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Suffit-il d'etre conscient pour etre libre ?

Publié le 10/07/2005

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Entrelacée à la notion de responsabilité dans le choix, la question de la liberté se pose dès les origines de la philosophie (“ Le mythe d’Er ” de Platon). Dans son sens moral, la conscience est ainsi enracinée dans l’interrogation du sens de la liberté. Mais ce n’est qu’avec Descartes, et plus précisément les empiristes anglo-saxons, que se constitue le concept de conscience dans sa dimension épistémique.

Au niveau étymologique, conscience signale un redoublement de soi sur soi, une ré-flexion. Ici réside le nœud de la problématique : la conscience qui est retournement de soi sur soi de l’esprit aboutit à une certaine connaissance (morale ou connaissance au sens propre) ; or, la connaissance se caractérise par sa détermination régulière et causale : comment donc penser l’articulation de la détermination avec ce qui par définition négative semble être à la causalité, la liberté ?

La formulation de l’énoncé repose sur un présupposé d’importance : la dimension continue, et donc la possible progression de la liberté et de la conscience (“ d’autant plus (…) qu’on est plus ”). Continuité et rupture doivent donc être interrogées dans la relation de la liberté à la conscience.

« les hommes se vantent d'avoir et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs, etignorants des causes qui les déterminent." Spinoza, dénonçant l'absurdité du dualisme cartésien (corps / esprit), pose la question du rapport entredétermination et la liberté à partir d'une conception unitaire de l'homme.

La conscience se définit comme unepropriété physique de l'idée qui toujours se réfléchit : la conscience est donc dérivée de l'idée.

Elle n'a ainsi aucunpouvoir propre mais dépend de l'adéquation de l'idée dont elle est dérivée.

Son principe régulateur est de tendre àl'adéquation en réduisant l'inconscience et d'assurer par là même l'efficacité de la volonté par la connaissance descauses de l'affect. La liberté croît alors relativement au développement de la conscience comme savoir des causes et caractères del'affect.

La conscience, qui n'est pas chez Spinoza une propriété morale du sujet, est conscience de ladétermination.

La conscience de la détermination permet l'intensification physique l'essence du mode humain : saliberté consiste en la conscience de l'illusion que constitue la liberté (au sens de l'absolument non-déterminé). II.

Conscience contre conscience : les illusions (empirisme anglo-saxon) La compréhension de la conscience est non-inconscience progressive au principe de la liberté (Spinoza) est encoreexacerbée par l'empirisme anglo-saxon.

Chez Hume, ce sont des impressions sensibles que jaillissent spontanémentles idées, elles-mêmes conditions de la réflexivité.

Le sujet est ainsi confiné à la passivité : sujet sans je, c'est-à-dire sans substance pérenne puisqu'il n'est que flux d'impressions passagères, sa liberté n'est que l'illusion ignorantl'uniformité de la continuité causale. L'augmentation de la conscience ou de la réflexion sur la constitution de la conscience elle-même dénonce ainsi lapossibilité d'une conscience qui soit au principe de la liberté : le sujet n'étant pas une unité substantielle, laconscience n'augmente pas la liberté mais désigne son inexistence – l'inconscience ou l'irréfléchi peuvent seulsencore donner l'illusion de la liberté. III.

Dualité restituée (Kant) Mais en assurant la primauté de l'inconscience dans l'illusion de la liberté, lesujet est déconstitué, ou ne se réduit qu'à sa dimension empiriquecausalement déterminée.

Ceci semble repose sur le postulat d'une unicité dusujet qui, bien qu'explicable empiriquement, ne saurait confondre l'intimité dusentiment irréductible de liberté dans la propre conscience. Pour Berkeley, la conscience, se fondant en la distinction que l'on éprouve desoi envers ses propres idées, est ce qui garantit la saisie de soi commecause libre.

Prenant une inflexion pratique, l'acception d'une conscience qui,par la connaissance de soi, se conçoit comme principe de l'agir, introduit lapossibilité de penser un sujet distinct de sa détermination empirique causale. Avec Kant s'explicite la possibilité de l'existence de deux types de sujet.

Lesujet auquel l'accès est donné dans la réflexion consciente n'est appréhendéque dans son caractère empirique tributaire des structures a priori de notre subjectivité informant le réel.

Mais ce qui même est au principe del'information du réel, et donc de la possibilité de saisir le moi empiriquementdéterminé, le sujet transcendantal, se soustrait lui-même à la possibilité d'être rendu conscient (au sens de connaissance de soi).

Opposé à l'acception épistémique du terme, la consciencemorale de Kant est le principe de la liberté.

Etant principe, elle ne peut croître ni diminuer (ce qui n'a de sens quel'acception épistémique du terme de conscience opposé à l'inconscience) : la conscience n'ayant pas de contrairequi progressivement serait à diminuer, la liberté ne s'augmente ni ne diminue – elle est. Conclusion - Accepter la notion de conscience dans sa dimension épistémique réflexive conduit à la négation de la liberté en ce qu'elle ne donne accès au sujet empiriquement déterminé. - Mais nier la liberté, si l'argumentation convainc par cohérence, ne saurait contraindre la certitude du sentiment du cœur (Rousseau) que l'on éprouve de son intime liberté. - La détermination épistémique de la conscience est ce qui permet, par la négative, d'accéder à une nouvelle compréhension de la conscience qui se soustrait à la possibilité d'être expliquée empiriquement : elle est leprincipe de la liberté, d'une liberté qui ne peut s'éprouver empiriquement, d'une liberté transcendantale.. »

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