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Subjectivité de l'historien ?

Publié le 15/02/2004

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 » Au contraire, notre siècle est beaucoup trop historique pour se permettre d'être objectivement historien. Le mot histoire aurait communément évoqué, il y a cent ans, dans un test associatif, les mots archives,  documents, bibliothèque, tandis que pour nous il évoquerait : révolution, torture, bombes atomiques. On comprend dès lors que Marrou puisse écrire : « L'histoire est la réponse... à une question que pose au passé mystérieux la curiosité, l'inquiétude, certains diront l'angoisse existentielle. »         Mais sans vouloir minimiser cette découverte contemporaine de la subjectivité historique, il nous reste à l'interpréter. Loin d'en tirer parti pour rejeter l'idéal d'objectivité rationnelle formulé (en termes peut-être trop étroits) par Langlois et Seignobos, nous la mettrions volontiers au service de l'idéal rationaliste. La prise de conscience des difficultés extrêmes de l'objectivité en histoire est pour l'historien une invitation à redoubler de précautions, une mise en garde contre lui-même. La prise de conscience de la subjectivité peut alors être considérée comme un moment dans la conquête de l'objectivité. Si  Langlois & Seignobos n'ont pas soupçonné toutes les difficultés de la tâche, n'ont pas reconnu tous les pièges de l'irrationnel, nous ne dirons pas qu'ils furent trop rationalistes mais  qu'ils ne le furent pas assez. Et si toute perspective historique (comme chacune des géométries possibles) implique inévitablement un système de postulats, en « explicitant autant qu'il le peut ses postulats », l'historien accomplit un progrès vers la rigueur scientifique.

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