Le stoïcisme et l'indifférence
Publié le 17/11/2011
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Le stoïcisme a été la plus importante doctrine occidentale. Elle se répandit en Grèce après Alexandre, puis elle domina la pensée romaine, jusqu'à l'avènement du christianisme. Alors que l'hédonisme et le cynisme évoluèrent peu, le stoïcisme a subi plusieurs métamorphoses au cours de sa longue histoire: ce fut d'abord un prolongement du cynisme, et enfin une forme d'idéalisme platonicien. Ces changements ont affecté surtout les aspects métaphysiques et logiques du stoïcisme, tandis que la morale stoïcienne est restée plus stable. Aussi, on exposera cette morale comme une doctrine fixe.
«
d'examiner comment se passer de lamentations et de plaintes, et cesser
de dire: malheur sur
moi.»
Epictète nous recommande donc les bonnes habitudes, comme *Platon
avant lui.
Mais ces pratiques sont chez Epictète des moyens en vue d'une
fin inattendue: l'indifférence à notre sort.
Celui qui agit peut-il vraiment
être indifférent? Autre difficulté: Epictète veut ici qu'on soit détaché
des biens sociaux.
Mais lui-même
n'a pu si bien grimper l'échelle sociale
en lui étant indifférent.
Alors, il y a dans le stoïcisme une apparente
contradiction entre ce qu'on fait et ce qu'on dit ressentir; nous allons
voir
que cette contradiction est au cœur de la doctrine stoïcienne.
L'indifférence, c'esi la liberté.
Les stoïciens croyaient que notre bien
et notre mal sont dans notre attitude face à notre vie.
Le monde engen
dre les circonstances
qui nous assaillent, la société peut nous emprison
ner,
nous torturer et nous mettre en esclavage; mais néanmoins, si on
peut être indifférent à ces faits, le monde n'aura pas pouvoir sur notre
bien.
Epictète l'exprimait en disant que la *vertu, ou l'amour du bien,
est dans
notre volonté, que seule la volonté est bonne ou mauvaise: Si
un homme a de la *volonté, c.a.d s'il est capable de maintenir ses aspi
rations malgré les circonstances, sa personalité ne sera pas victime des
péripéties de son existence.
Un homme ainsi indifférent est un homme
libre: il n'est plus attaché aux faits extérieurs.
*L'indifférence libère ses
sentiments des circonstances,
et ainsi même les désordres les plus péni
bles
n'ont pas d'influence sur son état moral.
En effet, le *bien et le mal
sont notre manière d'apprécier les circonstances, et si nous savons disci
pliner nos sentiments,
nous trouverons le bien en toutes circonstances.
Manifestement, ces thèses morales
sont ambigües, puisqu'on ne sait
pas très bien si elles
concernent ce que nous faisons, ou seulement ce que
nous pensons.
En fait, on ne peut comprendre la morale des stoïciens
sans leur
métaphysique: Le système du monde stoïcien est prédéterminé,
c.a.d
que tous les évènements seraient inévitables car fixés à l'avance,
rien n'arriverait au hasard, tout évènement serait lié nécessairement aux
autres faits.
Alors, on fait bien de reconnaître cette prédestination et de
mettre' notre volonté en accord avec les faits.
En pratique, on devra
apprendre à accepter notre sort, et comprendre que tout fait partie d'un
Plan qu'on ne peut · modifier.
Celui qui reconnaît que les évènements
doivent avoir lieu, évitera le désappointement, la colère, ' le désir de des
truction, qui suivent toute tentative infructueuse contre les lois de la
réalité.
Celui
qui comprend cela devient *libre, car il n'est plus l'esclave
d'une lutte inutile contre les faits.
De la sorte, l'homme réussit à maîtri
ser ses désirs
et ses passions.
Il y a
une différence ~portante avec le cynisme: Les *cyniques se
sentaient eux aussi impuissants à empêcher l'évolution de leur société..
»
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