. Il refusera pour préserver sa paix et sa liberté une chaire offerte dix ans plus tard par l'Électeur Palatin. Il publie anonymement en 167o un Traité théologico-politique qui est à la fois un essai d'exégèse biblique rationaliste et un manifeste en faveur de la liberté religieuse. L'anonymat est vite découvert, l'ouvrage vivement critiqué par les chrétiens de toutes les sectes. Spinoza comprend alors que les hommes de son temps ne sont pas encore mûrs pour accepter sa philosophie. Il n'imprimera plus rien de son vivant. Mais dès 1677 un homme courageux le libraire Rieuwertz publiera les oeuvres posthumes : L'Ethique, un Traité politique inachevé, la Réforme de l'entendement (inachevée également) et un recueil de Lettres. On devait trouver encore, un siècle plus tard, une Ethique en hollandais, version juvénile de l'Ethica, connue aujourd'hui sous le nom de Court traité sur Dieu, l'homme et la santé de son âme.

FICHES DE LECTURE :
  1. BARUCH SPINOZA : ETHIQUE
  2. BARUCH SPINOZA : TRAITE DE LA REFORME DE L'ENTENDEMENT
  3. BARUCH SPINOZA : TRAITE POLITIQUE
  4. BARUCH SPINOZA : TRAITE THEOLOGICO-POLITIQUE

spinoza

« entière, et même s'il existait un bien si parfait que l'ayant découvert et acquis pour l'éternité et sans interruption iljouirait au plus haut point de la joie».La connaissance est donc chez Spinoza subordonnée au salut.

Mais il faut ajouter tout de suite que la connaissancerationnelle est l'unique moyen du salut, que seule la raison peut nous permettre de jouir du bien absolu, qui chezSpinoza se confond avec l'Être en sa plénitude.

Spinoza rejette deux formes inférieures de connaissance — pleinesd'erreurs — la connaissance par ouï-dire fides ex auditu qui m'asservit à un témoignage peut-être trompeur, laconnaissance par expérience fondée sur mes sens qui bien souvent m'abusent.

La connaissance rationnelle procèdepar déduction mais la valeur de la déduction repose finalement sur une intuition rationnelle qui la fonde.

Cetteintuition du vrai est une lumière qui trouve sa garantie dans sa propre clarté intrinsèque : savoir, c'est savoir qu'onsait.

Ainsi le vrai est-il à lui-même son propre critère : verum index sui.

Pour Spinoza, la connaissance est donc deplain-pied avec l'Être.

La connaissance vraie, la connaissance authentique d'une essence est une participation àDieu « Pour Spinoza il n'y a pas d'humble vérité » (Darbon) : la pensée de l'homme quand elle est vraie s'identifieavec la pensée de Dieu.

De même, la pensée divine s'identifie avec l'action divine : tout ce que Dieu pense il leproduit : en Dieu la puissance de penser et la puissance de faire coïncident.

Ainsi lorsque l'homme a des idéesclaires, il s'identifie par la pensée à l'acte divin lui-même, il n'y a pas de différence entre la vérité et la réalité. C.

- DIEU ET LA NATUREDe toutes les idées, l'idée de Dieu est la plus riche, la plus pleine.

Il faut donc partir de Dieu lui-même pourcomprendre toutes choses.

Si l'on en croit le témoignage de Tschirnhaus, Spinoza a dit : «les philosophes ordinairescommencent par les créatures, Descartes par l'Esprit, mais moi par Dieu ».L'éthique tout entière n'est en quelque sorte qu'une vaste preuve ontologique.

On part de l'idée de Dieu pourcomprendre tout le reste.Le premier livre de l'Ethique traite de Dieu.

Le Dieu de Spinoza prête à discussions : Pierre Bayle dans sonDictionnaire philosophique dit que Spinoza est un « athée de système ».

Mais le grand poète romantique allemandNovalis saluera plus tard en Spinoza « un penseur ivre de Dieu ».

Ce que rejette Spinoza c'est un Dieu personnel,créateur, un dieu que l'on pourrait prier, dont le libre arbitre déciderait de nous punir et de nous récompenser.

PourSpinoza, Dieu ne nous aime ni ne nous punit, Dieu ne conçoit pas des buts, Dieu n'est pas une personne.L'appendice au livre I de l'Éthique groupe tous les arguments de Spinoza contre la religion révélée.Spinoza est panthéiste : Tout ce qui existe, tout ce qui peut être conçu, entre nécessairement dans l'une des troisdéfinitions énoncées au début du livre I de l'Éthique : « J'entends par substance ce qui est en soi et conçu par soi,c'est-à-dire ce dont le concept peut être formé sans avoir besoin du concept d'une autre chose.

J'entends parattribut ce que la raison conçoit dans la substance comme constituant son essence.

J'entends par modes lesaffections d'une substance, autrement dit ce qui est dans une autre chose, par le moyen de laquelle il est aussiconçu ».

Puisque la substance est cause de soi (idée directement dérivée de l'argument ontologique cartésien) elleest nécessaire, infinie, donc unique (il y aurait contradiction dans l'idée de deux infinis infiniment infinis ! ).

Il nesaurait donc y avoir d'autre substance que Dieu et tout le reste ne peut exister ni être conçu, que comme attributou mode de cette substance unique.Les attributs sont les aspects sous lesquels la substance peut se représenter : ils sont en nombre infinis mais nousn'en connaissons que deux l'étendue et la pensée.

Les modes ont leur explication non en eux-mêmes, comme lasubstance, mais en la substance elle-même.

Somme toute, les modes sont l'équivalent dans le système panthéistede ce que sont les créatures dans la théologie traditionnelle.Ils sont des parties de Dieu, non des créatures de Dieu.

L'ensemble des modes constitue ce que nous appelons lemonde ou nature naturée par opposition à l'ensemble substance-attributs que Spinoza appelle nature naturante.Dieu est la cause du monde mais cela ne doit pas s'entendre comme si Dieu était étranger au monde et le façonnaitde l'extérieur.

Spinoza reprenant la terminologie scolastique dit que Dieu est cause immanente et non transitive.

Lacause transitive est celle qui modifie son objet (par exemple la division).

La cause immanente reste tout entièredans le sujet et ne modifie pas son objet (par exemple la vision) Dieu est cause immanente.

Il n'est donc pas commeun sujet qui, de l'extérieur, modifie un objet.

Autrement dit le monde contient en lui-même la raison de tout ce quis'y passe.

Dieu n'est pas transcendant (extérieur et supérieur) au monde.

Il est le monde lui-même. D.

- L'HOMME ET LA MORALEL'homme n'est pour Spinoza qu'une petite partie de la nature.

Il est un mode fini de la substance infinie : nouspouvons nous le représenter sous deux aspects, sous deux attributs de la substance : un corps, c'est-à-dire untout petit fragment de l'étendue infinie, une âme, parcelle infime de la Pensée infinie.Comme tous les êtres de la nature, l'homme se propose de «persévérer dans son être», c'est-à-dire d'augmenter sapuissance.

Mais n'oublions pas que ce mode fini que je suis est enserré par tous les autres modes finis, prisonnier decette chaîne de causes et d'effets « concatenatio omnium rerum ».

Nous sommes des êtres finis et faibles dans lanature et nous sommes d'abord esclaves.

La joie qui exprime l'accroissement de notre pouvoir est plus rare dans lavie que la tristesse qui reflète la diminution de notre puissance, écrasée par les forces aveugles de l'univers.

« Noussommes agités de bien des façons par les causes extérieures et pareils aux flots de la mer, agités par les ventscontraires nous flottons inconscients de notre destin ».Quelle morale Spinoza va-t-il proposer à cet homme pitoyable ? Puisqu'il n'a pas le libre arbitre, ce pouvoir d'initiativeradicale qui, dit-on,nous fait mériter ou pécher, à quoi bon lui inculquer des obligations, le soumettre à des interdits? Aussi bien la morale de Spinoza n'est-elle pas une morale du devoir.

Spinoza ne nous demande rien que nous nevoulions déjà naturellement.

Nous voulons tous être puissants, nous voulons tous être heureux, mais dans notrepremier état nous n'y parvenons pas.

Spinoza ne prétend pas — dans son Éthique —nous donner autre chose que laclef de la puissance et de la joie.L'homme est d'abord un esclave parce qu'il vit dans l'ignorance.

Mon corps, petit morceau d'espace, est menacé partous les autres fragments de l'étendue.

Mon âme qui n'est pas autre chose (à cause du parallélisme des attributs). »

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