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Suis-je capable de vouloir du bien à autrui ?

Publié le 19/01/2004

Extrait du document

Il affirme alors que la raison pure est pratique par elle seule et nous donne la loi morale. Celle-ci nous est donnée sous la forme d'un impératif, puisque nous sommes des êtres finis, c'est-à-dire imparfaits : « Agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse en même temps toujours valoir comme principe d'une législation universelle ». L'impératif ne nous dit pas ce qu'est le bien universel. Il ne nous dit même pas quel doit être le contenu de notre action, mais nous dit quelle forme doit prendre la maxime de notre action : le critère ici donné est la possibilité d'universaliser la maxime. Autrement dit, notre action à l'égard d'autrui doit prendre la forme de l'universel. L'universalité est formelle. Dans notre perspective, l'universalité de la norme ne sera donc pas l'universalité d'un contenu de la norme, universalité qui est en réalité impossible à atteindre, comme nous l'avons montré. En revanche, l'universalité peut être obtenue par la forme même de la norme à laquelle nous nous référons. Le critère devient : pour faire du bien à autrui, alors peu importe la norme à laquelle je me réfère, il faut que celle-ci soit universelle.     III - Puis-je vouloir le bien d'autrui de manière désintéressée ?

Analyse du sujet :

 

  • Les notions les plus importantes du sujet sont le bien et autrui
  • Le bien, comme le bon et le beau, est un concept d’appréciation positive.
  • Le bien ou le bon n’ont, dans l’emploi courant de ces termes, pas de contenus indépendamment d’une norme. Un bon couteau est un couteau qui remplit sa fonction : couper. Une action n’est pas bonne en-soi mais seulement au regard de normes éthiques. Aussi le bien peut-il désigner la perfection, le bonheur, etc.
  • Les champs dans lesquelles la notion joue sont donc en premier lieu l’éthique, la morale, la politique.
  • Si le bien varie avec les normes auxquelles les communautés humaines, ou même chaque homme, se réfèrent, il définit alors un certain mode de vie, une conception de l’existence.
  • Autrui se caractérise par son altérité : il est l’autre que je ne suis pas. Pourtant, il est mon semblable et ne m’est par conséquent pas absolument différent.
  • Le rapport à autrui prend diverses formes : partage d’un même monde, pratique en commun d’activités, dialogue, etc.
  • La notion prend sens dans les champs éthiques et politique, mais également en philosophie du langage, dans la mesure où le problème de la communication ne se pose précisément que parce qu’autrui est autre que moi.

 

Problématisation :

 

Nous avons dit, d’une part qu’autrui était autre que moi-même, d’autre part que le bien supposait une norme à laquelle se référer. Autrui peut donc se donner une norme différente de la mienne et vouloir un bien pour moi qui n’est pas le même que celui que je veux pour lui. Nos conceptions du bien peuvent donc entrer en conflit : autrui pourra même dire que le bien que je lui veux est pour lui un mal. Mais y a-t-il alors un bien ? Le problème peut se formuler ainsi :

I – Comment s’assurer que c’est le bien d’autrui que je veux ?

Le second problème concerne le fait même de vouloir le bien pour autrui : il présuppose que nous n’agissions pas par intérêt propre mais justement dans l’intérêt d’autrui. Est-ce seulement possible ?

II – Puis-je vouloir le bien d’autrui de manière désintéressée ?

« Kant, dans la Critique de la raison pratique , apporte une réponse à la question « que dois-je faire ? ».

Le problème est celui de la fondation dudevoir.

Il affirme alors que la raison pure est pratique par elle seule et nousdonne la loi morale.

Celle-ci nous est donnée sous la forme d'un impératif,puisque nous sommes des êtres finis, c'est-à-dire imparfaits : « Agis de tellesorte que la maxime de ta volonté puisse en même temps toujours valoircomme principe d'une législation universelle ».

L'impératif ne nous dit pas cequ'est le bien universel.

Il ne nous dit même pas quel doit être le contenu denotre action, mais nous dit quelle forme doit prendre la maxime de notreaction : le critère ici donné est la possibilité d'universaliser la maxime.Autrement dit, notre action à l'égard d'autrui doit prendre la forme del'universel.

L'universalité est formelle.

Le devoir est une loi de la raison. «Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne quedans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin etjamais simplement comme un moyen.» Kant, Fondements de la métaphysiquedes moeurs (1785). • L'impératif catégorique de Kant est distinct du commandement christique quant à son fondement.

En effet le commandement d'amour du Christ vient de l'extérieur et est fondé sur uncommandement antérieur qui prescrit l'obéissance inconditionnelle au Christ.

L'impératif kantien vient, lui, de laraison.

C'est en nous-mêmes que nous le trouvons, comme une structure de notre propre esprit, qui fonde notremoralité.• Que ce soit un «impératif» ne signifie pas que nous soyons contraints à nous y plier, mais il est en nous commeune règle selon laquelle nous pouvons mesurer si nos actions sont morales ou non (d'où la «mauvaise conscience»).• Il se distingue aussi par sa portée.

En effet, traiter les autres «comme une fin» ne signifie pas nécessairement les«aimer».

C'est à la fois moins exigeant, car il s'agit «seulement» de les respecter, en reconnaissant en eux la dignitéhumaine.

Mais c'est aussi plus exigeant, car il faut maintenir le respect même quand on n'aime pas! C'est là que le«devoir» est ressenti comme tel.

Dans notre perspective, l'universalité de la norme ne sera donc pas l'universalité d'un contenu de la norme,universalité qui est en réalité impossible à atteindre, comme nous l'avons montré.

En revanche, l'universalité peutêtre obtenue par la forme même de la norme à laquelle nous nous référons.

Le critère devient : pour faire du bien àautrui, alors peu importe la norme à laquelle je me réfère, il faut que celle-ci soit universelle.

III – Puis-je vouloir le bien d'autrui de manière désintéressée ? Nous abordons le second aspect de la question : la possibilité même de vouloir le bien d'autrui.

Est-ce en effet lebien d'autrui que nous voulons ou alors n'est ce pas toujours notre propre bien que nous cherchons ? Lorsque parexemple, nous faisons un don à une oeuvre caritative, est-ce vraiment de manière désintéressée ou alors s'agit-ild'avoir la conscience tranquille ? Ce que nous mettons en doute, c'est la possibilité de faire le bien d'autrui.

Pourque le bien soit véritablement celui d'autrui et pas le mien, il faut qu'il soit possible d'agir de manière désintéressée.A nouveau, Kant est éclairant sur ce point dans la Critique de la raison pratique .

Il s'appuie sur le fait suivant : nous ne pouvons pas ne pas comparer notre action à ce que prescrit la raison pratique.

Autrement dit nous savonstoujours si nous avons bien ou mal agit et nous pouvons toujours nous dire que nous aurions pu agir autrement.

Celasignifie que nous ne sommes pas esclaves de nos penchants qui nous poussent à agir dans notre intérêt propre maissommes au contraire libres d'agir conformément à la forme de la loi morale.

Dans les Fondements de la métaphysique des moeurs , il précise cependant qu'il n'y sans doute jamais eu aucune action bonne en ce monde. On ne sait pas si l'action bonne est possible, on est seulement sûr que la volonté peut être bonne.

Conclusion : La perspective kantienne nous permet de répondre de manière nuancée à la question posée : il nous est possible devouloir le bien d'autrui, puisque notre volonté peut être bonne en adoptant la forme de l'universel.

En revanche, rienn'indique que nous ayons jamais fait réellement le bien d'autrui.

Mais si la volonté peut être bonne, alors cela signifietout de même que nous responsables de nos actes, et que jamais nous ne pouvons utiliser le prétexte despenchants personnels pour justifier une action mauvaise.

Nous pouvons faire le bien et sommes responsables de nosactions parce que nous sommes libres.. »

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